Débat sur l'asile et l'Islam au nord de la Somalie
Débat sur l'asile et l'Islam au nord de la Somalie
NAIROBI, Kenya, 5 octobre (HCR) - Plus de 40 chefs religieux originaires de la région du Puntland au nord de la Somalie ont pris part un débat organisé par le HCR sur le droit des réfugiés et de l'asile, un débat qui aidera à faire connaître les droits et les besoins des réfugiés et des déplacés somaliens.
Cet atelier a eu lieu samedi dernier à l'Université d'Etat du Puntland dans la ville de Garowe. Des fonctionnaires et des membres du personnel du HCR étaient également présents. Lors de ce groupe de travail a été étudiée l'intégration des concepts de l'asile et de la protection dans la loi islamique, la charia. Le HCR prévoit d'organiser des ateliers similaires avec des chefs religieux et des fonctionnaires locaux dans d'autres régions de la Somalie.
« A la fin de cet atelier, nous avons travaillé sur un communiqué conjoint qui a été envoyé aux médias locaux », a indiqué Mohamed Salah, chargé auxiliaire de protection pour le HCR à Garowe. « Cela favoriserait une meilleure sensibilisation de la population [locale d'accueil] qui continue à aider ses frères et ses sœurs ayant besoin d'assistance après avoir fui leurs maison du fait de la guerre », a-t-il ajouté.
Avant la réunion de samedi, le HCR a donné à chaque participant une copie d'une étude comparative rédigée par un professeur de droit de l'Université du Caire, le Professeur Abu Al-Wafa. Cet ouvrage dont le titre est « Le droit à l'asile entre la charia islamique et le droit international des réfugiés : étude comparative » a été utilisé comme point de départ pour les discussions.
Cette étude, publiée par le HCR, explique que la tradition de générosité propre à l'Islam et se poursuivant depuis 1 400 ans en faveur des personnes fuyant la persécution a eu davantage d'influence sur le droit international des réfugiés appliqué de nos jours que toute autre source historique.
Dans la préface qu'il a rédigée pour cet ouvrage, António Guterres affirme que ce livre montre que, plus que toute autre source historique, la loi et la tradition islamique sous-tendent le cadre juridique appliqué de nos jours et sur lequel le HCR base ses activités mondiales en faveur de dizaines de millions de personnes déracinées, y compris le droit pour toute personne de rechercher et de bénéficier de l'asile face à la persécution ainsi que les interdictions de renvoyer dans une situation dangereuse ces personnes ayant besoin d'une protection.
Le HCR estime que les chefs religieux en Somalie devraient être impliqués dans les efforts visant à sensibiliser les communautés hôtes aux besoins et aux droits des personnes déplacées internes et des réfugiés. L'agence pour les réfugiés a également conçu une brochure contenant des messages clés sur l'asile et traduite en somalien, basée sur des citations du Coran. Des milliers de brochures ont été distribuées depuis début septembre aux personnes déracinées, aux communautés hôtes, aux hommes d'affaires et aux personnels des autorités locales.
« Les Somaliens sont croyants ; ils suivent scrupuleusement leurs chefs religieux locaux quand il s'agit de l'interprétation des textes islamiques. Toute initiative engageant des chefs religieux en Somalie a un profond impact sur la population », a indiqué Mohamed Salah du HCR.
L'atelier s'est tenu alors qu'un nombre croissant de déracinés, spécialement des Somaliens et des Ethiopiens, arrivent dans le nord de la Somalie en quête d'abri pour échapper à la pauvreté, au conflit ou à la persécution. Nombre d'entre eux tentent la traversée du golfe d'Aden vers le Yémen. Parfois, leur présence crée des tensions avec les communautés locales.
Par Roberta Russo et Esther Mwangi à Nairobi, Kenya