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La nouvelle saison de navigation marque la reprise de la traite d'êtres humains entre la Somalie et le Yémen

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La nouvelle saison de navigation marque la reprise de la traite d'êtres humains entre la Somalie et le Yémen

Le trafic mortel d'êtres humains dans le Golfe d'Aden de la Somalie vers le Yémen a repris pour une nouvelle saison, avec l'arrivée de quatre bateaux de pêche surchargés en moins d'une semaine.
7 Septembre 2006 Egalement disponible ici :
Des Ethiopiens dans un centre de distribution d'alimentation dans le port autonome de Bossasso dans le Somaliland, d'où les trafiquants d'êtres humains font partir les bateaux pour la traversée du Golfe d'Aden vers le Yémen. De nombreux Ethiopiens effectuent cette traversée périlleuse.

BIR ALI, Yémen, 7 septembre (UNHCR) - La traite d'êtres humains dans le Golfe d'Aden de la Somalie vers le Yémen a repris pour une nouvelle saison, avec l'arrivée de quatre bateaux de pêche surchargés en moins d'une semaine.

Des survivants du premier bateau ont rapporté la mort de quatre personnes survenue lorsque l'équipage les a forcées à sauter par-dessus bord, alors que le bateau était encore éloigné des côtes. Ces premiers décès seront sans doute suivis par des centaines d'autres pendant la saison allant de septembre à avril, au cours de laquelle les conditions de navigation sont favorables.

« Bien que la mer soit encore mauvaise, la saison de navigation a commencé. Des centaines de personnes, à la recherche d'un asile ou de meilleures conditions économiques, mourraient en mer chaque année après être tombées entre les griffes des trafiquants, » explique Adel Jasmin, délégué de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés au Yémen.

Les quatre bateaux, qui ont commencé à arriver depuis samedi dernier, transportaient 363 passagers, en plus des quatre noyés. Si la situation des années précédentes se reproduit, un bateau transportant environ 100 passagers pourrait arriver chaque jour.

« La plupart des individus interrogés par l'UNHCR disent avoir quitté la Somalie à cause de la situation permanente d'insécurité, de la sécheresse et des conditions économiques très dures », ajoute Adel Jasmin. « Ils ont raconté qu'ils n'avaient ni eau ni nourriture à bord et que le traitement que leur a infligé par l'équipage a été inhumain, comme d'habitude. »

« Les survivants ont dit que l'équipage battait les passagers. Ils ont également contraint certaines personnes à sauter par-dessus bord samedi dernier alors qu'ils étaient encore en eau profonde, provoquant ainsi la mort de quatre d'entre eux. Seuls deux corps ont été retrouvés et enterrés anonymement sur la côte », a affirmé Adel Jasmin.

Les passeurs opèrent depuis le port commercial de Bossasso au Puntland, une région autoproclamée autonome du nord-est de la Somalie, à plus de 300 kilomètres du Yémen. La plupart des passagers sont somaliens, mais les bateaux transportent également un grand nombre d'Ethiopiens. L'UNHCR s'est entretenu avec certaines personnes qui étaient originaires de pays aussi lointains que le Sri Lanka.

« Le premier groupe arrivé cette saison avait attendu une semaine avant de pouvoir effectuer la traversée par bateau de Bossasso vers le Yémen. Ils ont indiqué que de nombreux groupes attendent pour faire la traversée à leur tour », a indiqué Jasmin. « Les survivants parlent de trois bateaux pleinement opérationnels pouvant actuellement effectuer les allers et retours entre le Puntland et le Yémen pour acheminer des personnes. »

Ces voyages périlleux continuent malgré les appels répétés de l'UNHCR pour réclamer une action de la communauté internationale afin de régler le problème de la traite d'êtres humains et réduire les pertes en vies humaines. Des centaines de personnes sont mortes avant d'avoir atteint la côte lors de chacune des trois précédentes saisons de navigation.

Dans la région, l'UNHCR a mené des campagnes d'information auprès des populations sur les dangers de recourir à des passeurs pour traverser le Golfe d'Aden. Cette année, l'UNHCR a produit une vidéo et des annonces radio pour que les risques encourus soient mieux connus.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a appelé la communauté internationale à faire pression sur les autorités locales du Puntland pour qu'elles sévissent contre les passeurs. Parallèlement, l'UNHCR a appelé les donateurs à soutenir les efforts de la communauté internationale pour aider les personnes déplacées internes au Puntland, où les conditions de vie très difficiles encouragent les gens à prendre des décisions désespérées, comme celle de risquer leur vie lors d'une traversée vers le Yémen.

L'UNHCR et l'Organisation maritime internationale ont préparé une brochure pour conseiller les propriétaires de bateaux et les capitaines, les gouvernements, les compagnies d'assurance et d'autres parties qui pourraient être impliquées dans les sauvetages de boat people comme ceux qui naviguent vers le Yémen.

Cette brochure a pour but d'informer sur les responsabilités légales et les étapes à suivre pour assurer le débarquement rapide de ceux qui ont été secourus et sur leurs besoins spécifiques, en particulier en ce qui concerne les réfugiés et les demandeurs d'asile.

Le bateau arrivé au Yémen samedi dernier comptait 97 survivants à son bord, 54 d'entre eux étaient des Somaliens et les autres des Ethiopiens. Deux jours plus tard, un second bateau contenant 87 passagers, est arrivé au Yémen avec à son bord 85 Somaliens et deux Ethiopiens. Mardi, deux bateaux sont arrivés avec un total de 179 passagers, 111 d'entre eux étaient originaires d'Ethiopie et le reste de Somalie. Une des passagères a mis au monde un bébé juste après l'arrivée.

Le Yémen est l'un des quelques pays de la région à avoir signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et à avoir été très généreux pour l'accueil des réfugiés. Il y a actuellement plus de 88 000 réfugiés enregistrés au Yémen, dont 84 000 sont des Somaliens.

L'UNHCR gère un centre de réception et un camp au Yémen. L'agence mène des vérifications sur ceux qui arrivent pour établir s'ils sont des demandeurs d'asile ou des réfugiés dont le statut a été reconnu précédemment dans d'autres pays. Parmi les premières personnes arrivées cette saison, la grande majorité a indiqué avoir l'intention de quitter le Yémen pour chercher un emploi dans les Etats arabes du Golfe, plus riches.