Les rapatriés afghans résistent à l'hiver avec l'aide du HCR
Les rapatriés afghans résistent à l'hiver avec l'aide du HCR
QARABAGH, Afghanistan, 29 novembre (UNHCR) - C'est la fin de l'automne, mais il fait encore assez doux pour qu'Akbar Nusrati apprécie son déjeuner dans le jardin de sa maison nouvellement reconstruite. Jusqu'au mois dernier, ce petit lopin de terre avec ses deux pommiers était l'endroit où Akbar, son épouse et leurs trois enfants mangeaient, dormaient et se lavaient - leur seul abri était une tente faite d'expédients. Avec l'hiver glacial qui approche à grands pas, Akbar est reconnaissant d'être de retour dans la maison qu'il a fuie avec sa famille pendant la guerre civile d'Afghanistan, il y a 13 ans.
Après la chute des Talibans en 2001, des centaines d'autres familles du village de Qarabagh, à 50 kilomètres au Nord de la capitale Kaboul, ont également pris la décision de rentrer au pays après de nombreuses années vécues comme réfugiés en Iran et au Pakistan. Pour la plupart d'entre eux, ce qu'ils ont trouvé lors de leur retour n'étaient que décombres en lieu et place de leur habitation familiale.
« Je n'ai pas reconnu notre maison » nous dit Akbar. « Les Talibans l'avait complément détruite tout comme toutes les autres maisons dans le secteur ».
Coincé à la ligne de front entre les Talibans et l'Alliance du Nord qui finit par les vaincre, des résidents de Qarabagh comme des milliers de familles de la plaine environnante de Shomali ont été forcés de fuir pour trouver sécurité et abri là où ils le pouvaient. Des dizaines de milliers de maisons abandonnées ont été rasées par les forces talibannes.
« Sans l'aide que nous avons reçue, nous serions toujours dans nos tentes » déclare Akbar.
L'aide fournie par le Haut Commissariat des Nations Unies pour des réfugiés a permis à plus de 5.000 familles d'Qarabagh de réparer ou de reconstruire complètement leur maison. Dans la vallée de Shomali, environ 14.000 familles ont bénéficié de l'aide de l'UNHCR et plus de 300 points d'eau ont été installés.
L'investissement de l'UNHCR à Qarabagh n'est qu'une partie du programme national d'assistance en faveur de plus de 3 millions d'Afghans rapatriés depuis 2002.
Shah Mohammed vient juste de jeter les fondations de sa modeste maison de deux pièces faite de boue. Comme tous ceux qui bénéficient de l'aide de l'UNHCR, Shah a reçu les matériaux de base de construction tels que poutres, fenêtres et outils. Une contribution financière en espèces est parfois également octroyée pour couvrir d'autres coûts de construction. Le travail, comme Shah Mohammed nous le montre en mettant en place une poutre en métal, est du ressort du propriétaire de la maison.
Quatre années passées en Iran comme ouvrier manoeuvre ont permis à Shah de subvenir aux besoins de son épouse et de leurs trois jeunes fils et de mettre de côté une certaine somme d'argent pour assurer leur retour en Afghanistan. Mais lorsqu'il vit l'état dans lequel sa maison se trouvait, il comprit qu'il ne pourrait la rendre habitable sans aide extérieure.
« Lorsque j'ai vu l'état de ma maison, j'ai décidé d'amener ma famille à Kaboul parce que je savais que je n'avais pas assez d'argent pour la reconstruire » nous a-t-il déclaré « puis, j'ai entendu dire qu'il y avait des organismes qui aidaient au retour des Afghans dans leur maison. « A Kaboul, nous aurions dépensé toute notre épargne en loyer et je n'aurais pas pu nourrir ma famille. »
Pendant que les travaux de construction sont en cours, Shah et sa famille doivent partager avec quatre autres familles une maison voisine appartenant à son beau-frère. Les conditions de vie sont rudimentaires et les perspectives de trouver du travail dans cette région auparavant fertile sont incertaines.
Mais pour Shah et les autres rapatriés, le retrait des Talibans et les efforts internationaux de reconstruction qui s'en suivèrent ont apporté optimisme aux Afghans « A présent, personne ne nous dira plus de partir » nous a-t-il dit.
L'octroi de l'aide de l'UNHCR pour la construction d'un logement relève d'un processus de la communauté locale. Des membres de la shura, ou conseil local, approchent les familles rentrées récemment et tentent d'évaluer leurs besoins et l'état de vulnérabilité dans lequel il se trouve. Une liste de bénéficiaires potentiels est ensuite remise à une organisation associée à l'UNHCR. Après une évaluation plus approfondie avec les équipes logistiques de l'UNHCR, une décision est prise.
Les familles sélectionnées doivent posséder la terre sur laquelle ils projettent de reconstruire leur habitation et doivent pouvoir couvrir approximativement 50 % de tous les coûts. Reconstruire une maison totalement détruite au prix de 1.200 dollars US n'est pas accessible à tous ; l'aide octroyée n'est pas suffisante. Mais sans cette assistance, d'autres milliers de familles seraient également sans abri.
Les veuves telles que Magul bénéficient d'un intérêt particulier dans le cadre du programme de logement. Peu après la mort de son mari, il y a 10 ans, son fils aîné Ahmed fuit vers l'Iran pour échapper à la guerre et s'y installa pour trouver un moyen de soutenir sa famille. Lorsque les Talibans prirent le contrôle de la majeure partie de l'Afghanistan, Magul et ses autres enfants l'y ont joint.
« Nous sommes heureux d'être revenus, mais ce n'est pas facile » nous dit Magul. « Nous avions vécu chez de membres de notre famille depuis que nous sommes revenus. Bientôt, nous aurons notre propre maison ; un endroit où mes fils pourront ramener leurs épouses lorsqu'ils se marieront. »
Avec l'appui de l'UNHCR, plus de 100.000 maisons ont été reconstruites ou réparées depuis 2002. L'an prochain, il est prévu d'en reconstruire 20.000 supplémentaires.
L'hiver est sur le point de descendre sur l'Afghanistan et les températures tellement basses paralyseront les travaux de construction. Dans le cadre de son programme de reconstruction, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés fournit aux familles en hiver des couvertures et des bâches en plastique à plus de 40.000 familles.
Mais pour les résidents récemment retournés à Qarabagh, l'hiver ne les effraye pas. Ils sont de retour dans leur patrie et dans leur maison.
Par Tim Irwin, UNHCR Afghanistan