Ruud Lubbers : Impliquez les réfugiés dans le développement
Ruud Lubbers : Impliquez les réfugiés dans le développement
NATIONS UNIES - Le Haut Commissaire Ruud Lubbers a aujourd'hui exhorté les responsables africains à inclure les réfugiés et rapatriés dans leur nouveau plan pour la reconstruction économique du continent.
Assistant à une session spéciale sur le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) au siège des Nations Unies à New York, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a estimé qu'il n'y aura de solution durable pour les réfugiés et rapatriés en Afrique que s'ils sont pleinement intégrés dans le processus de développement.
« C'est pourquoi je suis heureux de constater que la première des priorités du NEPAD réside dans la paix et la sécurité - un domaine qui inclue des secteurs tels que la prévention, la gestion et la résolution des conflits » a déclaré Ruud Lubbers. « La paix et la sécurité sont étroitement liés au travail de mon agence. Elles constituent des pré-conditions à toute solution durable pour les millions de réfugiés et de personnes déplacées. »
Face au problème des déplacements de population, M. Lubbers a ajouté que nous devions « regarder au-delà de l'assistance humanitaire et développer de nouvelles approches. Le NEPAD nous offre une occasion inédite de nous attaquer de manière efficace à la crise toujours grandissante des réfugiés. »
Le Haut Commissaire a appelé de ses voeux une ample collaboration entre gouvernements, agences humanitaires et de développement, et ONG, pour combler le fossé entre l'aide d'urgence et les besoins du développement à plus long terme pour les réfugiés et les rapatriés. De tels efforts, entrepris conjointement, permettront d'améliorer le niveau d'autosuffisance des réfugiés dans leur pays d'accueil, tout en facilitant leur réintégration, une fois rentrés au pays.
Pour les situations de retour de réfugiés, R. Lubbers propose ce qu'il appelle le plan des « quatre R » : rapatriement, réintégration, réhabilitation et reconstruction. Au cours d'une rencontre avec le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, et l'administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mark Malloch-Brown, Lubbers a suggéré des avenues de collaboration possible entre les trois organismes, pour l'application du plan des quatre R.
Dans le cas de situations de réfugiés prolongées, le Haut Commissaire prône une autre approche, connue sous le nom de « développement par l'intégration locale ». Plutôt que de ne traiter les réfugiés que comme un fardeau, les pays d'asile et la communauté internationale doivent reconnaître le fait que les réfugiés peuvent être des « agents de développement ». Un exemple concret de cette situation peut être observé en Zambie, où les efforts pour permettre aux réfugiés d'atteindre un bon niveau d'autosuffisance, grâce à des activités de soutien des projets agricoles et des petites entreprises, ont eu des retombées positives sur l'économie locale.
« En intégrant les réfugiés dans le tissu socio-économique de leur pays d'accueil, nous favorisons aussi l'amélioration globale de la paix et de la sécurité » argumente Lubbers. « On peut ainsi lutter contre l'oisiveté dans les camps - qui peut avoir de graves conséquences - tout en procurant aux réfugiés une chance concrète de contribuer au développement de leur pays d'accueil. Ce faisant, ils acquièrent des qualifications qui leur permettront de participer à la reconstruction de leur propre pays, une fois rentrés : tout le monde y gagne. »
Il y a actuellement 4,2 millions de personnes relevant de la compétence du HCR en Afrique, parmi lesquelles figurent environ 3 millions de réfugiés affectés par des conflits de longue date.