Les civils arrivant de Mossoul citent la peur et la destruction
Les civils arrivant de Mossoul citent la peur et la destruction
CAMP DE DEBAGA 2, Région du Kurdistan d'Iraq - Après avoir fui sa ville natale près de Mossoul - qui est sous contrôle des extrémistes depuis plus de 16 mois - Rusul a évoqué sa peur et la destruction qu’elle et d'autres déplacés iraquiens ont laissé derrière eux.
« La peur est toujours là », explique Maali, la jeune femme iraquienne. « Nos maisons ont été incendiées et détruites. Dieu merci, ici la vie est meilleure. Ils sont très bons pour nous. »
Elle s’entretenait avec le chef du HCR Filippo Grandi dans une tente de ce complexe de camps pour personnes déplacées dans la Région du Kurdistan d’Iraq, tout en portant un petit bébé, Ahmed, endormi dans les bras.
Filippo Grandi a été informé des premiers jours mouvementés de la vie d’Ahmed.
« Il était âgé de seulement cinq jours quand nous sommes partis », a déclaré Maali, la jeune Mama. « Nous n’avons toujours pas obtenu son certificat de naissance. »
La famille a retardé son départ jusqu'à sa naissance.
« Il y avait des bombardements », ajoute Maali. « Quand nous sommes partis, je ne pouvais pas prendre toutes nos affaires. »
Filippo Grandi s’est rendu au camp de Debaga 2 au milieu d'une offensive militaire majeure menée par les forces irakiennes et kurdes pour reprendre la ville de Mossoul. Il a souligné que la priorité absolue est la protection des civils.
Une telle politique permettrait d'éviter un nouvel afflux de personnes déplacées depuis Mossoul et ses environs dans le nord de l’Iraq qui est déchiré par le conflit.
« Plus les civils se sentiront protégés à l'intérieur de Mossoul, moins ils deviendront des déplacés », a déclaré Filippo Grandi lors de sa visite. « Et pour ceux qui se sentent ils doivent partir car c’est dangereux, ils doivent être traités avec dignité et dans le respect de leurs droits. »
« Plus les civils se sentiront protégés à l'intérieur de Mossoul, moins ils deviendront des déplacés. »
Le Haut Commissaire est en visite en Iraq pour quatre jours. Il a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de protéger les civils alors que les militaires iraquiens combattent pour récupérer la deuxième ville du pays, qui avait été prise par des militants en juin 2014.
Les graves dangers rencontrés par des milliers de civils fuyant Mossoul et ses villages environnants ont été relayés par d'autres personnes déplacées récemment arrivées dans le vaste complexe de Debaga, situé à seulement 40 kilomètres de la ligne de front.
« Nous avons dû partir, nous voulions juste pour avoir la vie sauve », a déclaré Mnifah. Elle a fui Hawiga la semaine dernière. Ensemble, explique-t-elle, trois familles ont payé un total de 5600 dollars US à un « guide » qui leur a montré le chemin.
Ils ont marché pendant sept heures le long des routes parsemées de mines et d'engins explosifs improvisés.
Le complexe de trois sites de camps à Debaga abrite aujourd'hui près de 30 000 personnes sous des tentes du HCR disposées en rangées à perte de vue sur une plaine poussiéreuse plate et un soleil chaud. Les températures ont commencé à chuter dans la nuit.
Le HCR a ouvert cinq camps pouvant abriter au total 45 000 personnes dans la région et espère avoir établi 11 camps au total dans les prochaines semaines. Ces camps pourraient abriter 120 000 personnes.
La visite de quatre jours de Filippo Grandi en Iraq comprenait également des réunions de haut niveau à Bagdad et à Erbil, y compris avec le Premier Ministre iraquien Haider Al-Abadi. Filippo Grandi a souligné que le HCR et ses partenaires doivent planifier les programmes au-delà du court terme dans cette crise.
« Le HCR et de nombreux partenaires se concentrent sur le prépositionnement de tentes, de matériel d'abri et d’articles de secours pour aider les arrivants dans la phase initiale, mais aussi tout au long de l'hiver. Nous devons nous assurer qu'ils obtiennent une aide pour l'hiver. »
Le Haut Commissaire a réitéré que la priorité actuellement est d’obtenir un accord avec les autorités du gouvernement régional sur des sites qui pourraient abriter des personnes déplacées par l'offensive.
« Les sites doivent être sûrs, ce qui signifie dans un lieu éloigné des combats », a déclaré Filippo Grandi. « Et les sites doivent être dégagés des mines antipersonnel et autres munitions militaires. »