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De la difficulté de fournir des secours dans les hauts sommets de l'Himalaya

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De la difficulté de fournir des secours dans les hauts sommets de l'Himalaya

Fournir des secours à des centaines de milliers de personnes victimes du tremblement de terre du 8 octobre dernier dans le nord du Pakistan relève de l'exploit dans cette région isolée et dévastée. Tim Irwin de l'UNHCR a accompagné une mission récente pour distribuer des secours dans le Cachemire pakistanais.
14 Novembre 2005 Egalement disponible ici :
Un convoi transportant des secours de l'UNHCR avance péniblement le long d'une route escarpée dans le Cachemire pakistanais.

MERA KALAN, Pakistan, 14 novembre (UNHCR) - Un jour ordinaire commence à 6 heures du matin. Avec son lot d'imprévus, ce sera une journée typique dans cette vaste opération pour fournir un hébergement à travers une région dévastée par le séisme du mois dernier. Cette opération présente des défis quotidiens et des leçons pour franchir les obstacles à venir.

Après avoir émergé de nos sacs de couchage et avalé vite fait une tasse de café ou de thé, nous nous entassons dans un compact quatre-quatre. Notre destination est le district de Mera Kalan, à environ 50 km et à 1 800 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Il y a peu des routes dans cette région isolée. Dans quelques semaines, elle sera recouverte par trois mètres de neige. Mais comme beaucoup de personnes au Cachemire pakistanais, les habitants des petits villages creusés dans les flancs des montagnes sont habitués à vivre sur leur terre, préférant construire des abris provisoires pour l'hiver près de leurs maisons détruites.

La mission est conduite par Mohammed Musa, bien loin de son poste habituel à Karachi. Il fait partie des équipes de l'UNHCR qui ont été immédiatement dépêchées pour porter secours suite au tremblement de terre. Il travaille 14 heures par jour, sept jours sur sept.

Nous rejoignons nos quatre camions sur les contreforts de Muzaffarabad et nous formons un convoi sur la route qui traverse la vallée de Jhelum. Jusqu'à récemment, la plus grande partie de cette route était coupée par des éboulements de terrain. Des puissants bulldozers de l'armée pakistanaise ont rouvert à peu près tous les endroits bloqués, mais certains tronçons ont seulement été élargis pour laisser passer un véhicule à la fois. A certains endroits, l'asphalte disparaît abruptement à cause des glissements de terrain. Des pierres sont utilisées pour avertir les chauffeurs de ne pas conduire trop près du bord.

Les camions transportent 150 tentes, 4 500 couvertures, 500 bâches ainsi que des centaines de kits de cuisine et de jerricans. Les secours sont arrivés 24 heures plus tôt depuis Islamabad, mais leur transport jusqu'à ces communautés a commencé à des milliers de kilomètres de là, dans les entrepôts de l'UNHCR en Turquie et ont nécessité plus de 70 rotations des avions de l'OTAN.

Deux heures plus tard, le convoi quitte la route principale et commence une longue et difficile ascension jusqu'à Mera Kalan. La route ici est un mélange de rochers et de déchets, que les pluies de la nuit ont transformé en boue. Sur les hauts sommets, la pluie s'est transformée en neige - un signe que le temps va changer très rapidement.

Après quelques manoeuvres, les roues du camion de tête se sont enlisées dans la boue et nous devons nous arrêter. Musa envoie Nader, récemment arrivé depuis le bureau de l'UNHCR à Quetta, au camp militaire le plus proche pour emprunter deux camions tout-terrain. L'idée est de décharger une partie des secours dans ces véhicules pour que nos camions puissent ainsi continuer leur ascension dans la montagne.

Un groupe d'hommes s'est rassemblé autour du convoi et l'un d'eux, un homme âgé, avec une imposante barbe blanche, explique à Musa que son village au sommet de la montagne n'a reçu aucune assistance. Ce retard nous donne l'occasion de faire le point sur la situation. Le village, Naker Darian, n'est relié par aucune route, aussi nous devons grimper à pied sur des chemins étroits. Le vieil homme, Abdul Rashid Shaida, dit qu'il a environ 70 ans mais grimpe sans effort apparent pendant que nous peinons à le suivre, faisant de fréquentes pauses pour reprendre notre souffle.

La plupart des maisons du village ont été endommagées plutôt que détruites. « Au vu de l'état des maisons et du fait qu'ils vont se trouver pris par des chutes de neige importantes, des tentes ne sont pas la solution idéale », dit Musa. « En leur fournissant des bâches en plastique, des couvertures et d'autres secours, nous pouvons les aider à construire des abris temporaires en utilisant les matériels récupérés dans les maisons endommagées. »

Lorsque l'on demande aux habitants de Naker Darian pourquoi ils restent dans un endroit aussi difficile et isolé, Abdul Rashid répond simplement : « Nos terres et nos maisons sont ici. Où voulez vous que nous allions ? »

Le temps que nous mettons à redescendre vers la route, le transfert d'une partie des secours dans des camions de l'armée est presque terminé. Le camion de tête redémarre enfin, et reprend cette route accidentée, suivi par les autres chauffeurs.

Il est maintenant tard dans l'après-midi. La lumière baisse et les conditions de conduite empirent. Nos sommes à environ une heure de notre destination, mais certains des chauffeurs expriment leurs inquiétudes de continuer. Rien ne pourra être distribué de nuit et l'option la plus sûre est pour les chauffeurs de passer la nuit dans un autre camp militaire un peu plus loin et pour nous de retourner à Muzaffarabad et de repartir tôt demain matin.

Nous arrivons à Muzaffarabad 12 heures après l'avoir quitté ; puis nous revenons sur nos pas le lendemain matin au lever du jour. Quand nous arrivons à Mera Kalan, une file d'attente d'hommes est déjà formée au point de distribution. Les nouvelles de l'arrivée des secours se sont diffusées et il y a là plus de chefs de famille que prévu. Toutes les tentes, les couvertures et les autres secours sont distribués, mais il est clair qu'il en faut encore. L'équipe assure aux hommes qu'ils vont revenir.

Des secours supplémentaires arrivent quotidiennement depuis Islamabad et 500 autres tentes seront distribuées dans cette région. Les routes endommagées, le mauvais temps et l'isolement de cette région expliquent qu'il a fallu 48 heures pour acheminer peu de secours. L'équipe vient de découvrir qu'un autre village jusqu'alors coupé de tout et difficile d'accès a un besoin urgent de secours. Pour Musa, Nader et les milliers d'autres travailleurs humanitaires, soldats et personnes locales engagés pour fournir des secours à plus de 3 millions de personnes touchées dans la zone du tremblement de terre, la course contre la montre continue.

Par Tim Irwin à Muzaffarabad, Pakistan