Des footballeurs réfugiés en Jordanie adoptent l'unité pour devise
Des footballeurs réfugiés en Jordanie adoptent l'unité pour devise
AMMAN, Jordanie, 7 juillet (UNHCR) - Le club de football « Unité de l'Iraq » à Amman est à la fois le symbole du passé troublé de l'Iraq mais aussi, espérons-le, de son avenir. Alors que le sectarisme déchire leur patrie, de jeunes Iraquiens musulmans chiites et sunnites ainsi que des Chrétiens jouent gaiement ensemble dans les quatre équipes du club.
Ils aiment bien rire et faire des blagues, mais ils ont aussi prouvé leur talent sur le terrain, en gagnant une médaille d'argent à un tournoi organisé en Corée du Sud l'année dernière par l'Association mondiale des organisations non gouvernementales et en se classant deuxième au championnat de football amateur de la capitale de Jordanie.
A part gagner des médailles et concilier des divisions religieuses, l'adhésion au club aide aussi ses joueurs à échapper aux dures réalités du déplacement auxquelles ils sont tous confrontés. Ce type d'activités est encouragé par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés qui, en mai, a fait don au club de 4 500 dinars jordaniens (soit 6 350 dollars) pour lui permettre d'acheter des tenues d'été et d'hiver ainsi que d'autres équipements.
« Cette initiative aide à répondre à deux éléments importants : la frustration parmi les jeunes et le besoin continu d'unité », a déclaré Imran Riza, le délégué de l'UNHCR en Jordanie. « Ces activités récréatives servent d'échappatoire à toutes les angoisses liées au déplacement. »
Regroupant trois entraîneurs et environ 100 joueurs âgés de 12 à 25 ans, ce club est fondé sur un amour partagé pour la beauté du jeu. La politique, le sexe, la religion sont des sujets tabous. « Nous sommes seulement intéressés par le football », a dit le milieu de terrain Abdul*. « Nous sommes d'origines différentes mais nous n'avons aucun problème entre nous », a ajouté ce jeune homme de 17 ans.
Ils sont tous confrontés aux mêmes difficultés et aux mêmes expériences après avoir été obligés de fuir leur pays à cause de la violence et de la persécution. Parmi les centaines de milliers d'Iraquiens qui ont cherché abri en Jordanie, un grand nombre connaît des difficultés croissantes pour joindre les deux bouts. Beaucoup de jeunes Iraquiens ont aussi vu leur enfance ruinée et leur éducation interrompue.
Le soutien de l'équipe « Unité de l'Iraq » par l'UNHCR se fait en accord avec la politique de l'agence qui promeut l'éducation et les activités sportives pour tous les enfants réfugiés du monde. La plupart des sports et des activités récréatives organisés par l'UNHCR sont accompagnés de formations, comme des cours d'anglais par exemple, ce qui est le cas avec l'équipe « Unité de l'Iraq ».
La maîtrise d'une seconde langue peut assurer aux footballeurs à la fois des opportunités pour trouver un travail et pour continuer leurs études. Ainsi, ils s'amusent tout en apprenant. Des activités pratiques comme le sport peuvent aussi aider à lutter contre des problèmes psycho-sociaux et à réparer le traumatisme qui touche la plupart de la communauté réfugiée iraquienne en Jordanie.
Et cela déteint sur d'autres membres de la communauté, dont beaucoup ne survivent qu'avec l'assistance de l'UNHCR. Ils viennent voir leurs amis et leurs proches, qui jouent différents championnats pour différents groupes d'âge. Une équipe partira bientôt en tournée en Afrique du Nord.
L'équipe « Unité de l'Iraq » est un modèle. Elle a développé la camaraderie parmi des Iraquiens qui pourraient se battre les uns contre les autres une fois de retour chez eux ; elle a rétabli l'estime de soi pour des personnes qui en avait cruellement besoin ; et elle a inculqué le sens de la discipline. Elle crée aussi l'espoir. « L'équipe nous unit, elle représente beaucoup pour nous », a dit un joueur, fier d'appartenir à l'équipe « Unité de l'Iraq ».
* Noms fictifs pour des raisons de protection
Par Dana Bajjali et Tamara Jafar à Amman, Jordanie