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A la recherche des camps de fortune au Pakistan

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A la recherche des camps de fortune au Pakistan

En tant que responsable de la gestion des camps, les équipes de l'UNHCR doivent à la fois recenser les camps improvisés qui se sont créés dans la zone du tremblement de terre et aider les personnes qui y sont installées. Cette recherche leur a valu de périlleux trajets en voiture sur de très mauvaises routes et de longues marches à pied à travers un terrain particulièrement accidenté au nord du Pakistan, relate Vivian Tan de l'UNHCR.
14 Décembre 2005 Egalement disponible ici :
La recherche des camps improvisés au nord du Pakistan, comme celui-ci situé dans le haut de la vallée de Siran, constitue un énorme défi logistique.

VALLEE DE SIRAN, Pakistan, 14 décembre (UNHCR) - Le Land Cruiser avance sur une piste étroite, sinueuse et boueuse, qui serpente à flanc de montagne avec des virages en épingle dont une partie de la terre s'est effondrée. En face, un tracteur chargé de foin approche. Il survient alors un face à face délicat avant que le Land Cruiser ne recule, manoeuvrant en dehors des traces mètre par mètre dans une légère épaisseur de neige. Une seule fausse manoeuvre et le véhicule plonge dans une rivière glacée à plusieurs centaines de mètres en contrebas.

Les passagers sortent alors de la voiture. Ignorant ce moment d'angoisse, Ashfaq Ahmad montre le tracteur et son précieux chargement : « Le foin est utile pour s'équiper contre les rigueurs de l'hiver. Placez-en sous la tente, cela fait un rembourrage et de la chaleur - notamment dans les hautes altitudes. »

Ashfaq, montagnard averti, sait de quoi il parle. Il fait partie de l'équipe de l'UNHCR qui sort des sentiers battus pour rechercher les camps de fortune, créés par les survivants du séisme dans la vallée de Siran, dans la Province frontière du Nord-Ouest, au Pakistan.

Le long du chemin, l'équipe rencontre toutes sortes d'abris éparpillés, de toutes les formes, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, se découpant sur le flanc de montagne en terrasses vertes. Il y a des tentes, des structures en bois, des maisons de tôles ondulées en forme de dôme. Certains sont perchés près des pics neigeux ; d'autres sont situés précairement au pied de glissements de terrain, qui ont laissé des balafres longues et blanches sur le flanc rocheux.

L'UNHCR a identifié au moins 333 de ces camps de fortune qui ont vu le jour dans la zone du tremblement de terre. Ces installations vont depuis les grands campements qui ont proliféré dans les principales villes et autour, jusqu'aux petits groupes de tentes établis dans les cours derrière des maisons endommagées dans les villages isolés. Beaucoup d'entre eux sont mal organisés, surpeuplés et manquent des plus élémentaires services de base comme la distribution de l'eau, les sanitaires, les soins de santé et l'éducation. S'ils restent en l'état sans surveillance, des maladies comme la gale, des infections respiratoires, des pneumonies ou des diarrhées pourraient facilement se développer.

Rechercher ces camps éparpillés a constitué un énorme défi logistique dans la région montagneuse du nord du Pakistan, selon un employé de l'UNHCR qui a dû conduire et quelquefois marcher en montagne pendant des heures pour atteindre des villages isolés. L'agence a travaillé avec le gouvernement, d'autres organismes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales (ONG) pour identifier et assister ces sites avant que l'hiver ne les coupe du monde.

Après le passage du tracteur, l'équipe de l'UNHCR a atteint un camp de tentes appelé Service Industry Camp. Un total de 112 familles originaires de la région vivent ici dans des tentes (fournies par l'armée et les industries de service) installées sur les terrasses qui bordent la vallée. Même sous le soleil de la mi-journée, le vent est glacial.

« Quand il a neigé le week-end dernier, certaines des tentes se sont effondrées », dit Yasin, un homme aux yeux verts. « Cette région est enfouie sous un à deux mètres de neige chaque année. »

Un autre villageois, Bibi Parijan, dit « nous avons fait un feu dans notre tente et nous l'avons incendiée. Ma fille a été blessée et envoyée à l'hôpital de Mansehra ». La petite fille de 12 ans est soignée dans un hôpital situé à une distance d'environ deux heures en voiture. Le gouvernement a offert à la famille une compensation pour les pertes et les blessures, mais Bibi Parijan a toujours besoin d'une nouvelle tente.

« Environ 60 % des maisons ont été détruites », dit Yasin. « Heureusement, nous avons organisé de quoi sauver de la nourriture et des articles ménagers de la maison. Et nous pouvons encore utiliser les toilettes. » L'ONG Service catholique de secours construit davantage de sanitaires pour faire face aux besoins des habitants.

Les villageois disent que l'approvisionnement en eau est le besoin le plus urgent, car 40 à 50 % des conduites sont percées. Un filet d'eau est tout ce qui apparaît quant ils ouvrent le robinet. Pour évaluer l'importance des dégâts et les réparations nécessaires, les équipes de l'UNHCR se sont jointes aux villageois pour vérifier les sources d'eau plusieurs centaines de mètres au-dessus du village.

D'autres dégâts concernent une école effondrée - 120 enfants vont à présent en classe en plein air - et une clinique détruite. Les villageois maintenant doivent marcher 11 km sur des chemins de montagne pour trouver à plus basse altitude une assistance médicale.

Quand on lui demande pourquoi il ne veut pas descendre vers les camps du gouvernement ou des ONG dans les vallées, malgré les défis auxquels il doit faire face en restant dans son village, un homme dit, « je ne peux pas quitter mes animaux », en parlant de son troupeau, son moyen de subsistance dans les montagnes. D'autres disent qu'ils ont peur de perdre leur terre ou que leurs traditions ne leur permettent pas de vivre trop près d'étrangers.

Yasin dit simplement « nous sommes heureux ici. C'est notre terre. Nous ne voulons pas partir. Les ONG nous ont donné beaucoup. Nous espérons qu'avec ces tôles ondulées, nous allons pouvoir rester et lutter contre l'hiver, inch'Allah. »

Ashfaq de l'UNHCR est d'accord : « Ce sont des montagnards habitués à des hivers rudes. Beaucoup nous ont dit ne pas avoir besoin de camps - ils ont simplement besoin de matériel pour réparer leur maison. »

En effet, sur le chemin, on peut voir des villageois décharger des madriers et porter à l'épaule de longs rouleaux de tôle ondulée pour les apporter vers leur maison. Ils distancent souvent les camions roulant péniblement sur les routes de montagne. La construction se poursuit dans toute la vallée.

Les militaires et des ONG comme Mercy Corps ont déjà distribué des matériels de secours et de construction à de nombreux villageois parmi les 51 000 habitants de cette vallée. En tant que responsable de la gestion du camp dans le cadre de la réponse conjointe des Nations Unies, l'UNHCR informe les autorités locales des pénuries recensées dans les camps spontanés. Il partage aussi l'information avec des partenaires tels que l'UNICEF, qui supervise les problèmes d'eau et de sanitaires.

« C'est mieux d'aider les gens dans leurs villages, alors ils peuvent y rester et reconstruire », dit Michael Zwack, qui dirige la gestion du camp. « Aussi difficiles que soient les problèmes que nous nous efforçons de résoudre, les camps ne peuvent pas fournir des conditions de vie idéales pour eux. »

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a jusqu'à présent distribué 20 067 tentes, 60 875 bâches en plastique, 322 904 couvertures, 27 398 jerricans, 21 754 kits de cuisine, 10 499 matelas, 3 751 réchauds, 1 209 sacs de couchage et 26 224 savonnettes dans les camps organisés gérés par les autorités du Pakistan ou les ONG, aussi bien que dans les camps de fortune et les villages isolés situés au-dessus de 1 500 m d'altitude.

La recherche des camps improvisés au nord du Pakistan, comme celui-ci situé dans le haut de la vallée de Siran, constitue un énorme défi logistique.

Actuellement, on fournit du matériel et une assistance technique à une quarantaine de camps organisés ainsi qu'à un nombre croissant de camps spontanés. En plus de cette distribution humanitaire, 20 équipes mobiles sont maintenant sur le terrain afin de résoudre les problèmes techniques comme l'eau et les sanitaires, ainsi que pour former les résidents des camps à préparer leur tente pour l'hiver, et à traiter des problèmes comme l'amélioration de l'hygiène et la réduction des risques de feu.

Par Vivian Tan, dans la vallée de Siran