Les personnes déplacées en première ligne face au changement climatique font entendre leur voix à la COP27
Les personnes déplacées en première ligne face au changement climatique font entendre leur voix à la COP27
Alors que les négociations de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP27) se poursuivent aujourd'hui à Charm El-Cheikh, en Égypte, le conseiller spécial pour l'action climatique de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, Andrew Harper, a demandé que les réfugiés et les personnes déplacées soient mentionnés dans le document final du sommet et qu'ils aient leur mot à dire dans le cadre des futures négociations.
« Les réfugiés et les personnes déplacées font partie des personnes les plus exposées à la crise climatique », a-t-il déclaré, soulignant que plus de 70% des personnes déracinées dans le monde proviennent des pays les plus vulnérables au changement climatique. « Beaucoup cherchent refuge dans les pays les plus vulnérables au changement climatique, qui sont aussi ceux qui ont le moins contribué à ce phénomène et qui ont en même temps les ressources les plus limitées pour pouvoir s'adapter à cette nouvelle situation. »
Il a appelé à un financement accru en faveur des pays en première ligne de l'urgence climatique, qui sont souvent également ceux qui assurent une protection aux réfugiés.
« Dans de nombreuses régions, les efforts d'adaptation ont été dépassés par la cadence de l'évolution du climat », a-t-il déclaré. « Nous devons nous préparer à faire face aux pertes et aux dommages inévitables liés à cette situation, comme les déplacements forcés, pour lesquels des ressources supplémentaires doivent être mobilisées. »
La question des « pertes et dommages » causés par le changement climatique est inscrite pour la première fois à l'ordre du jour officiel de la conférence de cette année. Les pays en développement les plus durement touchés se sont montrés unis dans leurs demandes de mobilisation de fonds auprès des pays dont les émissions de carbone ont été historiquement les plus élevées, afin de les aider à se préparer et à se remettre des catastrophes liées au changement climatique.
- Voir aussi : Le chef du HCR exhorte les dirigeants mondiaux à ne pas oublier les personnes déracinées lors de la COP27
Les récentes inondations dévastatrices au Pakistan, au Soudan du Sud et ailleurs, ainsi qu'une sécheresse prolongée et une famine imminente dans la Corne de l'Afrique ont accru la pression sur la communauté internationale pour qu'elle progresse sur cette question, mais le dernier projet de document final partagé manque de détails sur le moment et la manière dont un tel fonds pour les pertes et les dommages pourrait voir le jour.
La notion de « pertes et dommages » fait référence aux conséquences dévastatrices des perturbations climatiques, telles que les cyclones, les inondations, les sécheresses et l'élévation du niveau de la mer, sur la sécurité des personnes, leurs habitations et la dignité de leurs conditions de vie. « Il n'y a pas de plus parfait exemple de perte ou de dommage que de devoir fuir son foyer pour trouver refuge ailleurs », a souligné Andrew Harper.
C'est ce qui est arrivé à Assad, 12 ans, un réfugié du Soudan qui, en plus d'avoir été affecté par le conflit, a vu sa communauté tout entière être détruite par les inondations il y a près d'un an. Il a eu la jambe fracturée lorsqu'une construction en torchis s'est effondrée sur lui et son cousin.
S'adressant aux délégués de la COP27 aux côtés d'autres personnes déracinées vivant en première ligne du changement climatique, il a raconté comment sa famille et lui ont ensuite fui vers l'Égypte.
« J'ai perdu ma famille, mes amis, ma maison et mes rêves au Soudan », a-t-il déclaré. « Et c'est pourquoi je viens aujourd'hui pour demander, au nom de tous les enfants, que les pays riches viennent en aide aux pays pauvres afin qu'ils puissent faire face à ces catastrophes. »
Également présente à la table ronde composée notamment de personnes déracinées, Koyam Boulama Falmata, du Niger, initialement déplacée par le conflit, a été contrainte de fuir à nouveau après que les inondations aient détruit ses champs et son cheptel. Elle vit désormais dans un abri de fortune dans une région du pays sujette à la sécheresse où, selon elle, la vie est extrêmement difficile. « Mes enfants ne vont pas à l'école, il n'y a pas d'eau potable ni de soins de santé. Il est même difficile de trouver de la nourriture car nous ne pouvons plus rien cultiver. »
« Pour tous les membres de cette table ronde, il s'agit d'une question de vie ou de mort. »
D'autres panélistes ont parlé du travail qu'ils accomplissent en matière d'atténuation et d'adaptation au changement climatique. Eman Al-Hamali, une Yéménite déplacée, a parlé de la microcentrale photovoltaïque qu'elle gère avec un groupe de femmes. La centrale fournit une énergie abordable et durable à sa communauté et génère un revenu pour les femmes.
Opira Bosco Okot, un réfugié sud-soudanais, a créé une organisation avec d'autres jeunes après avoir constaté que le changement climatique perturbait l'agriculture et aggravait la pauvreté dans l'installation de réfugiés où il vit en Ouganda. L'organisation a pour mission de remplacer les arbres abattus pour faire du bois de chauffage et d'aider les membres de sa communauté à trouver leurs propres moyens de faire face au changement climatique.
« Le message clé que j'adresse aux dirigeants mondiaux est de se mobiliser et de soutenir les organisations de réfugiés qui interviennent dans la lutte contre la crise climatique », a déclaré Opira Bosco Okot.
Au cours de la conférence, Andrew Harper a fait remarquer que seulement 4% du financement des mesures d'adaptation vont actuellement à l'Afrique. Le HCR appelle à un soutien accru aux plans nationaux d'adaptation des pays en développement, y compris les mesures qui renforcent la résilience des personnes déracinées et de leurs communautés d'accueil, alors que le réchauffement climatique alimente de nouvelles crises et contraint davantage de personnes à fuir.
L'Ambassadrice de bonne volonté du HCR, Emtithal (Emi) Mahmoud, poète et ancienne réfugiée soudanaise, a demandé que les personnes déracinées ne soient pas seulement incluses dans les plans d'adaptation, mais qu'elles soient présentes à chaque étape de la planification des interventions en matière climatique.
« Pour tous les membres de ce panel, il s'agit d'une question de vie ou de mort », a-t-elle déclaré. « L'année prochaine, je souhaite pouvoir être présente dans les salles de négociation, et que chacun d'entre nous puisse y faire entendre sa voix. Je pense que nous sommes prêts, que nous le sommes depuis longtemps et que le moment est venu de nous inclure dans les discussions. »
Andrew Harper s'est fait l'écho de cet appel pour que les personnes déracinées puissent faire entendre leur voix à la COP28 « afin de s'assurer que les décisions ne soient pas prises pour eux et sans eux. »