Appelant à la paix en Éthiopie, Filippo Grandi insiste « qu'il n'y a pas de solution militaire »
Appelant à la paix en Éthiopie, Filippo Grandi insiste « qu'il n'y a pas de solution militaire »
En novembre dernier, Hailu Mehari a traversé la frontière avec le Soudan, accompagné de sa femme et de deux enfants, laissant derrière eux la région éthiopienne du Tigré ravagée par le conflit.
Hailu Mehari, 65 ans et père de quatre enfants, a rencontré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi durant la visite de ce dernier dans l'est du Soudan où près de 48 000 réfugiés éthiopiens vivent dans deux camps, Um Rakuba et Tunaydbah.
Filippo Grandi a rencontré Hailu à Um Rakuba où il a échangé avec lui et plusieurs autres réfugiés, dont de jeunes hommes et femmes, des handicapés et des personnes âgées. Diverses questions ont été évoquées, dont l'accès aux soins médicaux, les abris et la nourriture.
« Nous avons perdu notre maison, notre exploitation agricole, tout. Je ne peux pas me laisser aller à l'émotion tant elle reste douloureuse », explique Hailu qui était propriétaire de vastes superficies de terres agricoles qu'il n'a pas pu récolter du fait de l'explosion des violences.
« Je suis reconnaissant de tout ce que j'ai reçu au Soudan. »
Hailu ajoute qu'il est heureux d'avoir pu s'en sortir.
« C'est difficile ici, mais je suis très heureux d'être en vie. Je suis reconnaissant de tout ce que j'ai reçu au Soudan », dit-il.
Constatant que la situation était extrêmement difficile, Filippo Grandi a indiqué que le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement soudanais et d'autres agences humanitaires pour améliorer les services.
« Les conditions dans le camp sont précaires, comme dans toutes les situations humanitaires, mais elles se sont améliorées. Des services tels que l'éducation, les distributions alimentaires et les soins de santé sont désormais offerts aux réfugiés », a-t-il ajouté.
Il a félicité le gouvernement et le peuple soudanais de leur hospitalité continue à l'égard des réfugiés, alors que le pays accueille déjà plus d'un million de réfugiés, qu'il est confronté à une crise de déplacement interne concernant plus de 2,5 millions de personnes et qu'il doit faire face a des difficultés économiques croissantes.
« Ce n'est pas comme s’ils n'avaient pas de problème dans d'autres régions du pays et c'est vraiment quelque chose que la communauté internationale se doit de mesurer davantage », a-t-il indiqué.
« Il n'y a pas de solution militaire à ce problème. »
Le Haut Commissaire a été rejoint par le Ministre norvégien du développement international, Dag-Inge Ulstein.
« Les communautés hôtes de ce pays sont un remarquable exemple pour le reste du monde. Les gens sont très chaleureux et ont ouvert leurs portes aux réfugiés », a déclaré le ministre.
Il se félicite des efforts des agences humanitaires qui tentent de répondre aux besoins des réfugiés.
« Les agences des Nations Unies et le HCR ont vraiment fait un travail exceptionnel en organisant ce site dans un délai si bref tout en renforçant la confiance avec les communautés locales », a-t-il ajouté.
Hailu et sa femme Tsige ont beaucoup de peine à être séparés de leurs enfants adultes restés au Tigré.
« Mes autres enfants me manquent et ça me fait toujours pleurer », raconte Tsige. « Cette semaine, quand je pensais à eux, ça m'a vraiment stressée au point d'en avoir mal à l'estomac. Même maintenant, c'est difficile pour moi d'en parler. »
Hailu ajoute qu'il a pu parler à son frère aîné et à ses enfants pour la dernière fois en juin, mais qu'il n'a plus de nouvelles depuis.
« J'espère et je prie qu'ils soient en sécurité », dit-il, ajoutant que bien qu'ils aient tout perdu, ils sont heureux d'avoir réussi à arriver jusqu'au Soudan.
Filippo Grandi a constaté que de nombreux réfugiés avec lesquels il s'était entretenu aimeraient rentrer chez eux, mais seulement si la paix était rétablie. Il a encore rappelé qu’il n'existe pas de solution militaire à ce problème » et que les négociations diplomatiques et les pourparlers politiques étaient le seul moyen de restaurer la paix en Éthiopie.
« C'est l'unique moyen de créer des conditions propices pour que les milliers de gens réfugiés au Soudan puissent effectuer un retour librement consenti chez eux dans la sécurité et la dignité », a-t-il conclu.