On brûle des déchets pour se chauffer, dans une ville isolée par la guerre en Syrie
On brûle des déchets pour se chauffer, dans une ville isolée par la guerre en Syrie
QUDSAYA, Syrie – L’hiver est rude en Syrie et Aïcha, 70 ans, lutte pour créer de la chaleur dans un appartement de 100 mètres carrés avec des murs en béton armé et un plancher de terre battue.
Elle vit dans un bâtiment inachevé converti en abri pour personnes déplacées à l'intérieur de Qudsaya, une ville située en montagne à quelques kilomètres de Damas et en grande partie isolée par la guerre.
« Je brûle du plastique et du carton pour me chauffer pendant l'hiver », explique la grand-mère, qui a fui sa maison dans la campagne de Damas il y a cinq ans avec ses deux filles et ses trois petits-enfants après l’éruption des violences.
Elle fait partie des millions de personnes déracinées par les guerres en Syrie et en Iraq voisin qui s'inquiètent pour la survie de leurs familles durant les mois d'hiver quand les températures chutent.
A près de 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, les personnes vivant dans des bâtiments inachevés et des abris précaires à Qudsaya sont davantage menacées par les rudes conditions hivernales. La plupart des précipitations surviennent en hiver et les températures tombent souvent en-dessous de zéro.
« Nous avons de la peine à survivre ici », explique Aïcha, debout dans une pièce vide avec une forte odeur d'humidité. « Nous n'avons même pas de vêtements chauds pour parer à cette saison difficile. »
« Nous avons de la peine à survivre ici. Nous n'avons même pas de vêtements chauds pour parer à cette saison difficile. »
Depuis juillet 2015, les restrictions empêchent les résidents de circuler librement, tandis que les approvisionnements commerciaux et l'aide humanitaire ne peuvent être fournis qu'avec une coordination préalable. Les restrictions ont été récemment assouplies suite à un accord local entre les parties au conflit.
Pour beaucoup, cela a signifié un retour à un semblant de vie normale. Toutefois, derrière les rues et les marchés désormais animés de Qudsaya, les dures réalités de la guerre persistent. Pour Nabil, 54 ans, la vie est encore loin d'être normale.
Lorsque les affrontements ont éclaté dans cette ville il y a trois ans, ce père de trois enfants a fui sa maison et, quand il est revenu, il l’a retrouvée incendiée et pillée. « « Nous avions quitté la maison à la hâte, sans rien prendre avec nous. Quand nous y sommes retournés, nous l’avons trouvée entièrement détruite », explique-t-il.
Depuis, sa vie est devenue plus difficile. Il a perdu son emploi à Damas quand des restrictions ont été imposées sur les mouvements vers et depuis Qudsaya. Sa famille a été affectée par la hausse des prix des aliments et des articles de première nécessité sur le marché local.
« En trois ans, j'ai reçu de l'aide humanitaire à plusieurs reprises. Ce n'est pas assez. C'est comme une goutte dans l'océan », dit Nabil, qui survit maintenant en tant que balayeur.
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a commencé à apporter une aide vitale à 4,6 millions de déracinés iraquiens et syriens - comme Aïcha, Nabil et leurs familles - pour les aider à survivre aux rudes conditions hivernales.
« Dans notre situation, tout est bon pour nous aider à survivre. »
Dans les prochaines semaines, le HCR a pour objectif de venir en aide à 3,2 millions de Syriens et 1,4 million d'Iraquiens, qui sont déracinés au sein de leur pays ou qui ont trouvé refuge en Turquie, en Jordanie, au Liban et en Égypte. Le plan d’aide comprend plusieurs volets, notamment des allocations en espèces, des vêtements, des couvertures, du combustible pour le chauffage et d'autres articles de première nécessité.
Ces dernières semaines, le HCR a livré des bâches en plastique, des couvertures thermiques et des vêtements d'hiver dans la ville assiégée de Harasta-Est dans le district de Ghouta, aux environs de Damas. La livraison faisait partie d'un convoi de l'ONU qui transportait de la nourriture et des médicaments pour les 11 000 personnes prises au piège dans cette ville.
Ces derniers jours, le HCR a distribué de l’aide à Qudsaya et dans le village voisin d'Al-Hama, où son personnel a fourni suffisamment de kits de vêtements d'hiver pour 30 000 résidents, dans le cadre d'un convoi inter-agences qui a également fourni des denrées alimentaires et des médicaments. Cette aide, la première à atteindre Qudsaya pour l'hiver, a été accueillie très favorablement par les résidents.
« Dieu sait combien d’épreuves nous avons déjà subies depuis notre arrivée ici », a déclaré Aïcha au HCR. « Dans notre situation, tout est bon pour nous aider à survivre. »
Le plan du HCR pour l’aide à l’équipement contre les conditions hivernales est sous-financé à hauteur de 68 millions de dollars US. Vous pouvez aider ceux qui en ont besoin ici.