Plus de 10 000 arrivants au Cameroun et au Niger ont fui de nouvelles attaques au Nigéria
Plus de 10 000 arrivants au Cameroun et au Niger ont fui de nouvelles attaques au Nigéria
YAOUNDÉ, Cameroun, 2 septembre (HCR) - Le HCR a annoncé mardi que plus de 10 000 personnes ont fui de nouvelles attaques menées par des groupes d'insurgés au nord-est du Nigéria. Elles ont trouvé refuge au Niger et au Cameroun. Certaines se reposent dans des écoles et des églises. Les enfants souffrent de problèmes de santé.
« Le HCR est très préoccupé car, même après avoir traversé la frontière vers le Cameroun, les habitants nigérians sont encore poursuivis par des insurgés. Nous avons déjà commencé à transférer une partie des réfugiés vers un camp de réfugiés où ils peuvent profiter d'une meilleure situation de sécurité », a ajouté le porte-parole du HCR Adrian Edwards, lors d'un point de presse à Genève.
Selon les autorités locales, ces 10 derniers jours, au moins 9 000 personnes sont arrivées dans la région de l'Extrême Nord au Cameroun et plus de 2 000 autres ont trouvé refuge dans des îles du Lac Tchad appartenant au Niger. D'arrivants continuent d'affluer.
Les nouveaux arrivants ont fui des attaques récurrentes ces trois dernières semaines dans la région de Gwoza dans l'Etat de Borno au Nigéria, avant leur quête de sécurité au Cameroun. Selon les autorités, quelque 5 500 réfugiés sont arrivés à Kolofata, 3 000 à Kerawa et 370 à Mora, dans les districts de Mayo Sava et de Logone-et-Chari. Cependant, même après leur arrivée au Cameroun, ils ne sont pas nécessairement hors de danger. Dimanche, des insurgés ont attaqué la ville de Kerala au Cameroun, forçant des réfugiés et certains résidents à fuir plus à l'intérieur du Cameroun.
« Nos équipes avaient un accès limité aux régions frontalières ces dernières semaines en raison de l'insécurité croissante. Malgré une situation instable, nous avons pu accéder à Mora ce week-end. Nous y avons rencontré de nouveaux arrivants qui ont trouvé refuge dans des églises, des écoles ou au sein de familles d'accueil », a déclaré Adrian Edwards.
Selon les réfugiés, leurs villages au nord-est du Nigéria sont maintenant vidés de leur population. Une assistance immédiate leur a été fournie par les autorités, l'ONG Caritas, le HCR et la communauté hôte.
Dans le village frontalier camerounais de Koza, l'équipe du HCR a rencontré des femmes réfugiées. « Elles nous ont expliqué que, lorsque leurs maisons ont été attaquées il y a quelques jours à Gokou, dans l'Etat de Borno au Nigéria, leurs maris les avaient envoyées avec leurs enfants se cacher dans les montagnes environnantes», a déclaré Adrian Edwards.
« Elles ont vu plus tard une épaisse fumée provenant de leur village, ce qui leur a fait craindre que leurs maisons avaient été réduites en cendres par les insurgés. Elles ont attendu jusqu'à la tombée de la nuit et elles ont marché 30 kilomètres pour rejoindre Koza. Depuis, elles n'ont plus de nouvelles de leurs maris », a-t-il ajouté.
Lundi, le HCR a démarré le transfert de 80 nouveaux réfugiés, principalement des femmes et des enfants, depuis Koza vers le camp de réfugiés de Minawao, à environ 120 kilomètres de la frontière. Le camp accueille quelque 6 000 réfugiés nigérians qui y avaient déjà été transférés depuis la frontière en 2013 et 2014.
Début août, les transferts vers le camp avaient été suspendus en raison de l'insécurité. « Aujourd'hui [mardi], si la sécurité nous le permet, nous allons commencer le transfert des réfugiés depuis Mora et Kolofata vers le camp », a déclaré Adrian Edwards du HCR.
Le nombre total des réfugiés nigérians au Cameroun s'élève actuellement à près 39 000 selon les autorités locales, y compris les 19 633 qui ont été enregistrés par le HCR.
Des insurgés ont traversé la frontière la semaine dernière et ils ont attaqué des villages du côté camerounais. Ces attaques ont poussé environ 1 700 habitants à fuir vers des villages proches de la frontière avec le Tchad. Les villageois ont fui dans la panique après que des insurgés aient égorgé trois personnes dans une église à Assighassia.
Les agresseurs ont également incendié des stations de police et de gendarmerie, une entreprise locale de coton, et ils ont volé 400 têtes de bétail. Le HCR est extrêmement préoccupé par les attaques des insurgés qui semblent désormais viser des civils sur le territoire du Cameroun.
Le Niger accueille plus de 50 000 personnes déracinées qui sont arrivées depuis le Nigéria depuis mai 2013. A l'intérieur du Nigéria, quelque 645 000 personnes sont déplacées dans les provinces de l'Adamaoua, de Borno et de Yobe, du fait de la violence.
Par Djerassem Mbaiorem à Yaoundé, Cameroun, et Hélène Caux à Dakar, Sénégal