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Les nouveaux réfugiés enseignants : l'une des clefs du développement sud-soudanais

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Les nouveaux réfugiés enseignants : l'une des clefs du développement sud-soudanais

Grace Anyieth a toujours voulu être enseignante mais, après des années d'exil loin de sa terre natale, en proie à des troubles, elle se rend compte que son métier est bien plus qu'une simple vocation. Maintenant qu'elle a terminé sa formation d'institutrice et obtenu son diplôme dans un camp de réfugiés au Kenya, elle espère pouvoir participer au développement de son pays d'origine, le Soudan.
29 Janvier 2007 Egalement disponible ici :
Grace Anyieth reçoit son diplôme, après avoir terminé sa formation pour devenir institutrice dans le camp de réfugiés de Kakuma. La jeune femme estime que l'éducation est la clef du développement du Sud-Soudan.

KAKUMA, Kenya, 29 janvier (UNHCR) - Depuis sa plus tendre enfance, Grace Anyieth a toujours voulu devenir enseignante. Aujourd'hui, après des années d'exil loin de sa terre natale en proie à des troubles, elle se rend compte que son métier est bien plus qu'une simple vocation. Cette jeune femme âgée de 24 ans prévoit de mettre la carrière qu'elle a choisie au service du développement du Sud-Soudan, une région qui sort à peine d'une guerre civile ayant causé la morte de quelque 1 million et demi de personnes au cours des deux dernières décennies.

Elle a déjà fait un pas dans cette direction en terminant, avec succès, un cours de formation de l'UNHCR pour devenir enseignante en école primaire, dans le camp de réfugiés de Kakuma, au nord-ouest du Kenya.

« Je voulais devenir enseignante pour pouvoir apporter un changement à mon peuple, au Sud-Soudan », explique Grace, qui s'est enfuie au Kenya en 1992, après que son père ait été tué et la maison de sa famille détruite, dans le comté de Bor, dans l'Etat de Jonglei. « L'éducation est la seule option pour apporter le développement dans un pays ; elle permet aux gens de devenir autosuffisants et d'être conscients de leurs droits. »

Grace fait partie des 215 réfugiés de Kakuma à avoir passé, en septembre dernier, les examens pour obtenir le Certificat international d'aptitude à l'enseignement primaire. Pratiquement tous ces étudiants sont de nationalité soudanaise ; une dizaine sont des femmes. Ils ont atteint le taux impressionnant de 83 pour cent de réussite à l'examen, dont 10 avec les honneurs.

Nombre de ces diplômés sont déjà rentrés au Sud-Soudan, une région où une paix fragile entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement/Armée de Libération du Peuple soudanais a vu le jour en janvier 2005.

Bardés de leur diplôme internationalement reconnu, les lauréats de Kakuma seront très demandés dans une zone qui souffre de l'absence d'infrastructures scolaires et de système éducatif mais qui manque aussi cruellement de professeurs formés pour répondre à la demande générée par le flot de rapatriés.

« Le taux d'analphabétisme au Sud-Soudan se situe à près de 85 pour cent ; c'est l'un des plus élevés au monde. Près de 80 pour cent des écoles se trouvent dans des structures temporaires ou même sous des arbres », souligne Edward Kokole Juma, un haut fonctionnaire chargé de l'éducation au sein de l'administration sud-soudanaise.

Un rapport récent du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et du Ministère Sud-Soudanais de l'éducation, de la science et de la technologie indique que 758 207 étudiants fréquentent 2 922 écoles dans le sud du pays. Cette enquête révèle que ces établissements scolaires comptent 17 920 enseignants, mais que la plupart d'entre eux ne bénéficient pas d'une formation spécifique ou des qualifications professionnelles adéquates.

Pour tenter d'améliorer le système éducatif au Sud-Soudan, l'UNHCR et ses partenaires examinent la possibilité d'y transférer le cours de formation pour enseignants qui se tient à Kakuma, peut-être dans la ville de Juba.

« Nous sommes tout à fait conscients que le Sud-Soudan a besoin d'un grand nombre d'enseignants qualifiés, surtout maintenant que les réfugiés rentrent chez eux. Nous avons compris que si l'école pour enseignants se trouvait au Sud-Soudan, elle aurait un impact encore beaucoup plus important pour le développement du système éducatif que si elle était à Kakuma », explique Mahmood Syed Hussain, responsable de la sous-délégation de l'UNHCR à Kakuma.

Le programme de formation pour les enseignants a été créé à Kakuma il y a deux ans, avec la collaboration de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, du Gouvernement du Kenya et de Windle Trust International, une organisation basée au Royaume-Uni qui donne les cours avec l'aide d'enseignants travaillant pour l'éducation publique au Kenya.

La formation s'adresse aux instituteurs des écoles primaires ne disposant pas de qualification spécifique mais qui ont bien réussi leurs études secondaires dans le camp de réfugiés, sans parvenir à obtenir une bourse pour aller à l'université. Le Gouvernement kényan a également développé un programme de formation spécifique pour que les réfugiés soudanais puissent devenir instituteurs dans les écoles primaires du Sud-Soudan.

On attend beaucoup des nouveaux lauréats, et ils s'en rendent compte. « Il est maintenant de notre responsabilité de reconstruire notre pays à travers l'éducation de nos frères et soeurs qui n'ont pas pu aller à l'école », a déclaré Peter Madit. « Beaucoup de personnes sont en train de rentrer au pays et elles ont besoin de nous pour leur instruction », a-t-il ajouté.

Quant à Grace, si elle a déjà réalisé l'un de ses rêves, elle en a encore beaucoup d'autres. « Mon rêve est qu'un jour il y ait beaucoup d'écoles et de dirigeants bien formés au Sud-Soudan. Mon rêve est que j'enseigne moi-même à l'une de ces personnalités, une femme », dit-elle en souriant.

Par David Mwagiru à Kakuma, Kenya