Dans l'est du Tchad, de fortes pluies et des inondations perturbent l'aide humanitaire
Dans l'est du Tchad, de fortes pluies et des inondations perturbent l'aide humanitaire
ABECHE, Tchad, 19 septembre (UNHCR) - La saison des pluies bat son plein en ce moment dans l'est du Tchad. Cette situation gêne considérablement les efforts de l'UNHCR et d'autres agences humanitaires qui tentent d'apporter protection et assistance à des milliers de réfugiés soudanais et de Tchadiens déplacés internes.
Les pluies se sont calmées la semaine dernière, mais il est toujours impossible d'accéder par voie terrestre à la région de Koukou Angarana, dans le sud-est, à cause des inondations. Celles-ci ont par ailleurs forcé les populations locales et les personnes déplacées de la zone à chercher refuge dans des endroits en altitude. Goz Amer, l'un des 12 camps gérés par l'UNHCR hébergeant 230 000 réfugiés soudanais dans l'est du Tchad, se situe dans la région affectée par les inondations. Il y a aussi 170 000 déplacés tchadiens dans l'est.
Il n'a été fait état d'aucun décès. Cependant de nombreuses maisons ont été détruites ou endommagées par les inondations, selon les informations de l'UNHCR sur le terrain. La nourriture n'est pas un problème majeur car des stocks avaient été constitués dans les camps en avril et en mai. Mais l'UNHCR a des difficultés à fournir aux employés sur le terrain divers biens de secours, l'agence et d'autres partenaires ayant même dû retarder ou annuler des missions dans la région.
« L'UNHCR et ses partenaires aident plusieurs centaines de familles déplacées internes ainsi que les communautés qui les accueillent, qui ont été affectées par ces pluies et qui ont trouvé refuge sur des terrains en altitude », explique Bryan Hunter, chargé de protection de l'UNHCR à Goz Beida, au nord-ouest de Koukou Angarana. Les employés de l'UNHCR à Goz Beida ont dû louer des charrettes auprès des populations locales pour pouvoir aider les personnes déplacées par les inondations, a-t-il ajouté.
Les biens de secours ne peuvent être acheminés que par voie aérienne et même dans ce cas, les pluies rendent parfois impraticables les pistes d'atterrissage. Le mois dernier, deux vols à destination de Goz Beida ont ainsi été annulés pendant deux jours successifs car la piste d'atterrissage était inutilisable.
Depuis le début des pluies mi-juin, les ouadis inondés ont rendu quasiment impossible la liaison par route entre le centre logistique de l'UNHCR à Abéché, la principale ville de l'est du Tchad, et Farchana, une ville située aux alentours de plusieurs camps de réfugiés près de la frontière avec la région du Darfour au Soudan. Les inondations ont même complètement isolé certains camps.
Une équipe de l'UNHCR, de retour d'un camp situé près de Farchana et ne pouvant traverser un ouadi pour regagner sa base, a dû stationner les véhicules auprès des gendarmes en charge de la sécurité du camp, et traverser l'ouadi à pied. Un véhicule appartenant à l'organisation Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS) a été renversé par le courant, lors de la traversée d'un ouadi.
Deux semaines auparavant, une autre équipe de l'UNHCR avait dû passer la nuit chez des villageois de Hadjer Hadjid et Arkoum, après la montée des eaux d'un ouadi, causée par les fortes pluies.
« Nous n'avons pas vu de pareilles crues depuis deux ans. Les pluies sont si importantes que les routes et les ouadis sont devenus presque impraticables », explique Khalil Ousmane, chauffeur de l'UNHCR à Farchana. Il a ajouté que les détours empruntés pour éviter les zones affectées par les crues prenaient trois fois plus de temps que la route normale. Les chauffeurs emportent avec eux un nécessaire de couchage, au cas où ils devraient dormir en route.
Les fortes pluies et les inondations ont été une source d'inconfort pour les réfugiés et pour les personnes déplacées dans l'est du Tchad, et accru la pression au niveau logistique et financière sur les agences d'aide humanitaire.
« La plupart des logements dans les camps étant en état de délabrement, les demandes de renouvellement de tentes se multiplient pendant et après la saison des pluies », explique Julien Sangtam, assistant au sein des services communautaires de l'UNHCR à Bahaï. « Ces préoccupations sont réelles et justifiées, mais nous ne pouvons les satisfaire à cause des difficultés logistiques. »
Pour le moment, chacun attend la fin de la saison des pluies et un retour à la normale. Mais cela n'aura pas lieu avant fin septembre ou début octobre.
Par Djerassem Mbaiorem à Abéché, Tchad