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Mise en garde du HCR contre une urgence humanitaire imminente au sein des communautés indigènes de Colombie

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Mise en garde du HCR contre une urgence humanitaire imminente au sein des communautés indigènes de Colombie

Le HCR met en garde contre une urgence humanitaire imminente au sein des communautés indigènes de Colombie qui ont été forcées de fuir leurs terres ancestrales ces dernières semaines après avoir été violemment menacées.
4 Avril 2006 Egalement disponible ici :
Un bateau de l'UNHCR remonte la rivière Atrato à Chocó. L'équipe rend visite aux communautés indigènes menacées par des groupes irréguliers armés qui ont infiltré leur territoire.

GENEVE, 4 avril (UNHCR) - L'UNHCR met en garde contre une urgence humanitaire imminente en Colombie après que deux groupes indigènes aient été forcés de fuir leurs terres ancestrales ces dernières semaines.

« Après une série de très sérieux incidents ces derniers jours, l'UNHCR lance une mise en garde contre une urgence humanitaire imminente au sein des communautés indigènes de Colombie », a indiqué William Spindler, porte-parole de l'UNHCR, lors d'une conférence de presse à Genève.

Après le meurtre de deux de leurs chefs la semaine dernière, dans la région nord-ouest de Chocó, plus de 1 700 indigènes Wounaan ont fui leur territoire traditionnel. La panique s'est répandue au sein de la communauté Wounaan après qu'un groupe armé irrégulier ait tué deux de leurs chefs, qui étaient enseignants, en l'espace de 24 heures la semaine dernière.

Jeudi, des hommes armés ont fait irruption dans une salle de classe d'Union Wounaan, et ont emmené l'instituteur de l'école, âgé de 37 ans. Celui-ci a été retrouvé mort quelques heures plus tard. Son corps portait des traces de torture. Le jour suivant, le chef de la communauté Wounaan a également été retrouvé mort, après avoir été enlevé par la même bande armée irrégulière. De nouveaux assassinats sont à craindre, d'autres responsables de la communauté ayant également fait l'objet de menaces.

Les habitants des communautés situées aux abords de quatre rivières ont fui et quelque 1 100 personnes sont arrivées à Union Wounaan, qui regroupe la plus importante communauté de ce groupe. Avec les 640 habitants d'Union Wounaan, les déplacés cherchent maintenant à fuir plus loin en amont de la rivière, vers la petite ville de Istmina mais ils craignent de partir.

« Lundi soir, un premier groupe de 30 personnes est arrivé à Istmina et a expliqué que ceux encore à Union Wounaan ont peur d'être attaqués durant leur fuite et que, comme ils n'ont pas assez de bateaux pour voyager sur la rivière, ils doivent traverser la jungle », a indiqué William Spindler.

« Nous avons à plusieurs reprises averti que des groupes indigènes parmi les plus anciens et les plus petits du monde étaient menacés non seulement de déplacement, mais aussi d'extinction à cause du conflit colombien. Toutes les communautés indigènes ont d'étroits liens avec la terre de leurs ancêtres dont dépend leur survie culturelle. »

Des associations indigènes et les autorités locales de la zone appellent à l'aide le Gouvernement colombien et la communauté internationale. Le directeur du bureau des Amériques de l'UNHCR, qui est en Colombie cette semaine, va se rendre à Istmina mercredi pour rencontrer les nouveaux déplacés et les autorités locales.

De l'autre côté du pays, dans le département de Guaviare au sud-est, 77 indigènes Nukak sont arrivés la semaine dernière dans la ville de San José del Guaviare. Les Nukak sont un groupe indigène dont les membres sont peu nombreux. Il était inconnu du monde extérieur jusqu'en 1988 et vivait une existence nomade de chasse et de cueillette. Ces dernières années, il est devenu la cible des groupes armés irréguliers qui se sont emparés d'une grande partie de son territoire.

Les 77 personnes qui sont arrivées à San José la semaine passée ont marché pendant quatre mois après avoir été forcées de quitter leur territoire ancestral. Leur état de santé était mauvais et ils souffrent de malnutrition. Ils demeurent maintenant dans une ferme, à la sortie de San José, avec un autre groupe qui était arrivé en novembre, et reçoivent une aide d'urgence des autorités colombiennes. William Spindler a cependant souligné que leur futur à long terme reste incertain. « Il est crucial de trouver une solution qui leur permettra de reprendre leur mode de vie et de préserver leur culture. »

Ce nouveau déplacement est le troisième depuis 2003 et porte à plus de 220 le nombre de Nukaks déplacés de force. Cela signifie que la moitié de la population Nukak, estimée à 500 personnes, a été forcée de quitter son territoire ancestral.

« L'UNHCR travaille étroitement avec les associations indigènes pour les aider à défendre leurs droits et notre but est essentiellement axé sur la prévention des déplacements forcés en leur fournissant des documents d'identité, en renforçant leurs capacités et en leur donnant accès à des formations », a indiqué William Spindler.

Par Marie-Hélène Verney à Bogota