Echanges par Internet entre des classes réfugiées et américaines
Echanges par Internet entre des classes réfugiées et américaines
Darfur Dream Team est un partenariat d'organisations et de basketteurs professionnels qui travaillent ensemble pour organiser des échanges entre des écoles américaines et des écoles situées dans douze camps de réfugiés du Darfour à l'est du Tchad, via son programme Sister Schools. Gabriel Stauring est le fondateur et directeur d'i-ACT, l'un des partenaires de Darfur Dream Team. Son rôle s'est avéré déterminant pour mettre en oeuvre le programme Sister School. Il s'est rendu dans des camps de réfugiés au Tchad et a enseigné aux élèves l'utilisation d'Internet pour communiquer et développer de nouvelles amitiés avec des élèves aux Etats-Unis. Dasha Smith, stagiaire en communication au bureau du HCR à Washington, l'a rencontré.
Parlez-nous du programme Sister Schools Darfur Dream Team et de votre engagement dans ce projet.
Ce projet a démarré lors d'une visite dans les camps par un joueur de basket de la NBA, Tracy McGrady, guardien pour les Detroit Pistons, avec John Prendergast, co-fondateur du Projet Enough, il y a quelques années. Si vous vous rendez dans l'un de ces camps et que vous demandez aux enfants réfugiés « De quoi avez-vous le plus besoin ? » - même s'ils ont besoin de vivres et de vêtements - ils vous répondront toujours : aller à l'école. A leur retour, Tracy et John ont décidé qu'ils allaient agir pour les aider. Alors, c'est de là qu'est née l'idée de la Dream Team. D'abord, l'idée a été de collecter de l'argent dans les écoles américaines pour l'éducation dans les camps, mais John m'a contacté car il voulait que les élèves des camps aient des connaissances et une expérience dans le domaine multi-média. Nous avons donc eu l'idée d'apporter l'informatique dans les camps pour permettre à des Américains de se connecter directement avec des réfugiés. L'idée principale du Programme Sister Schools ne consiste pas seulement à collecter des fonds, en organisant un événement et en envoyant un chèque. Il s'agit d'aider les gens dans les écoles et les communautés aux Etats-Unis pour vraiment connaître des personnes dans les camps. Alors cela devient une relation personnelle, synonyme d'affection et d'échange les uns avec les autres.
Combien de voyages avez-vous effectué au Darfour et qu'en avez-vous retiré ?
Mon premier voyage s'est déroulé en 2005 et je suis parti là-bas neuf fois. Cela a complètement changé ma vie. La première fois, je pensais que ce serait mon seul voyage. J'occupais un emploi à plein temps et je faisais ce voyage pour mon plaisir. J'ai ressenti que ce qui manquait à ce moment-là, et encore maintenant, c'était une façon de connecter les personnes entre elles sur des sujets importants. Quand les gens voient des sujets d'actualités dans les médias, cela reste abstrait et ils ressentent qu'ils ne peuvent être d'aucune aide à ce sujet. Je pensais qu'il était capital que les gens puissent échanger entre eux à un niveau personnel et voir que les personnes dans les camps sont exactement comme eux. Cela change une perspective du tout au tout s'ils rencontrent un enfant qui ressemble vraiment au leur - et cela justifie alors davantage d'agir pour les aider. Pour moi, cette première fois dans un camp tentaculaire avec des dizaines de milliers de personnes, avec des rencontres authentiques, a complètement modifié la nature de mon engagement sur ce problème et a fait de moi un défenseur à vie des personnes vivant dans les camps.
Y a-t-il un moment particulier qui ait motivé votre travail en tant que défenseur des réfugiés au Darfour ?
En fait, la crise au Rwanda a eu un impact énorme. Je me souviens des actualités sur le dixième anniversaire du génocide et je pensais que je n'avais rien fait du tout quand cela s'était passé dix ans auparavant. Alors quand j'ai commencé à entendre parler du Darfour, je savais que je devais agir, mais j'étais alors loin d'imaginer le niveau de mon engagement d'aujourd'hui, qui est à temps plein. J'ai commencé à faire de petites choses comme envoyer des e-mails à ma famille et mes amis en leur disant : « Avez-vous entendu parler de cette crise ? » Puis chaque jour j'ai passé une étape supplémentaire comment en faire davantage jusqu'à me retrouver, un an après, dans un camp de réfugiés.
En quoi consiste le partenariat entre la Darfur Dream Team et le HCR ?
Le HCR gère les camps de réfugiés au Tchad. L'organisation travaille avec des partenaires pour aider à fournir tous les services disponibles dans les camps. Cela est venu tout naturellement de travailler avec le HCR dont le travail se concentre sur la protection des enfants et de toutes les personnes dans les camps. Durant les missions dans les camps, on voit que l'éducation signifie bien plus qu'aux Etats-Unis ou dans d'autres régions du monde. C'est une question de vie ou de mort. Cela veut dire que lorsque les enfants n'ont pas d'espoir ils essayent de voir en dehors des camps ce qu'ils peuvent faire. Certains rejoignent des groupes rebelles, d'autres essayent de rentrer au Darfour pour trouver une meilleure éducation. Un grand nombre d'enfants ont péri après leur retour pour trouver une meilleure éducation. Pour la Dream Team, il s'agit de restaurer l'espoir et de travailler avec le HCR pour assurer une éducation basique et également construire l'espoir d'une vie réussie en dehors du camp.
Quel est le prochain voyage de la Darfur Dream Team vers le Tchad et qu'espérez-vous accomplir à cette occasion ?
Nous prévoyons de retourner dans le premier camp dans lequel nous nous étions rendus pour la Darfur Dream Team, à Djabal, à la mi-mars. Nous avons branché le camp à Internet et nous allons un peu améliorer le système. Nous allons passer à une nouvelle génération d'ordinateurs, plus faciles, et faire un peu de formation pour les élèves. Nous apprécions également d'organiser des échanges en live lorsque nous montons un canal vidéo, pour que les enfants du camp et ceux aux Etats-Unis puissent se voir, se poser des questions entre eux et rire ensemble. Nous avons également pensé à coordonner un événement plus important aux Etats-Unis, où une audience plus importante pourrait échanger avec les enfants dans le camp.
Selon vous, que vont retirer les élèves au Tchad et aux Etats-Unis de cette expérience ?
Ce qui est passionnant, c'est que nous ne savons pas à quel niveau le projet peut se développer. Avec juste les quelques échanges que nous avons organisés, nous voyons que ce sont les premiers contacts avec des questions simples du type « Qu'est-ce que tu aimes faire ? » « Comment tu dances ? » et vous voyez les enfants danser devant l'écran de l'ordinateur. Je crois que la simple possibilité de construire une relation interpersonnelle ouvre un océan d'opportunités pour tous : être capable d'apprendre de l'autre et pouvoir s'aider les uns les autres.
La page Facebook de la Darfur Dream Team : https://www.facebook.com/darfurdreamteam/