Intensification des combats en Syrie : des civils syriens désespérés arrivent en nombre en Jordanie
Intensification des combats en Syrie : des civils syriens désespérés arrivent en nombre en Jordanie
CAMP DE RÉFUGIÉS D'AZRAQ, Jordanie, 19 mars (HCR) - De nombreux civils syriens ont cherché refuge en Jordanie ces derniers jours, y compris en nombre croissant dans le gouvernorat de Deraa au sud du pays. Ils ont fui l'intensification des combats qui, selon eux, ne leur ont pas laissé d'autre choix que de fuir.
Cette semaine, quelque 250 réfugiés syriens en moyenne traversent la frontière vers la Jordanie chaque jour. C'est le plus grand nombre depuis l'été dernier et ce chiffre marque une forte augmentation par rapport à ces derniers mois. En quatre jours jusqu'à mercredi et selon les statistiques du HCR en Jordanie, quelque 1 014 personnes ont traversé la frontière, dont plus de 160 d'entre elles depuis Deraa. Ces chiffres démontrent une forte hausse en comparaison des 412 arrivants enregistrés les quatre jours précédents, y compris à Deraa.
Selon le Représentant du HCR en Jordanie, Andrew Harper, ce tout dernier développement souligne la nécessité d'accroître l'aide internationale aux victimes du conflit en Syrie et envers les pays qui les reçoivent.
« Nous avons observé une augmentation des arrivants syriens en Jordanie ces derniers jours. Ce sont des familles qui, après quatre ans de conflit, ont atteint leur limite. Nous avons tous, en tant que communauté internationale, une responsabilité envers eux », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, de nombreux civils fuient la poursuite du conflit dans et autour de la ville d'Alep au nord ainsi que la région rurale de Damas. La plupart des nouveaux arrivants ont fui Deraa, une ville située au sud du pays à la frontière entre la Syrie et la Jordanie. Ils témoignent de villages détruits, de proches pris au piège et de voisins décédés qu'ils ont dû laisser derrière eux.
Les nouveaux arrivants au camp de réfugiés d'Azraq en Jordanie ont indiqué au HCR qu'ils étaient restés à Deraa pendant les quatre années du conflit en Syrie. Ils préféraient continuer à vivre dans leur ville d'origine - malgré les dangers - plutôt que de devenir des réfugiés. Toutefois, l'augmentation des groupes armés dans la province, des pilonnages quotidiens et des bombardements aériens ont finalement eu raison de leur décision. Il est finalement devenu trop dangereux de rester, ont-ils expliqué.
Dans un centre de réception à l'intérieur du camp, des dizaines de réfugiés épuisés sont prostrés sur des matelas après leur arrivée dans la nuit de mercredi en autobus depuis la frontière. Beaucoup avaient enduré des trajets périlleux en voiture de nuit après avoir payé des passeurs, en contournant les points de contrôle et les zones de combat avant d'être déposés et de marcher en trébuchant durant des heures dans le désert pour rejoindre la Jordanie.
« La situation avait empiré en novembre lorsque davantage de groupes armés de toutes les parties au combat sont arrivés à Deraa. Les bombardements et les combats dans des zones peuplées ont fortement augmenté », a déclaré Ismaël, 44 ans, qui est arrivé au camp avec sa femme. « Nous disions toujours que nous nous essaierons de rester encore un mois de plus. Mais maintenant, la plupart des habitants de notre village ont fui ou ont été tués, alors nous sommes partis. »
Bien que désormais en sécurité, il demeure traumatisé après avoir enduré l'insécurité depuis des mois ainsi que pour avoir pris la décision déchirante de laisser derrière lui sa mère âgée de 65 ans, qui ne peut pas marcher, ainsi que ses frères et soeurs et leurs jeunes enfants qui ne veulent pas entreprendre ce voyage périlleux.
« En Syrie, la situation était si dangereuse. Nous ne dormions jamais vraiment la nuit, nous restions juste étendus sur le lit, les yeux ouverts », a déclaré Ismaël. « Depuis notre arrivée en Jordanie, je me sens un peu soulagé d'être en sécurité, mais je demeure vraiment inquiet pour ma famille restée à la maison. Je n'ai aucun moyen de les contacter. »
Un autre nouvel arrivant à Azraq, Mohannad, 24 ans, a pris la décision de venir en Jordanie avec sa femme enceinte Nermin après avoir épuisé toutes les alternatives à Deraa. « Avant on pouvait y vivre, c'était une ville assez sûre. Mais, depuis quelques mois, la situation a profondément empiré », a-t-il déclaré. « Chaque fois que c'était dangereux quelque part, nous pouvions toujours rejoindre un autre endroit. Mais maintenant, il n'y a plus aucun lieu sûr. »
Face à un avenir incertain dans un camp de réfugiés, le jeune père semblait résigné à son sort. « Nous ne nous attendions pas à davantage. Nous sommes des réfugiés arrivés dans un pays différent, donc nous ne nous attendions pas à une vie de château. Nous acceptons ces conditions. »
Par Charlie Dunmore au camp de réfugiés d'Azraq, Jordanie