Les crises humanitaires mondiales connaissent une ampleur sans précédent dans l'histoire récente
Les crises humanitaires mondiales connaissent une ampleur sans précédent dans l'histoire récente
GENÈVE, 1er octobre (HCR) - Le chef de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a averti aujourd'hui que de nouveaux conflits majeurs et simultanés combinés avec d'autres conflits prolongés et non résolus mettent à rude épreuve les ressources du HCR et celles d'autres acteurs humanitaires.
Dans son discours d'ouverture pour la réunion annuelle du Comité exécutif, l'organe directeur du HCR, António Guterres a indiqué que le HCR était aujourd'hui aux prises avec un niveau de crises de réfugiés sans précédent dans son histoire récente, avec de nouvelles urgences simultanées en Syrie, au Mali, au Soudan, au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo.
« Déjà en 2011, alors que la crise se développait, plus de 800 000 personnes traversaient la frontière de leur pays en quête de refuge - soit en moyenne plus de 2 000 par jour. Cet exode a été le plus important de toute la décennie écoulée », a-t-il indiqué. « Et, à ce jour, plus de 700 000 personnes ont fui depuis la RDC, le Mali, le Soudan et la Syrie. »
António Guterres a indiqué que la capacité du HCR à aider les personnes déracinées à travers le monde a été « sollicitée de façon radicale » par cette accélération dans les nouvelles crises. Il a rendu hommage aux pays qui ont maintenu leurs frontières ouvertes aux personnes fuyant le conflit, et il a remercié les donateurs qui ont fait la preuve de leur engagement sans réserve et sans faille à l'appui des opérations du HCR, et ce au milieu de la crise économique mondiale. Le Haut Commissaire a également signalé que les coûts de l'aide à plus de 42 millions de personnes déracinées s'accroissent rapidement, avec la poursuite de situations prolongées de déplacement à grande échelle - par exemple en Afghanistan ou en Somalie.
« Nous sommes à un tournant où les demandes qui nous sont faites sont plus importantes alors que les moyens mis à notre disposition pour y répondre ne sont pas plus importants que l'année dernière. Nos opérations en Afrique, notamment, sont gravement sous-financées », a-t-il indiqué. « Nous n'avons aujourd'hui aucune marge de manoeuvre pour faire face à des besoins imprévus. Dans l'environnement opérationnel imprévisible d'aujourd'hui, c'est une source de vive préoccupation. »
António Guterres a indiqué que, pour améliorer la performance de l'organisation, le HCR s'employait activement à améliorer son efficacité, avec en particulier l'examen scrupuleux des plans d'achat, les limitant aux missions critiques, et le réapprovisionnement des stocks strictement contrôlé. De plus, il a indiqué que le HCR - qui s'appuie sur les contributions volontaires - a renforcé les mesures pour atteindre les donateurs non traditionnels, y compris dans le secteur privé.
António Guterres, qui est Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés depuis 2005, a indiqué qu'un soutien continu était nécessaire pour les pays qui accueillent la majeure partie des populations réfugiées - principalement des pays en développement. Il a également évoqué l'importance, pour le HCR, des partenariats avec d'autres acteurs humanitaires, y compris des ONG nationales dans des pays et régions avec de larges populations déracinées.
Le Haut Commissaire a déclaré que mettre fin à un conflit nécessitait un règlement politique. Toutefois les acteurs humanitaires devraient également faire davantage pour améliorer les perspectives de paix - moyennant tout un éventail d'interventions au plan du plaidoyer, de l'éducation, des moyens d'existence et d'autres activités pour renforcer l'autonomie parmi les populations réfugiées.
« La majorité des personnes qui ont fui la Côte d'Ivoire l'année dernière sont déjà rentrées chez elles. Au Myanmar, j'espère que l'amélioration de la situation ouvrira la voie à la solution de la problématique de centaines de milliers de réfugiés en Thaïlande et dans d'autres pays de la région », a-t-il indiqué. « J'espère vivement que l'année prochaine, une solution se fera jour pour les Somaliens, nous permettant d'exploiter un potentiel inédit lors des deux dernières décennies. »
Composé actuellement de 87 Etats membres, le Comité exécutif du HCR se réunit une fois par an à Genève pour examiner et approuver les programmes et budgets du HCR, émettre un avis consultatif sur les questions de protection internationale et discuter d'un large éventail d'autres questions avec le HCR et ses partenaires intergouvernementaux et non gouvernementaux. La réunion de cette année, présidée par S.E. Monsieur l'Ambassadeur Jan KNUTSSON, Représentant permanent de la Suède auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, dure depuis ce jour jusqu'au 5 octobre. Elle devrait examiner des questions comme les nouvelles lignes directrices pour les Etats sur la détention des demandeurs d'asile (dont le HCR souhaite que ce soit une exception plutôt que la règle), l'évolution des besoins en protection pour les personnes déplacées, et la situation de millions d'apatrides à travers le monde. António Guterres a parlé des progrès accomplis depuis 2011 dans les efforts pour accroître le nombre d'Etats qui ont adhéré aux principales Conventions sur l'apatridie. Et pour les personnes déplacées à travers le monde, il a appelé les membres de l'ExCom à faire encore davantage.
« Nous vivons une époque dangereuse dans un monde imprévisible. Chaque jour davantage de personnes sont contraintes de fuir en quête de refuge », a déclaré le Haut Commissaire. « J'exhorte tous les membres du Comité exécutif à renouveler leur engagement collectif, à soulager leur sort et celui de tous ceux qui sont arrachés à leur foyer et à leur communauté, alors que les crises d'aujourd'hui et de demain continueront de faire rage. »
Déclaration liminaire du Haut Commissaire