Transfert du dernier groupe de réfugiés kurdes iraniens depuis un camp exposé au danger en Iraq
Transfert du dernier groupe de réfugiés kurdes iraniens depuis un camp exposé au danger en Iraq
GENEVE, 10 novembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué jeudi avoir commencé le transfert des 2 000 réfugiés kurdes iraniens présents dans un camp créé il y a plusieurs dizaines d'années en Iraq, qui a subi de nombreux incidents de sécurité depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003.
Le camp d'Al Tash, situé au centre de l'Iraq, a accueilli depuis plus de vingt ans jusqu'à 12 000 réfugiés kurdes iraniens ayant fui l'Iran à la fin des années 70 et au début des années 80. Après la chute de Saddam Hussein, la situation de sécurité s'est rapidement détériorée et de plus en plus de réfugiés ont décidé de quitter le camp, soit pour rentrer chez eux soit pour chercher ailleurs un havre de paix.
Situé à environ 60 km de Fallujah et 12 km de Ramadi, Al Tash a subi de plein fouet les combats violents dans la région à l'automne 2004. En novembre 2004, le bureau de police situé à l'intérieur du camp a été attaqué. Le camp, qui a toujours été correctement approvisionné, a aussi souffert de coupures d'électricité et de défauts dans l'approvisionnement en eau, les soins médicaux et l'éducation. Avec l'insécurité chronique dans cette partie de l'Iraq, l'UNHCR, ses partenaires et les autorités gouvernementales ont aussi été limités dans leur habilité à répondre aux besoins des réfugiés. Aussi, en février 2005, la population du camp a diminué jusqu'à moins de 5 000 personnes.
Alors que la situation a continué de se détériorer en 2005, de plus en plus de personnes habitant le camp ont commencé à chercher des solutions pour partir. Quelques-uns sont rentrés chez eux en Iran, certains sont partis dans un autre pays, d'autres ont été réinstallés ou ont été bloqués à la frontière jordanienne, pendant que certains enfin ont déménagé par leurs propres moyens au nord de l'Iraq.
En juin 2005, après la dégradation extrême de la situation de sécurité dans la région, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a commencé à rechercher un nouveau site pour accueillir les réfugiés restant encore à Al Tash. L'UNHCR et le gouvernement régional du Kurdistan ont signé un accord en septembre, permettant la construction de maisons semi-permanentes à Kawa, un site à 35 km au sud d'Erbil, pour plus de 2 000 personnes d'Al Tash. Qandil, le partenaire opérationnel de l'UNHCR, a alors commencé immédiatement à travailler, et en l'espace de six semaines, une première partie a été créée, avec des tentes équipées pour l'hiver, de l'électricité, des sanitaires et la distribution de l'eau.
Mercredi 9 novembre, l'UNHCR et l'ONG Qandil ont commencé à enregistrer et installer à Kawa un premier groupe de 69 familles kurdes iraniennes, soit 439 personnes. Le groupe a quitté Al Tash il y a quelques semaines, d'une part à cause de l'insécurité grandissante et d'autre part car ils ont été encouragés par la bonne nouvelle de ce nouveau site préparé pour eux. Les réfugiés seront temporairement accueillis dans des tentes tandis qu'avec l'aide d'experts, ils construiront des maisons semi-permanentes sur le site.
Les nouveaux arrivants ont immédiatement commencé à s'installer dans leur tente. Les femmes ont commencé à nettoyer et à organiser le rangement des affaires apportées depuis Al Tash ; les enfants transportent l'eau depuis les réservoirs installés près des tentes ; et les hommes protègent les tentes des courants d'air.
« Evidemment, 23 années en tant que réfugiés nous ont appris quelques règles de vie », a commenté un réfugié, d'une ironie désabusée, alors qu'un employé de l'UNHCR leur a souligné combien ils sont organisés et rapides.
« Nous sommes très heureux et soulagés que les réfugiés d'Al Tash puissent maintenant déménager vers un lieu plus en sécurité, depuis que leur vie était devenue très difficile et vraiment dangereuse », a dit Walpurga Englbrecht, actuellement en charge des opérations de l'UNHCR en Iraq depuis Amman. « L'UNHCR assiste les réfugiés en organisant leur transfert et leur fournira un soutien sur place, en réinstallant les services de base, comme l'éducation ou les soins médicaux. »
Les derniers Kurdes iraniens, au nombre de 1 500, qui restent encore à Al Tash, doivent déménager vers Kawa d'ici la fin du mois. La seconde partie du camp, qui pourra accueillir 70 familles, sera prête mi-novembre. L'UNHCR aura fini le transfert de tous les réfugiés restants, vers le camp de Kawa, à la mi-décembre. De même, l'UNHCR a fortement encouragé quelque 200 réfugiés, bloqués à la frontière entre l'Iraq et la Jordanie, à rejoindre aussi le camp de Kawa.
« Ce fut difficile de trouver des solutions alternatives pour les Kurdes iraniens et nous sommes très reconnaissants vis-à-vis des autorités pour leur générosité », a ajouté Walpurga Englbrecht. « Dans le climat actuel d'insécurité, nous pouvons seulement encourager tous les réfugiés à bénéficier de cette opportunité pour commencer une nouvelle vie dans le nord. Rester en rade à la frontière n'est pas une vie, surtout pas pour un enfant. »
En 2005, quelque 200 réfugiés d'Al Tash - dont la moitié d'enfants - ont été refoulés puis bloqués à la frontière, lorsqu'ils ont tenté de rejoindre la Jordanie. Les réfugiés disposent maintenant de tentes du côté iraqien de la frontière et on leur fournit de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux. Mais ces personnes sont actuellement loin d'être en sécurité, leur rendre visite reste un vaste problème, et il y a peu de chance pour que ce groupe soit un jour prochain autorisé à entrer en Jordanie - spécialement depuis les attaques à la bombe mercredi à Amman, la capitale jordanienne avec, pour conséquence, la fermeture de toutes les frontières du pays.
« L'hiver approche maintenant rapidement et nous devons trouver d'urgence une solution. Rejoindre les autres réfugiés dans le nord est la seule solution, au vu des circonstances actuelles », a dit Walpurga Englbrecht.
Les résidents restant au camp d'Al Tash sont maintenant prêts à être transférés. Ils sont à bout après les sérieux incidents de sécurité dans le camp, dont les opérations des forces multinationales, de fréquentes incursions d'hommes armés dans les environs du camp, trois morts et deux enlèvements parmi les réfugiés depuis huit mois et continuellement des coupures d'eau ou d'électricité. Convaincus par ceux partis précédemment, les habitants ont commencé à faire leurs paquets et à annuler l'inscription des enfants à l'école et aux services quotidiens en préparation de leur transfert.
Kawa est le second site dans le nord de l'Iraq à avoir été créé par l'UNHCR et ses partenaires. En 2004, un total de 277 familles ont été transférées depuis le camp d'Al Tash vers les installations construites à Barika près de l'une des plus importantes villes iraqiennes, Sulaymaniyah.