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Le monde prend de plus en plus conscience de votre sort, déclare le chef du HCR aux réfugiés iraquiens

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Le monde prend de plus en plus conscience de votre sort, déclare le chef du HCR aux réfugiés iraquiens

Le Haut Commissaire António Guterres a déclaré vendredi aux dirigeants de la communauté réfugiée que le monde prenait de plus en plus conscience du désastre humanitaire auquel sont confrontés les millions d'Iraquiens déracinés. Il a promis de continuer à défendre et à faire connaître la cause des Iraquiens qui n'ont eu d'autre choix que de fuir leur pays et à plaider en faveur des pays qui les accueillent et luttent pour leur venir en aide.
9 Février 2007 Egalement disponible ici :
Le Haut Commissaire António Guterres (assis à la table, portant une cravate) rencontre des réfugiés iraquiens dans les locaux de l'UNHCR à Damas.

DAMAS, Syrie, 9 février (UNHCR) - Le Haut Commissaire António Guterres a déclaré vendredi aux dirigeants de la communauté réfugiée que le monde prenait de plus en plus conscience du désastre humanitaire auquel sont confrontés les millions d'Iraquiens déracinés.

Au cours d'une discussion qui a duré trois heures et connu des instants de vive émotion, António Guterres s'est adressé à une vingtaine de représentants de l'immense communauté iraquienne de Damas. Il les a informés que l'UNHCR était en train de renforcer ses programmes dans l'ensemble de la région. Il a aussi promis de continuer à défendre et à faire connaître la cause des Iraquiens qui ont dû fuir leur pays et à plaider en faveur des pays qui les accueillent et luttent pour leur venir en aide, en particulier la Syrie et la Jordanie.

« Nous sommes face à un désastre humanitaire », a déclaré António Guterres lors du dernier jour de sa visite dans la région, une visite qui a duré une semaine et l'a amené à se rendre en Arabie saoudite, au Koweït et en Jordanie. « Jusque récemment, lorsque l'Iraq était évoquée dans les médias, l'attention se portait sur la situation militaire et politique, pas sur le problème de déplacement. Cette situation est en train de changer. Le problème est si grand qu'il ne peut être ignoré. »

Quelque 1,8 million d'iraquiens sont actuellement déplacés à l'intérieur de leur pays, auxquels s'ajoutent deux millions de leurs compatriotes qui se sont enfuis dans les pays voisins, principalement en Syrie et en Jordanie. L'an passé, l'UNHCR avait connu de grandes difficultés à obtenir les 29 millions de dollars nécessaires au financement de ses programmes régionaux relatifs à l'Iraq. Dans le contexte de la crise actuelle de déplacement et alors que 40 à 50 000 personnes supplémentaires fuient leur foyer chaque mois, l'agence a lancé, le mois passé, un appel d'un montant de 60 millions de dollars pour l'année 2007.

António Guterres a expliqué aux représentants des réfugiés que le renforcement des opérations menées par son agence incluait davantage d'aide directe à la population iraquienne présente en Syrie, un soutien accru aux organisations humanitaires et aux ministères publics syriens ainsi qu'une plus grande coopération avec ceux-ci.

Parmi les représentants des réfugiés, nombreux sont ceux à avoir déclaré au Haut Commissaire qu'outre la sécurité, l'une de leurs préoccupations majeures tenait à l'éducation de leurs enfants et à l'accès aux soins de santé. La Syrie abrite actuellement un million d'Iraquiens, dont la plupart s'est enfuie pour rejoindre Damas. Le Gouvernement syrien déclare qu'ils font peser une énorme pression sur les écoles, les structures médicales et les autres services sociaux et que leur présence a abouti à une augmentation du prix des locations et du coût de la vie dans toute la capitale.

« Nous avons désormais un nouvel accord avec notre partenaire, la Société du Croissant-Rouge arabe syrien, et finalisons actuellement d'autres partenariats avec le Ministère de la santé, celui de l'éducation ainsi que celui de l'enseignement supérieur », a indiqué António Guterres. « Parallèlement nous convoquons une conférence internationale humanitaire sur le déplacement en Iraq en avril pour attirer davantage l'attention pas simplement sur l'UNHCR, mais sur la Syrie et la Jordanie et surtout les populations elles-mêmes. »

Nombre des représentants des réfugiés iraquiens ont exprimé leur gratitude envers la générosité du peuple syrien, mais ils ont aussi fait part de leur crainte de devoir rentrer en Iraq. Ils ont décrit les difficultés de leur vie en exil. « Nous sommes un peuple ancien doté d'une culture, d'un savoir et d'une énergie », a dit un homme en larmes. « Maintenant, regardez nous. Que va-t-il advenir de nous, de nos enfants dans les années à venir ? »

« S'il vous plaît, dites au reste du monde ce que vous avez vu en Syrie et en Jordanie », a-t-il demandé à António Guterres, « car vous allez être notre porte-parole dans le monde entier. Tout ce que nous disons autour de cette table n'est qu'un petit échantillon de la très grande souffrance du peuple iraquien. A nous seuls, nous ne sommes pas en mesure de retranscrire pleinement l'extrême douleur endurée par notre pays. »

Un adolescent a indiqué à António Guterres qu'en Iraq, il était un étudiant d'un bon niveau et un joueur de football promis à un brillant avenir. Retenant ses larmes, il a expliqué comment il avait dû quitter son école et abandonner le sport, après que sa famille ait fui en Syrie. Elle arrive maintenant à peine à gagner suffisamment pour s'en sortir.

« Nous avions un bon niveau de vie avant en Iraq », a indiqué une femme réfugiée. « Nous sommes des gens éduqués. Notre vie était bien établie, avec des emplois et de la stabilité. Nous étions propriétaires de maisons et de voitures, comme tout le monde. Tout a changé maintenant. Désormais nous vivons dans des bidonvilles à Damas, dans des constructions en béton qui ne sont même pas conçues pour accueillir des personnes. Nos enfants ne peuvent aller à l'école et beaucoup en sont réduits à mendier dans les rues. »

Plusieurs réfugiés ont indiqué que des femmes et des jeunes filles étaient forcées de recourir à la prostitution pour soutenir leurs familles et qu'il est urgent de les aider avec davantage de services sociaux.

António Guterres a indiqué aux Iraquiens qu'il ne fallait pas laisser les divisions sectaires croissantes qui existent en Iraq prendre racine dans leur communauté en exil. « Ce que nous voulons tous, c'est la paix en Iraq car seule la paix en Iraq pourra résoudre le problème », a-t-il indiqué, ajoutant aussi, « ne laissez pas arriver ici les divisions observées en Iraq. Vous avez besoin de développer le sens de la communauté entre vous tous, et celui de la tolérance envers chacun. »

Par Ron Redmond à Damas, Syrie