Au Soudan, planter des arbres diminue l'impact environnemental de l'accueil des réfugiés
Au Soudan, planter des arbres diminue l'impact environnemental de l'accueil des réfugiés
KASSALA, Soudan, 1er juillet (HCR) - Roulez quelques heures au nord-est de Khartoum en direction de Kassala, près de la frontière avec l'Erythrée, et vous tomberez sur l'une des réalisations les plus saisissantes de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés dans la région - des hectares et des hectares d'arbres, à perte de vue.
Le HCR en a planté plus de 19 millions dans le cadre d'un programme lancé il y a 25 ans dans l'objectif de verdir le paysage dénudé de l'est du Soudan. Plusieurs variétés d'acacias, d'eucalyptus et de nombreux autres arbres couvrent désormais les quelque 28 400 hectares d'une terre autrefois aride.
L'agence pour les réfugiés a réalisé ce programme de reforestation dans le cadre de son mandat de protection et d'assistance des réfugiés dans l'est du Soudan, dont certains réfugiés sont présents sur place depuis plus de 40 ans.
Dans les années 1980, plus d'un million de réfugiés vivaient dans cette région. Aujourd'hui, 66 000 réfugiés d'Ethiopie et d'Erythrée vivent dans 12 camps situés dans quatre Etats de l'est et du centre, tandis qu'environ 40 000 autres réfugiés résident dans les communautés locales. Près de 2 000 nouveaux demandeurs d'asile arrivent chaque mois à la frontière.
La présence d'un si grand nombre de personnes vivant dans cette région et utilisant du bois pour cuisiner et s'abriter a sérieusement endommagé l'environnement. Le HCR a lancé le programme de plantation en 1985 pour tenter de redresser l'équilibre et de soulager la terre généreusement fournie par le pays d'accueil.
Le premier programme de reforestation du HCR dans des zones abritant des réfugiés a été mis en oeuvre entre 1985 et 1996 par Enso, une organisation non gouvernementale finlandaise spécialisée dans la sylviculture. Avec le soutien du HCR, la Société nationale des forêts du Soudan (FNC) a poursuivi ces activités depuis 1997.
Le FNC fournit des matériaux, des semences et des outils, ainsi qu'une formation et des conseils techniques en matière de projets agro forestiers qui bénéficient à la fois aux réfugiés et à la communauté locale. Les femmes réalisent la plupart des projets, qui combinent des activités environnementales et d'autonomisation à la restauration de la paix.
En préservant les arbres et les taillis plutôt que de les couper pour obtenir un gain temporaire, ces activités apportent une source durable de fruits, de médicaments, d'ombre et de fourrage. Cela prévient également l'érosion, une préoccupation essentielle dans une région où les sables du Sahara gagnent un peu plus de terrain chaque année.
Le HCR finance des projets de reforestation et d'agroforesterie dans et autour des camps où son personnel intervient. Dans l'un d'eux, le camp de réfugiés Kilo 26, les nouvelles terres cultivées plantées et irriguées couvrent 37 hectares.
Les cultures, qui comprennent okra, tomates, concombres, pastèques, haricots, oignons, sorgho, arachides et fourrage pour le bétail, sont plantées entre les lignes d'arbres ce qui créé un micro climat qui aide à augmenter la production et à fournir des légumes en morte-saison.
Les habitants et les réfugiés assurent le succès du projet. Leurs pépinières produisent 7 000 à 8 000 semis par an pour les champs ou les potagers. Le programme bénéficie à 6 000 habitants locaux et à 9 000 réfugiés. « Grâce à l'agroforesterie, ce projet nous a aidés à cultiver des légumes pour notre consommation domestique et pour la vente sur les marchés locaux », affirme un réfugié.
Le FNC possède un centre de formation pour les réfugiés dans le camp de Shagarab, dans lequel il enseigne la sensibilisation à l'environnement, la plantation des arbres, la production des semis et l'utilisation des énergies propres. En outre, des réchauds fonctionnant avec de la boue ont permis de réduire la consommation de combustible de 40 %.
« L'implication des réfugiés dans la gestion des ressources naturelles grâce à ce projet a accru leur sens de l'appropriation et de la responsabilité, tout en bénéficiant à l'environnement et aux communautés locales », déclare Dualeh Mohamed, un collaborateur du HCR engagé dans ce programme.
Par Karen Ringuette à Kassala, Soudan