Le Gouvernement iraquien transporte par bus des réfugiés de retour de Syrie

DAMAS, Syrie, 28 novembre (UNHCR) - Un convoi de bus, transportant quelque 800 Iraquiens, a quitté la capitale syrienne, Damas, et traversé la frontière pour rejoindre Bagdad. Des représentants du Gouvernement iraquien, présents lors du départ mardi après-midi, ont indiqué que la sécurité aérienne et terrestre serait assurée tout au long de la route vers la capitale iraquienne en proie à des troubles.

Mardi soir, des employés de l'UNHCR, qui étaient présents au point de passage de la frontière d'Al Tanf, ont vu au moins 15 bus, transportant chacun 30 à 35 personnes passer devant le poste de douane iraquien. Ils ont dit avoir entendu que d'autres étaient déjà passés auparavant. Le convoi devait arriver à Bagdad mercredi. L'UNHCR prévoit de donner un kit de retour aux réfugiés.

Des employés de l'UNHCR chargés de la protection se sont entretenus avec de nombreuses familles sur le point d'être rapatriées, alors qu'elles s'apprêtaient à monter dans le bus à Damas. La plupart leur ont dit qu'elles rentraient en Iraq car elles n'ont plus d'argent et n'ont plus les moyens de vivre en Syrie, un pays qui accueille plus de 1,4 million de réfugiés iraquiens. Quelques-uns ont précisé qu'ils voulaient vérifier la situation en Iraq, après avoir reçu des informations faisant état de l'amélioration de la sécurité de l'autre côté de la frontière.

Les réfugiés ont aussi rapporté toutes leurs possessions, des vêtements en passant par les réfrigérateurs. Cependant, alors qu'un groupe d'hommes iraquiens agitaient fièrement des drapeaux iraquiens dans les bus, beaucoup d'autres arboraient une mine sombre et anxieuse, en chargeant leurs sacs dans les cars.

Le Ministère iraquien des transports a financé le convoi et les représentants du Gouvernement iraquien ont indiqué qu'il avait été rendu possible grâce à l'amélioration de la sécurité à Bagdad et dans ses environs ces dernières semaines. Ils ont attribué cette amélioration au renforcement, ou « intensification », des forces militaires américaines.

« Ce convoi est une invitation du Premier Ministre iraquien [Nouri al-Maliki] adressée aux réfugiés pour qu'ils rentrent chez eux car la situation sécuritaire s'est améliorée », a indiqué Hassan Abd Al Aziz, chargé d'affaires de l'ambassade d'Iraq en Syrie.

Certains réfugiés rentrent en Iraq, car ils disent être convaincus que le pays est plus sûr. « Je veux partir car la situation sécuritaire en Iraq est bien meilleure et l'atmosphère est moins dangereuse », a indiqué Abu Ali, un réfugié de Bagdad, en attendant de monter dans un bus avec ses trois enfants.

Mais de nombreux réfugiés ont indiqué que des considérations financières, plutôt que sécuritaires, avaient constitué le facteur décisif dans leur décision de rentrer. « Je n'ai plus d'argent et mon visa a expiré », a dit Ahmed Hussein, originaire du quartier de Sadr City à Bagdad. « Bien sûr, je préfèrerais rester ici, mais je ne peux pas », a-t-il ajouté.

Les chiffres rassemblés par l'UNHCR montrent que seulement 14 pour cent des réfugiés iraquiens rentrent car la situation sécuritaire s'est améliorée. Environ 70 pour cent d'entre eux partent à cause du durcissement de la politique de visa, car ils n'ont pas le droit de travailler et ils n'ont plus les moyens de rester davantage en Syrie.

Des affiches annonçant les convois de retour ont été collées principalement dans le quartier de Seida Zainab à Damas, où habitent environ 350 000 réfugiés iraquiens. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés n'a pas participé à l'organisation de cette opération et reste préoccupée par la situation en Iraq.

« Pour la première fois, des réfugiés iraquiens étudient la possibilité d'un retour en Iraq », a indiqué Laurens Jolles, délégué de l'UNHCR en Syrie, avant d'ajouter : « L'UNHCR n'est pas en position de recommander un retour actuellement, mais reconnaît l'effort du Gouvernement iraquien pour soutenir les personnes qui rentrent. »

La semaine dernière, l'UNHCR avait estimé que près de 600 Iraquiens quittaient la Syrie chaque jour, tout en remarquant que tous n'étaient pas des réfugiés. Parallèlement, le Gouvernement iraquien indique que 45 000 Iraquiens sont rentrés de Syrie en octobre.

L'UNHCR va continuer à aider un grand nombre de ceux qui restent en Syrie. L'agence pour les réfugiés va fournir, le mois prochain, un soutien financier à environ 7 000 familles et distribuer de la nourriture à quelque 51 000 personnes. L'UNHCR va aussi soutenir financièrement l'accès aux soins de santé pour les réfugiés iraquiens qui le demandent.