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Début des évacuations en canoë dans le sud du Tchad

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Début des évacuations en canoë dans le sud du Tchad

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé avoir mis en place l'évacuation du premier groupe parmi quelque 2 000 réfugiés centrafricains isolés par les inondations dans le sud du Tchad vers un camp situé sur la terre ferme, après un difficile et éprouvant voyage à pied, en canoë et par camion.
16 Septembre 2005 Egalement disponible ici :
Le personnel de l'UNHCR et d'autres agences d'aide humanitaire traversent la rivière Nya en crue pour aller rencontrer les réfugiés isolés à Bekan, au sud du Tchad.

BEDOUMIA, Tchad, 16 septembre (UNHCR) - Le premier groupe parmi quelque 2 000 réfugiés centrafricains bloqués par les inondations dans le sud du Tchad a été évacué aujourd'hui vers un camp situé sur la terre ferme après un éprouvant voyage à pied, en canoë et par camion, a annoncé vendredi l'agence des Nations Unies pour les réfugiés

Tôt dans l'après-midi, 103 réfugiés ont pu quitter la région de Bekan, dans le sud du Tchad, où ils vivaient isolés dans des conditions précaires par les pluies torrentielles et les inondations du mois dernier. Le groupe a été transporté vers le camp de l'UNHCR à Amboko.

Les réfugiés ont d'abord marché 17 km avant de pouvoir rejoindre les berges de la rivière Nya, où sept canoës de l'UNHCR pouvant transporter 6 personnes chacun les attendaient pour une traversée vers l'autre rive. Là, ils ont pris place à bord de camions pour parcourir 25 km d'une très mauvaise piste vers le camp, en passant par le village de Bedoumia.

Des réparations avaient pu être réalisées sur un pont endommagé la veille du début de l'opération.

Dans le camp d'Amboko, qui accueille déjà 23 000 réfugiés qui ont fui l'insécurité en République centrafricaine, les nouveaux arrivants ont reçu un accueil chaleureux et étaient visiblement heureux d'avoir enfin trouvé un lieu asséché et bien approvisionné. « Ils souriaient tous », a dit l'un des employés de l'UNHCR qui les a accompagnés pendant leur voyage depuis la rivière. « Alors que ce matin, ils semblaient si nerveux. »

Ces réfugiés ont vécu isolés dans la forêt près de Bekan pendant ces trois à quatre dernières semaines, mangeant des racines et des fruits sauvages pour survivre. Les communautés locales leur ont également fourni un peu de nourriture, bien qu'ils aient peu de chose à partager.

« Nous sommes fatigués de chercher de la nourriture », a dit Dekar Dan, après être descendu de l'un des camions avec ses enfants. « La vie devenait de plus en plus difficile. Nos enfants tombaient malades et nous étions à la recherche d'un camp de réfugiés. »

« Ce fut un voyage difficile », a dit sa fille Florence âgée de 13 ans, qui a dû porter ses jeunes frères et soeurs dans les bras. « Il y avait beaucoup de problèmes dans mon village où les gens étaient maltraités par des groupes armés et des voleurs de bétail. Tout ce que nous possédions a été volé et c'est pour cela que ma mère a décidé de nous emmener au Tchad. »

Utilisant des canoës et des petites motos, le personnel de l'UNHCR s'est rendu à Bekan mercredi pour enregistrer les réfugiés et leur fournir des rations alimentaires pour le voyage. Le transfert a été organisé par l'UNHCR avec ses partenaires, notamment la CNAR (Commission nationale d'accueil et de réinsertion des réfugiés), l'autorité nationale tchadienne pour les réfugiés, la FICR, la Croix-Rouge tchadienne, COOPI, African Concern et Care International.

Des employés de l'UNHCR ont dit espérer qu'après ces débuts réussis, une moyenne de 200 à 300 personnes sera transférée chaque jour vers le camp, cette opération pouvant donc être achevée en une semaine à 10 jours. Un second groupe espérait pouvoir quitter les bords de la rivière vendredi, prêt à traverser le lendemain matin.

« Les réfugiés ont déjà beaucoup souffert - ils ont craint pour leurs vies - avant de pouvoir quitter leur pays et fuir au Tchad », a dit George Menze, responsable du Bureau de l'UNHCR à Goré, la principale ville du sud du Tchad. « Maintenant, après avoir réussi à entrer en contact avec eux, nous sommes heureux de pouvoir les mener vers un endroit sûr et en sécurité dans le camp d'Amboko. »

Les réfugiés ont quitté la République centrafricaine avec très peu d'effets personnels, seulement des couvertures ou des matelas et quelques ustensiles de cuisine.

Selon Madji Julien, un père de 5 enfants, beaucoup ont été blessés pendant les attaques sur leurs villages.

« Mon bétail a été volé et j'ai préféré rejoindre un camp de réfugiés », a dit un veuf âgé de 50 ans. « Aussi longtemps que la sécurité ne sera pas assurée dans la partie nord de la République centrafricaine, je resterai ici avec mes enfants. »

Pendant ce temps, à Bekan, les réfugiés recevaient la visite d'une équipe médicale de l'ONG COOPI. Ils sont pour la plupart en mauvaise santé. Chaque groupe de réfugiés évacués fera l'objet d'un examen médical lors de son arrivée dans le camp d'Amboko.

Le camp d'Amboko atteignant le maximum de sa capacité, les nouveaux arrivants resteront dans l'école du camp jusqu'à ce que l'on puisse les déplacer vers un nouveau camp que nous sommes en train d'installer à Bedamara, à 10 km d'Amboko. Un logisticien de l'UNHCR doit arriver à Bedamara dans les prochains jours pour superviser l'installation du nouveau site.

Le camp d'Amboko va bientôt atteindre sa capacité maximum de 27 000 personnes. Plus de 45 000 réfugiés de République centrafricaine se trouvent aujourd'hui dans le sud du Tchad. Le Tchad accueille également 200 000 réfugiés du Darfour dans l'est de son territoire.

Par Ginette Le Breton à Bedoumia, avec Hélène Caux à Genève