Les réfugiés syriens au Liban témoignent de leurs difficultés et de leur fuite en exil à António Guterres et Angelina Jolie
Les réfugiés syriens au Liban témoignent de leurs difficultés et de leur fuite en exil à António Guterres et Angelina Jolie
BEYROUTH, Liban, 12 septembre (HCR) - Au deuxième jour de leur visite conjointe dans les pays hébergeant des dizaines de milliers de réfugiés syriens, le chef du HCR António Guterres et Angelina Jolie se sont entretenus avec des réfugiés syriens sur leurs difficultés à fuir la Syrie déchirée par le conflit et à trouver un hébergement au Liban.
António Guterres et Angelina Jolie, son Emissaire spéciale, se sont rendus mercredi matin dans la plaine de la Bekaa, bordant la Syrie. Ils ont rencontré quelques-uns des 67 000 réfugiés enregistrés au Liban ainsi que des membres des communautés hôtes. Dans l'après-midi, ils se sont entretenus avec de hauts représentants libanais, notamment le Président Michel Sleiman et le Premier Ministre Najib Mikati, sur la situation et les problèmes auxquels sont confrontés le Liban ainsi que l'opération d'aide humanitaire du HCR et d'autres organisations.
Lors d'une conférence de presse après ces entretiens, António Guterres a remercié le Liban pour aider simultanément un si grand nombre de personnes, tout en étant lui-même en proie à de profondes préoccupations en termes de situation économique et de sécurité. Exhortant la communauté internationale à aider le Liban à porter la charge, il a déclaré : « Il est de l'intérêt de tous d'aider non seulement les réfugiés, mais aussi les Etats de la région. »
Lors de cette même conférence de presse, Angelina Jolie a évoqué ses entretiens tenus plus tôt dans la journée avec des réfugiés vivant dans des familles hôtes près de la frontière entre le Liban et la Syrie. « J'ai été bouleversée de rencontrer des familles syriennes… dans des maisons où ils sont accueillis et protégés », a-t-elle indiqué aux journalistes.
Angelina Jolie a rencontré trois femmes qui ont traversé la frontière vers le Liban avec leurs enfants, alors que leurs maris étaient restés en Syrie car ils craignaient d'être tués s'ils tentaient de fuir. Une femme en larmes a décrit une marche de quatre heures vers la frontière, après qu'elle ait dit à ses enfants qu'ils allaient rendre visite à des proches au Liban. « Ils ont déjà tant perdu », a-t-elle déclaré. « Je ne voulais pas non plus leur briser le coeur. »
L'Emissaire spéciale et António Guterres ont également discuté avec des réfugiés sur les risques et la terreur auxquels les réfugiés ont été confrontés en se dirigeant vers la frontière sur les routes de l'exil, y compris des bombardements constants et la dureté des contrôles de sécurité. Un homme a laissé derrière lui sa mère, sa soeur et son frère âgé de 15 ans car l'adolescent n'avait pas de carte d'identité pour passer les points de contrôle ou la frontière. Une jeune femme qu'ils ont rencontrée avait été blessée à l'estomac d'un tir par balles. Son fiancé a indiqué au groupe qu'elle avait été blessée par balles alors qu'elle faisait des courses à Damas pour leur mariage prévu prochainement.
Les visiteurs du HCR ont également reçu des témoignages sur la difficulté chronique de fournir un abri aux réfugiés en nombre croissant qui traversent la frontière vers des zones disposant d'une capacité d'hébergement limitée. Beaucoup trouvent abri dans des écoles, qu'ils devront bientôt quitter en vue de la rentrée scolaire toute proche. Les autorités examinent un projet du HCR pour utiliser des bâtiments et des terrains vacants ainsi qu'un projet de location contre espèces.
António Guterres et Angelina Jolie ont également entendu que des familles libanaises se rendent sur une base volontaire en voiture à la frontière pour aller chercher des familles déracinées et les ramener chez elles dans leur maison. Certains partagent leur petit appartement depuis le début du conflit il y a 18 mois.
Dans un village, António Guterres a rencontré un homme âgé de 77 ans qui offre gracieusement une chambre dans sa maison à une famille. « J'ai été ému par sa générosité à un moment où les communautés sont sollicitées au maximum de leur capacité pour accueillir des réfugiés », a souligné António Guterres. Dans ses réunions avec de hauts représentants du gouvernement, le Haut Commissaire a demandé l'accord sur des solutions alternatives pour l'hébergement, comme étant une priorité.
La population réfugiée est composée pour moitié d'enfants et l'année scolaire va bientôt commencer. Le HCR et l'UNICEF ont lancé des campagnes de sensibilisation sur le retour à l'école pour les enfants réfugiés. Les enfants syriens reçoivent également une aide pour s'adapter aux programmes d'enseignement libanais et à la langue française.
Par volonté de montrer une attention particulière aux enfants réfugiés, Angelina Jolie s'est rendue à l'école Bar Elias où le HCR et Save the Children gèrent des classes de remise à niveau et assurent une aide psychologique et sociale. Beaucoup d'enfants ont manqué jusqu'à deux années d'école et ils sont traumatisés. Des enfants libanais bénéficient également du programme pour promouvoir l'intégration.
Chaque jour, environ 1000 réfugiés demandent des rendez-vous pour un enregistrement auprès du HCR. Pour assurer que les réfugiés sont rapidement enregistrés et aidés, une nouvelle équipe d'enregistrement mobile a été établie à Baalbek, dans la plaine de la Bekaa, la semaine dernière. Un centre d'enregistrement a été ouvert dans la ville côtière de Tripoli le mois dernier.
Le HCR va également établir une présence dans le sud du Liban, où environ 7000 réfugiés se trouveraient. Parallèlement, le HCR continue à fournir des bons alimentaires et d'articles non alimentaires, à assurer l'amélioration des hébergements, des services de santé et des allocations pour l'éducation pour tous les réfugiés qui contactent ses bureaux.
António Guterres et Angelina Jolie s'étaient rendus dans le camp de réfugiés de Za'atri en Jordanie mardi.
Par Melissa Fleming dans la plaine de la Bekaa, Liban