Des bateaux transportant des corps sans vie et des survivants désespérés arrivent au Yémen depuis la Somalie
Des bateaux transportant des corps sans vie et des survivants désespérés arrivent au Yémen depuis la Somalie
GENEVE, 20 janvier (UNHCR) - Un nouveau flux de bateaux clandestins arrivés au Yémen, avec à leur bord des Somaliens et des Ethiopiens désespérés, rappelle l'urgence de l'appel lancé par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui réclame l'arrestation des trafiquants d'êtres humains opérant depuis la Somalie.
Selon un employé de l'UNHCR, un bateau a accosté le 16 janvier, avec à son bord 65 personnes et six corps sans vie. Quatorze personnes, dont les corps auraient été jetés à la mer, seraient également mortes lors du voyage dans le golfe d'Aden - six d'entre elles se seraient précipitées dans les flots, ne pouvant plus supporter la soif, et huit seraient mortes de faim et de soif. Sur les 20 personnes décédées, quatre étaient éthiopiennes et seize somaliennes.
Le bateau a quitté un port proche de Bossasso, dans la région de Puntland en Somalie, avec un peu de nourriture et d'eau, soi-disant pour augmenter l'espace destiné à sa cargaison d'êtres humains. Après une panne de moteur, le bateau a dérivé dans le golfe d'Aden pendant six jours, ses passagers souffrant de plus en plus de la faim et du désespoir. L'équipe de l'UNHCR au Yémen a organisé une aide médicale pour les survivants - certains d'entre eux portent des marques de morsures qui leur ont été infligées par d'autres passagers devenus fous - et ont emmené 25 d'entre eux dans le centre de transit de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés à Mayfa'a.
« Cet horrible voyage n'est pas inhabituel », a expliqué William Spindler, porte-parole de l'UNHCR, aux journalistes à Genève. « Souvent, les trafiquants frappent leurs passagers ou les jettent par-dessus bord, loin des côtes. L'UNHCR a déjà eu l'occasion de remercier les équipages de navires qui passaient à proximité et qui ont sauvé des personnes dérivant sans secours dans ces eaux infestées de requins. »
Entre les 12 et 17 janvier, 22 bateaux transportant un nombre inconnu de Somaliens et d'Ethiopiens sont arrivés au Yémen. Parmi ce groupe, le centre de transit de l'UNHCR a enregistré 1 217 Somaliens et 39 Ethiopiens.
« Aucun chiffre précis n'est disponible », a expliqué William Spindler. « Des milliers de Somaliens arrivent au Yémen chaque année, dont une centaine de personnes par jour pendant la saison de navigation favorable de septembre à mars. En septembre 2005, l'UNHCR a appelé à une action internationale pour endiguer ce flux de désespérés qui traversent le golfe d'Aden, après la mort de quelque 150 personnes en trois semaines. »
L'UNHCR travaille avec les autorités de Puntland, dans le nord-est de la Somalie, sur les moyens d'informer la population des dangers de faire appel aux passeurs pour traverser le golfe d'Aden. Pour cela, des vidéos et des programmes radio ont notamment été mis au point pour sensibiliser les Somaliens et les Ethiopiens sur les risques de telles traversées.
Le Yémen fait partie des quelques pays de la région à avoir signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et a toujours fait preuve de générosité en recevant les migrants et les réfugiés. Les autorités yéménites accordent automatiquement le statut de réfugié aux citoyens somaliens arrivant au Yémen (statut de réfugié prima facie).
Il y a actuellement plus de 80 000 réfugiés enregistrés au Yémen, dont quelque 75 000 Somaliens. On estime cependant qu'il y en a des centaines de milliers d'autres dans le pays. Beaucoup de ceux qui arrivent par la mer se dirigent ensuite vers le nord depuis le Yémen en quête d'une vie meilleure.