Au Tchad, un camp de réfugiés soudanais développe la scolarisation des enfants, malgré le manque de fournitures
Au Tchad, un camp de réfugiés soudanais développe la scolarisation des enfants, malgré le manque de fournitures
IRIDIMI, Tchad, 27 avril (UNHCR) - A l'arrivée de chaque visiteur, c'est un rituel : les écoliers accourent autour de lui et récitent des expressions apprises en anglais et en français. « Bonjour, ça va, ok », répètent-ils. Certains sont fiers de montrer qu'ils savent compter en anglais et d'autres assaillent de questions le visiteur.
« Nos enfants vont bâtir l'avenir. Nous voulons leur assurer une bonne éducation pour qu'ils puissent plus tard changer la situation dans notre pays », espère Hassan Mahamat Juma, l'un des enseignants au camp d'Iridimi, situé à 65 km environ de la frontière du Soudan. C'est l'un des onze camps mis en place par l'UNHCR, accueillant à l'est du Tchad les 200 000 réfugiés soudanais.
Dans ce camp ouvert en mars 2004, l'école a commencé spontanément à l'initiative des enseignants réfugiés et applique le programme soudanais. Le système d'éducation est bien organisé, en dépit du manque de matériel : les enfants réfugiés sont répartis entre une école centrale et neuf écoles succursales, soit une école dans chacune des 10 zones du camp. Les écoliers et autres enfants en âge scolaire sont estimés à 30 % des 17 000 réfugiés vivant au camp d'Iridimi, avec une moyenne d'environ 100 élèves par classe.
Aujourd'hui, des bâtiments sont en cours de construction, pour améliorer les conditions d'éducation. Les enfants, premiers bénéficiaires, en sont très heureux car ils retrouvent, grâce à la scolarisation, un peu de leur ancienne vie au Soudan. L'UNHCR, en collaboration avec ses partenaires et particulièrement l'UNICEF, a décidé de financer cette initiative pour renforcer l'éducation. L'UNICEF vient justement de dispenser une formation pour les enseignants.
« Pas d'éducation, pas de vie », constate Hassan Mahamat Juma, parent et enseignant.
« Nous sommes satisfaits de l'attitude des parents, qui se révèlent être des partenaires fiables de l'éducation dans le camp », confie Christine Lamarque, chargée pour l'UNHCR des services communautaires dans le camp.
« La plupart des demandes des enseignants », poursuit-elle, « sont relatives à l'approvisionnement du matériel scolaire plutôt qu'à la hausse des salaires ». L'enseignement dans le camp reste la première préoccupation des parents pour leurs enfants. Les enseignants acceptent même une double vacation pour faire la classe à tous les élèves inscrits, à tour de rôle.
Adam Dewad Djibrin, 13 ans, est en quatrième. Il est heureux non seulement d'être passé dans la classe supérieure, mais aussi car son frère et sa petite soeur sont scolarisés. « Quand je serai grand, je serai enseignant pour instruire mes frères et soeurs restés au Soudan », dit-il.
« Moi, quand je serai grand, je serai docteur », ajoute Oumar Fakara, un autre enfant.
Un centre de formation professionnelle va être créé dans le camp, pour apprendre un métier aux jeunes, comme la couture, la cordonnerie ou la menuiserie, ainsi qu'une école maternelle pour encourager la scolarisation des petites filles. Par ailleurs, un système doit encore être mis en place pour scolariser aussi les petits garçons, qui gardent habituellement les animaux et ne peuvent aller à l'école.
Par Bernard NTWARI, au camp d'Iridimi