L'évacuation depuis la Libye, un nouvel espoir pour les réfugiés
NIAMEY - Rahel*, une réfugiée érythréenne de 29 ans, espérait une nouvelle vie de liberté et d’opportunités en Europe, quand elle a emprunté l’itinéraire terrestre périlleux pour traverser l'Afrique. Au lieu de cela, elle s'est retrouvée détenue 11 des 18 mois qu'elle a passés en Libye.
« Lorsque le HCR m'a informée que je quittais la Libye, je ne savais quoi penser. Puis quand le bus est venu nous chercher au centre de détention, j'ai compris que c'était vrai... J'étais heureuse d'être en vie », a-t-elle déclaré aux représentants du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, au Niger.
Rahel comptait parmi les 74 réfugiés érythréens et somaliens, considérés comme particulièrement vulnérables, dont le voyage par avion a été organisé par le HCR vers l'aéroport international de Niamey où elle a débarqué tôt le matin, vendredi dernier. Le groupe comptait 51 enfants et 22 femmes et tous se trouvaient dans des centres de détention en Libye jusqu'à quelques heures avant de monter dans l'avion.
« Dieu avait envoyé le HCR pour sauver nos vies. »
« Dieu avait envoyé le HCR pour nous sauver nos vies », a ajouté Rahel soulagée, qui a été vendue trois fois par des trafiquants au cours de ce voyage en enfer.
Le personnel du HCR a accueilli et aidé les réfugiés épuisés pour les contrôles aéroportuaires avant de les transférer vers des maisons d'hôtes. Beaucoup ont demandé à être rassurés sur le fait qu'ils ne seraient pas ramenés en Libye.
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés, a débuté les évacuations d'urgence en novembre dernier, dans le cadre d'un effort plus vaste pour lutter contre les mouvements complexes des migrants et des réfugiés le long des routes méditerranéennes.
« Le Niger est une situation de transit pour eux. Ils seront les bienvenus, ils seront accueillis et soutenus. Ils pourront recommencer à espérer de nouvelles perspectives d’avenir », a déclaré Alessandra Morelli, la représentante du HCR au Niger.
« Le HCR tient à remercier le gouvernement du Niger d'avoir ouvert les portes de son pays et permis au HCR de poursuivre les rotations aériennes pour les évacuations humanitaires depuis la Libye », a-t-elle ajouté.
Vincent Cochetel, Envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale, a ajouté : « Cette évacuation n'aurait pas pu s’effectuer sans le soutien des autorités et de nos partenaires en Libye, y compris le MOAS. Je tiens également à saluer l'extraordinaire solidarité manifestée par le peuple et le Gouvernement nigérien. »
Le HCR a lancé un appel pour obtenir 1 300 places de réinstallation afin d'évacuer des réfugiés vulnérables depuis la Libye, car beaucoup sont détenus dans des conditions effroyables pour une durée indéterminée, et ils sont victimes de graves violations des droits humains.
Hamda, une réfugiée somalienne de 25 ans, a déclaré avoir été arrêtée en Libye lorsqu'elle était enceinte d'un mois.
Rahel, qui a également été battue, a été vendue trois fois par des passeurs qui lui ont demandé de payer 5 500 dollars pour être libérée.
Elle pleure en nous racontant qu'elle a été attaquée par un groupe d'hommes à Zuwara, une ville portuaire du nord-ouest de la Libye : « Je n'ai pas vu leurs visages, je sais que c’était des membres de Daech. Ils m'ont tous violée, je ne sais pas combien ils étaient. »
Les réfugiés reçoivent actuellement un soutien médical et psychosocial.
On compte près de 550 000 personnes relevant de la compétence du HCR en Libye, dont 200 000 déplacés internes ainsi que 44 000 réfugiés et demandeurs d'asile enregistrés.
*Nom fictif pour des raisons de protection