Plus de 1500 personnes noyées ou portées disparues en Méditerranée en 2011
Plus de 1500 personnes noyées ou portées disparues en Méditerranée en 2011
GENÈVE, 31 janvier (HCR) - Selon les estimations du HCR, plus de 1500 personnes se sont noyées ou sont portées disparues depuis leur tentative de traversée de la Méditerranée vers l'Europe en 2011.
« L'année 2011 est donc la plus meurtrière dans cette région depuis que le HCR a commencé à enregistrer les statistiques en 2006. Le précédent chiffre le plus élevé avait été observé en 2007, lorsque 630 personnes avaient trouvé la mort par noyade ou étaient portées disparues », a indiqué Sybella Wilkes, chargée de communication au HCR, aux journalistes à Genève. Par ailleurs, au moins 18 personnes se sont noyées depuis début 2012, après avoir quitté la Libye vers l'Europe.
« Nos équipes en Grèce, en Italie, en Libye et à Malte ont prévenu que le nombre de décès survenus en mer observé actuellement pourrait même encore s'accroître », a affirmé Sybella Wilkes. « Nos estimations sont fondées sur des entretiens effectués avec les personnes qui sont arrivées en Europe par bateau, sur des appels téléphoniques et des e-mails de proches des personnes qui se sont embarquées ainsi que sur des informations provenant de Libye et de Tunisie de la part de survivants dont le bateau avait chaviré ou avait été secouru au tout début de la traversée », a-t-elle expliqué.
Sybella Wilkes a également indiqué qu'en 2011, on a également observé un nombre record pour les arrivées en Europe après la traversée de la Méditerranée, avec plus de 58 000 demandeurs d'asile, réfugiés et migrants clandestins. Le nombre le plus élevé avait auparavant été enregistré en 2008 avec 54 000 personnes ayant rejoint la Grèce, l'Italie et Malte.
En 2009 et 2010, les mesures de contrôle aux frontières ont réduit de façon spectaculaire les arrivées en Europe. La fréquence des arrivées par bateaux s'est accrue début 2011 lors de la chute des régimes en Libye et en Tunisie.
La majorité des personnes sont arrivées l'année dernière par la mer en Italie (56 000, dont 28 000 étaient des Tunisiens) alors que Malte et la Grèce ont respectivement reçu 1574 et 1030 personnes. La vaste majorité de ces personnes sont arrivées durant le premier semestre de l'année. La plupart étaient des migrants, et non des demandeurs d'asile. Seulement trois bateaux sont arrivés depuis la mi-août jusqu'à la fin de l'année.
Sybella Wilkes a expliqué que, depuis le début de l'année 2012, « malgré les mauvaises conditions de navigation en mer, » trois bateaux ont tenté la traversée périlleuse depuis la Libye, et l'un d'entre eux est porté disparu. Ce bateau transportait au moins 55 personnes.
« Les gardes-côtes libyens ont informé le HCR que 15 corps sans vie, tous identifiés comme étant ceux de ressortissants somaliens, ont été rejetés par la mer sur différentes plages [en Libye] la semaine dernière, y compris 12 femmes, deux hommes et un bébé. Dimanche, trois autres corps sans vie ont été retrouvés », a affirmé Sybella Wilkes. Il a été confirmé plus tard que toutes les personnes qui avaient péri étaient des Somaliens provenant de l'installation de fortune située à Tripoli et connue sous le nom de Railway Project.
Les deux autres bateaux qui ont réussi à rejoindre Malte et l'Italie en janvier ont nécessité une opération de sauvetage en mer. La première opération de secours a été menée par les gardes-côtes italiens le 13 janvier et a concerné 72 ressortissants somaliens. Le second bateau a été secouru par un bateau de la marine maltaise le 15 janvier dernier, avec l'appui de la marine américaine et d'un bâtiment de marine marchande. En tout, 68 personnes ont été secourues à partir d'un radeau de sauvetage à la dérive localisé à 56 miles nautiques de Malte.
« Le HCR se félicite des efforts menés par les autorités italiennes, maltaises et libyennes pour porter secours aux bateaux en détresse dans la mer Méditerranée. Nous renouvelons notre appel à tous les capitaines de navires naviguant en Méditerranée, l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, de rester vigilants et de continuer à porter assistance aux bateaux en détresse en mer », a indiqué Sybella Wilkes.