Le nombre de rapatriés burundais assistés par le HCR a dépassé la barre des 350 000 personnes
Le nombre de rapatriés burundais assistés par le HCR a dépassé la barre des 350 000 personnes
BUJUMBURA, Burundi, 15 août (UNHCR) - Le nombre de réfugiés burundais ayant reçu l'aide de l'UNHCR au cours des cinq dernières années a dépassé la barre des 350 000 personnes. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a aidé quelque 270 000 individus à regagner leur foyer à bord de bus et de camions, dans le cadre de l'un des plus importants programmes de rapatriement menés par l'agence en Afrique. Elle a aussi assisté quelque 80 000 personnes qui étaient rentrées au Burundi par leurs propres moyens.
La barre des 350 000 personnes a été franchie mardi, lorsque des convois transportant plus de 1 500 réfugiés ont traversé la frontière avec la Tanzanie et sont arrivés dans trois centres de transit de l'UNHCR dans les provinces de Makamba, Ruyigi et Muyinga.
L'agence pour les réfugiés a aussi soutenu la réintégration de dizaines de milliers de rapatriés par son soutien financier à des projets de logement, par une assistance juridique et la reconstruction de cliniques et de centres de santé.
Cette année, le rythme des retours s'est accéléré à partir du mois de juillet, lorsque l'UNHCR a accordé à chaque rapatrié une allocation financière de 50 000 francs burundais (l'équivalent de 45 dollars), afin d'aider les personnes concernées à débuter leur nouvelle vie, une fois rentrées au Burundi.
Mercredi, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a prévu d'augmenter son aide alimentaire aux rapatriés, en faisant passer sa durée de quatre à six mois. Des représentants de l'UNHCR et du PAM ont précisé que l'allocation financière et l'augmentation des parcelles alimentaires pourraient aider à accroître les chiffres du rapatriement et ont donc réclamé avec insistance le soutien des donateurs.
Quelque 12 300 Burundais sont rentrés chez eux cette année, dont plus 8 000 depuis le mois de juillet. L'UNHCR prévoit de rapatrier, au total, environ 65 000 personnes au cours de l'année, dont 60 000 depuis les camps installés dans le principal pays d'accueil, la Tanzanie. Un grand nombre de Burundais se trouve également au Rwanda et en République démocratique du Congo.
Les personnes rentrées mardi ont reçu la première tranche de l'allocation financière, ainsi que des articles non alimentaires tels que des couvertures, des jerrycans, des bâches en plastique, des outils et des semences. Ils ont également reçu des colis de nourriture du PAM. Par ailleurs, ils ont passé des tests médicaux et pris un repas chaud avant d'entreprendre le voyage jusqu'à leurs villages d'origine, à bord de camions fournis par PARESI, le partenaire gouvernemental de l'UNHCR.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a commencé à soutenir le rapatriement des réfugiés burundais en avril 2002 et, la situation sécuritaire continuant à s'améliorer, elle a débuté la promotion active du rapatriement en juin 2006. La réintégration reste toutefois difficile pour beaucoup de rapatriés, en raison des infrastructures dévastées par les années de guerre et des services qui ne fonctionnent plus.
En mars dernier, l'UNHCR et le PAM ont publié une étude conjointe portant sur la situation des rapatriés dans 10 provinces. La quasi-totalité des rapatriés interrogés ont déclaré ne pas regretter leur décision de rentrer, mais beaucoup se sont plaints du manque de nourriture, des conditions d'hébergement difficiles, du manque de soins médicaux et des problèmes qu'ils rencontrent pour accéder à la terre.
« C'est très encourageant de voir les communautés locales accueillir et soutenir les rapatriés, dont beaucoup ont vécu en exil depuis 1993. Les cas de discrimination à leur encontre sont rares », a indiqué Bo Schack, délégué de l'UNHCR au Burundi.
Il a toutefois demandé un effort international plus conséquent pour améliorer la situation socio-économique au Burundi, condition préalable qui peut garantir un retour durable. « L'extrême pauvreté de nombreuses zones de retour demeure un grand problème. Il existe des besoins de développement considérables qui vont bien au-delà des ressources limitées dont l'UNHCR dispose pour l'assistance humanitaire », a dit Bo Schack.
Afin de soutenir l'intégration à long terme, l'UNHCR fournit des matériaux de construction aux familles de rapatriés vulnérables. Depuis 2003, plus de 51 000 maisons ont été bâties avec l'aide de l'agence, et 6 750 habitations supplémentaires seront terminées cette année. Entre 2002 et 2006, l'UNHCR a également rénové 13 centres de santé et construit, ou remis à neuf, quelque 500 classes dans des zones de retour.
L'UNHCR et certains de ses partenaires non gouvernementaux ont mis en place un réseau de contrôle et d'assistance juridique pour vérifier que les rapatriés ont bien accès à leurs propriétés et ne sont pas menacés ou discriminés, une fois de retour dans leurs villages.
Grâce au mouvement de retour vers le Burundi, on a enregistré une diminution considérable de la taille et du nombre des camps de réfugiés en Tanzanie, qui accueille maintenant moins de 150 000 réfugiés burundais dans seulement quatre camps. En 2002, plus de 500 000 Burundais vivaient dans dix camps situés sur le territoire tanzanien.
Selon le Gouvernement tanzanien, quelque 200 000 personnes vivent dans des installations en dehors des camps, dont la plupart ont fui le Burundi après le conflit interne de 1972. Seul un petit nombre d'entre eux sont rentrés.
Par Andreas Kirchhof à Bujumbura, au Burundi