Les réfugiés fuyant une ville syrienne assiégée font état d'une situation dramatique et de difficultés pour atteindre la sécurité
Les réfugiés fuyant une ville syrienne assiégée font état d'une situation dramatique et de difficultés pour atteindre la sécurité
GENEVE, 4 juin (HCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a affirmé mardi qu'elle n'avait observé qu'un petit nombre d'arrivées de réfugiés dans l'est du Liban après avoir fui la ville syrienne assiégée d'Al Qusayr, où de violents combats ont éclaté il y a trois semaines.
Les réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, ont indiqué aux employés du HCR que la ville, située à un emplacement stratégique dans l'ouest de la Syrie, avait été gravement endommagée et que les conditions de vie étaient extrêmement difficiles. Ils ont affirmé que la route vers le Liban était dangereuse et qu'il était risqué de voyager avec des hommes.
« D'après les quelques entretiens que nous avons réalisés jusqu'à présent, un nouvel itinéraire pour les personnes déplacées se serait ouvert entre la région de Qusayr et Arsal au Liban, à environ 100 Kms », a déclaré Melissa Fleming, la porte-parole du HCR, aux journalistes à Genève. « Certaines des personnes délogées par les combats à Qusayr fuient au Liban en tant que réfugiées, tandis que d'autres se déplacent à l'intérieur du pays vers des villes comme Qara, Nabek et Hasyah », a-t-elle ajouté.
Les réfugiés arrivant au Liban ont expliqué qu'ils avaient dû faire le périple difficile vers la frontière à pied. « Les combattants cibleraient les personnes qui tentent de fuir. Aucune route partant de Qusayr n'est considérée comme sûre et, selon des informations concordantes, entre 700 et 1 500 civils blessés seraient coincés à Qusayr », a annoncé Melissa Fleming, en ajoutant que le HCR n'était pas en mesure de vérifier ces informations.
« Les personnes à qui nous avons parlé indiquent qu'il n'est pas sûr de fuir avec des hommes, car ces derniers risquent fortement de se faire arrêter ou tuer aux postes de contrôle le long de la route. Aucun des réfugiés ne pouvait ou ne voulait identifier ceux qui tiennent ces postes de contrôle », a affirmé la porte-parole du HCR.
Elle a ajouté qu'une femme avait dit aux employés du HCR que la population à Qusayr se trouvait face à un choix cornélien : « partir en risquant d'être tué .... ou rester en étant sûr d'être tué ».
Les réfugiés décrivent Qusayr comme une ville fantôme, gravement endommagée, et ébranlée par la guerre. Les habitants se cachent dans des bunkers ou dans des trous creusés pour faire des abris. Une dame a expliqué que sa famille n'avait pas pu quitter son trou pendant une semaine et avait dû vivre avec le peu de nourriture qu'ils avaient apportée.
« Un des rares hommes arrivés au Liban a déclaré qu'il avait fui après que sa maison a été bombardée et son fils de 20 ans tué. Il n'avait aucune affaire avec lui. Tous ceux à qui nous avons parlé ont fait part de leur peur à la vue de tout poste de contrôle », a affirmé Melissa Fleming.
Le HCR n'a pas accès à Qusayr et les témoignages de réfugiés sont difficiles à vérifier. « Nous partageons cependant la préoccupation d'autres personnes quant à la gravité de la situation humanitaire et aux risques encourus par la population civile. Il est impératif que les personnes cherchant à fuir Qusayr, et d'autres endroits dangereux, puissent avoir accès à des zones sûres », a insisté Melissa Fleming.
Le HCR s'inquiète aussi des obstacles que trouvent sur leur route les personnes qui cherchent à atteindre la sécurité dans d'autres parties de la région. Plus de 4 300 personnes ont réussi à franchir la frontière entre la Syrie et la Jordanie entre le 27 mai et le 2 juin. En comparaison, au cours des 18 premiers jours de mai, 26 600 personnes avaient franchi la frontière. Les réfugiés continuent de faire état de difficultés pour accéder à la frontière.
Le franchissement des frontières vers l'Iraq s'avère également difficile. Le HCR vient d'apprendre que les points de passage dans le district de Peshkapor, au nord, étaient fermés depuis le 19 mai. Comme d'autres points de passage sont également fermés - apparemment pour des raisons politiques locales - l'Iraq est de fait fermé aux réfugiés syriens. « Nous demandons instamment aux autorités iraquiennes d'autoriser de nouveau le franchissement de la frontière, pour que toutes les personnes ayant besoin d'aide aient accès à un refuge sûr », a déclaré Melissa Fleming.
Le HCR s'inquiète aussi des témoignages de réfugiés concernant les difficultés croissantes auxquelles ils sont confrontés pour franchir la frontière vers la Turquie à plusieurs postes frontière. A l'intérieur de la Syrie, ceux qui cherchent à s'approcher de la frontière font état d'un accès contrôlé qui réduit l'accès à la frontière. Le HCR n'a pas été en mesure de vérifier cette information directement. Le HCR plaide pour que tous les Syriens souhaitant fuir soient autorisés à le faire et se voient accorder un passage en toute sécurité.