Le HCR se mobilise face au niveau « alarmant » de la mortalité infantile dans un camp éthiopien
Le HCR se mobilise face au niveau « alarmant » de la mortalité infantile dans un camp éthiopien
DOLLO ADO, Ethiopie, 16 août (HCR) - Le HCR a indiqué mardi que le taux de mortalité infantile a atteint un niveau « alarmant » parmi les nouveaux arrivants. Depuis l'ouverture du camp de Kobe en juin, 10 décès d'enfants âgés de moins de cinq ans sont enregistrés chaque jour en moyenne.
La malnutrition aiguë serait la principale cause de ce taux élevé de mortalité infantile dans le camp de réfugiés de Kobe, qui a été ouvert pour faire face à l'afflux de dizaines de milliers de Somaliens ayant traversé la frontière vers la zone de Dollo Ado pour échapper à la famine, à la sécheresse et au conflit dans leur pays.
L'apparition de cas suspects de rougeole a aggravé le problème et aurait causé certains des décès. A Kobe et dans tous les trois sites de Dollo Ado, « nous avons observé 150 cas suspects de rougeole et 11 décès qui y étaient liés », a indiqué Adrian Edwards, le porte-parole du HCR. « Les effets combinés de la maladie et de la malnutrition avaient causé des taux de mortalité similaires durant les précédentes crises de famine observées dans la région », a-t-il indiqué.
Le docteur Christopher Haskew, administrateur au HCR pour la santé publique, a indiqué que la rougeole est une maladie hautement contagieuse et dévastatrice pour les enfants, et tout spécialement ceux qui souffrent de malnutrition aiguë. Il a expliqué que la priorité absolue pour le HCR consiste désormais à empêcher les personnes de mourir du fait de cette épidémie.
Adrian Edwards a indiqué que le HCR « travaille avec ses partenaires pour répondre à cette urgence et pour contrôler l'apparition de cas suspects de rougeole. » Une campagne de vaccination massive contre la rougeole s'est achevée hier (lundi) dans le camp de Kobe pour tous les enfants âgés de six mois à 15 ans. Elle continue dans les autres camps ces prochains jours.
La priorité absolue pour tous les partenaires travaillant dans les camps est de faire connaître les programmes de soins de santé et de nutrition disponibles auprès des réfugiés, dont beaucoup n'ont jamais eu accès auparavant à ces services. « Il est nécessaire d'encourager les parents à retourner avec leurs enfants dans les dispensaires pour continuer le traitement contre la malnutrition, et pour identifier les enfants malades afin qu'ils reçoivent des soins immédiats », a indiqué Adrian Edwards.
Le HCR travaille également avec des représentants de réfugiés et des travailleurs communautaires pour faire connaître les symptômes de la rougeole et sensibiliser sur les règles d'hygiène. Conjointement avec le Gouvernement éthiopien et les partenaires, le HCR s'attaque à d'autres causes profondes du taux élevé de mortalité en améliorant notamment la nutrition, l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement des eaux usées.
Ailleurs en Ethiopie, quelque 17 500 Somaliens ont traversé la frontière vers les zones de Gode et Afder ces six dernières semaines, selon une mission conjointe sur le terrain menée par le HCR et le Gouvernement éthiopien. Ce sont deux nouveaux points d'entrée dans le pays et ils sont situés à environ 250 kilomètres au nord-est de Dollo Ado, la première destination en Ethiopie pour les Somaliens fuyant l'insécurité, la sécheresse et la faim dans leur pays d'origine.
La plupart des nouveaux arrivants sont originaires des régions de Bakool et Bay, et d'autres des régions de Gedo et Hiran en Somalie. Ils ont établi des abris de fortune dans cinq lieux distincts.
Selon des évaluations préliminaires, environ 95% des nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants, la majorité d'entre eux dans un état de santé alarmant et en insuffisance nutritionnelle. « Le HCR et le Gouvernement éthiopien ont décidé de fournir immédiatement un mois de ration alimentaire à tous les nouveaux arrivants », a indiqué Adrian Edwards.
La mission a fait part de sa préoccupation sur le manque d'abris et de soins de santé, l'absence de système d'assainissement des eaux usées et la surpopulation qui ouvrent la voie à des maladies comme la diarrhée aiguë, la rougeole et la coqueluche. L'équipe a insisté sur l'urgence d'acheminer des médicaments essentiels dans cette région.
Des discussions sont actuellement menées avec le gouvernement et les partenaires pour transférer ce groupe vers les camps de Dollo Ado. Cependant, les nouveaux arrivants sont dans un état de grande faiblesse et auraient besoin d'un peu de temps pour retrouver de l'énergie afin d'être transférés.
En Somalie, le dernier des trois vols prévus dans le cadre du pont aérien humanitaire du HCR vers la Somalie a atterri à Mogadiscio samedi matin, complétant ainsi la cargaison de 100 tonnes de matériel d'aide humanitaire.
Le même jour, le HCR a distribué quelque 500 colis d'assistance d'urgence dans le camp d'Al Adala qui abrite quelque 2 000 familles somaliennes déplacées (soit environ 13 000 personnes). Ce camp est situé à proximité de l'aéroport de Mogadiscio. D'autres distributions d'aide d'urgence seront réalisées dans les sites d'Al Adala et d'autres sites de déplacés à travers Mogadiscio avant la fin du mois.
Avant la crise actuelle, la capitale somalienne accueillait quelque 370 000 déplacés internes. Quelques 100 000 autres ont afflué vers Mogadiscio durant les seuls mois de juin et de juillet - en quête de nourriture, d'eau, d'abri et d'une aide médicale, selon le personnel du HCR.
L'équipe du HCR a décrit les conditions dans le site d'Al Adala comme étant déplorables et tragiques. Des pleurs d'enfants et des flambées de toux se font entendre à travers tout le site de déplacés.
De petits abris de fortune sans matelas ou couchage sont caractéristiques de cette installation surpeuplée. Beaucoup d'enfants sont couchés à même le sol, sans force. Ils souffrent de la rougeole, comme beaucoup d'autres dans le site, selon les dires des déplacés.
Parallèlement, au Kenya, les équipes du HCR continuent de mener le travail d'urgence pour accroître les capacités du camp d'Ifo Extension (connu auparavant sous les noms d'Ifo2 et Ifo3) et du camp de Kambioos au sein du complexe de camps de réfugiés de Dadaab. Les transferts de réfugiés vers le site de Kambioos, initialement prévus pour le week-end dernier, ont été reportés et devraient se dérouler à la fin de cette semaine. Environ 600 tentes ont déjà été montées à ce jour. Les transferts vers la zone d'Ifo3 du camp d'Ifo Extension continuent.
Depuis le 28 juillet, plus de 15 000 réfugiés somaliens ont été transférés vers de nouvelles tentes. Les travaux de tracé et d'abornement des parcelles de terrain, d'installation d'équipements de base et de montage des tentes continuent dans la partie Ifo2 du camp d'Ifo Extension. Les camps de Dadaab hébergent désormais plus de 440 000 réfugiés somaliens.