Il ne faut pas politiser le sort des réfugiés
Il ne faut pas politiser le sort des réfugiés
BEYROUTH, Liban – Vendredi, Filippo Grandi, le chef du HCR, a mis en garde les pays développés contre la politisation de la question des réfugiés, estimant que toute tentative en ce sens risquait de saper le principe de solidarité internationale au bénéfice des personnes fuyant la guerre et les persécutions.
Après une visite historique de quatre jours en Syrie où il a pu constater par lui-même l'ampleur des dégâts provoqués par près de six ans de conflit, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a exhorté les pays riches à faire preuve de générosité à l'égard des réfugiés plutôt que de les considérer comme une menace.
« Ces gens fuient le danger, mais eux-mêmes ne sont pas dangereux. »
« Nous sommes extrêmement inquiets et ces préoccupations ne sont pas nouvelles ; nous avons pris conscience il y a déjà quelque temps que la question des réfugiés dans le monde industrialisé — Europe, États-Unis d'Amérique, Australie — est hautement politisée, ce qui est une erreur », a déclaré Filippo Grandi lors d'une conférence de presse à Beyrouth.
« Ces gens fuient le danger, mais eux-mêmes ne sont pas dangereux », a-t-il souligné.
Selon Filippo Grandi, le premier haut représetant des Nations Unies à visiter la Syrie depuis que la Turquie et la Russie ont conclu un cessez-le-feu national le mois dernier, la récente décision des États-Unis de suspendre son programme pour la réinstallation des réfugiés aura des répercussions néfastes sur les personnes les plus vulnérables.
« La réinstallation est un processus par lequel les personnes les plus vulnérables sont sélectionnées parmi les réfugiés accueillis dans des pays tels que le Liban, où elles sont déjà réfugiées, et acheminées vers d'autres pays », a-t-il expliqué. « Si nous fragilisons ce programme, comme c’est le cas aux États-Unis, nous mettons gravement en péril la solidarité internationale envers les réfugiés. »
Selon les estimations du HCR, 20 000 réfugiés en situation précaire auraient pu être réinstallés aux États-Unis durant les 120 jours de suspension annoncés. Filippo Grandi a exprimé le souhait que les États-Unis relancent les réinstallations après la révision interne de leur programme.
Pendant sa visite en Syrie, le Haut Commissaire a rencontré des personnes tentant de reconstruire leur existence dans les ruines d'Alep-Est et la cité antique de Homs et il rappelé les besoins humanitaires urgents de millions de Syriens ordinaires.
Évoquant les avancées de ses discussions avec le Gouvernement syrien sur l'accès des agences humanitaires aux zones difficilement accessibles, il a exprimé l'espoir que des convois d'aide puissent atteindre certains quartiers de Homs dans les jours à venir.
S’agissant du retour des réfugiés en Syrie, le Haut Commissaire a rappelé que même s'ils étaient nombreux à désirer revenir chez eux, des retours en masse ne sont pas envisageables actuellement, du fait de la situation politique et de l'insécurité dans le pays.
« Tôt ou tard, les gens auront besoin de revenir en Syrie et nous sommes tous d'accord que c'est la solution idéale. Mais il faut être patient », a-t-il déclaré. « La situation doit encore évoluer au plan politique, puis au niveau économique, et les infrastructures doivent être reconstruites pour créer des conditions propices à des retours en masse. »