Résoudre les conflits ou subir une hausse vertigineuse des situations de réfugiés prolongées, prévient Angelina Jolie, Emissaire du HCR
Résoudre les conflits ou subir une hausse vertigineuse des situations de réfugiés prolongées, prévient Angelina Jolie, Emissaire du HCR
MAE HONG SON, Thaïlande, 20 juin (HCR) - Angelina Jolie, Emissaire du HCR, a appelé à une action urgente pour mettre fin au cercle vicieux de la violence et des déplacements de populations, alors que le nombre de personnes déracinées dépasse les 50 millions pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
Elle s'exprimait lors de sa visite, à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié, auprès des réfugiés du Myanmar au nord de la Thaïlande, alors que le tout dernier rapport du HCR sur les Tendances mondiales révélait le nombre sans précédent de 51,2 millions de réfugiés, personnes déplacées et demandeurs d'asile dans le monde entier. Le nombre total des réfugiés a augmenté de six millions entre la fin 2012 et la fin 2013.
« La prévention des conflits armés devrait être une responsabilité collective de la communauté internationale », a déclaré Angelina Jolie au camp de Ban Mai Nai Soi dans la province de Mae Hong Son vendredi. « Cette hausse vertigineuse du nombre de réfugiés prouve que le monde ne parvient pas à s'acquitter de cette responsabilité. Cette situation est injuste et insoutenable à long terme. La seule réponse est de consacrer davantage d'efforts et de ressources pour régler les conflits dans le monde entier - il n'y a pas de solutions humanitaires à des problèmes politiques. »
On peut lire dans le rapport du HCR que les principaux facteurs de la hausse spectaculaire de la population déracinée à travers le monde ont été l'escalade des conflits au Moyen-Orient, en Afrique centrale et occidentale, ainsi que l'absence de solutions concernant les réfugiés existants.
L'Emissaire du HCR a exprimé son inquiétude sur l'aggravation de la crise en Syrie et ses répercussions en Iraq, où une situation d'urgence humanitaire se développe actuellement avec des centaines de milliers de personnes fuyant le tout dernier chapitre d'une guerre vieille de dix ans. Certaines personnes pourraient être déplacées pour la troisième fois, après avoir fui vers la Syrie les violences sectaires en Iraq en 2003. Ils avaient ensuite été contraints de rentrer en Iraq l'an dernier, leur havre de paix étant devenu un champ de bataille, pour être à nouveau déracinés par la récente instabilité.
« Ces dernières années, nous n'avons cessé d'alerter sur un débordement et les énormes conséquences que cela pourrait avoir sur la région. Il y a seulement quelques mois, je me suis rendue au Liban où les tensions le long de la frontière avec la Syrie étaient élevées. Lors de ma visite sur place, des affrontements ont eu lieu des deux côtés de la frontière. Désormais, en Iraq, il y a des centaines de milliers de personnes fuyant un autre champ de bataille potentiel », a déclaré Angelina Jolie.
Parallèlement, la résurgence de la violence en République centrafricaine et au Soudan du Sud est à l'origine d'une hémorragie de réfugiés vers les pays voisins, ce qui place une pression supplémentaire sur une région déjà instable et qui contribue à une insécurité alimentaire croissante.
« Les deux conflits en Syrie et en Iraq sont devenus des menaces claires sur la stabilité de la région, affectant la paix et la sécurité au niveau mondial. »
« Le nombre des réfugiés augmente plus vite que la capacité du monde à répondre à ces situations. L'aide humanitaire peut apporter un soulagement temporaire, mais elle ne peut résoudre les causes profondes de déplacements massifs », a déclaré l'Emissaire du HCR. « Aujourd'hui, plus que jamais, la communauté internationale ne doit pas juste montrer, elle doit également agir par une volonté politique d'arrêter et de prévenir les conflits. »
L'alternative, a-t-elle prévenu, est une hausse vertigineuse du nombre de réfugiés qui resteront dans cette situation toute leur vie. « Plus de la moitié des réfugiés dont s'occupe le HCR sont déjà dans des situations prolongées », a-t-elle expliqué. « En moyenne, un réfugié passe 17 ans de sa vie en exil. C'est 17 ans d'incertitude, sans pouvoir rentrer chez soi ni se construire un nouvel avenir. Si nous ne parvenons pas à résoudre ces conflits actuels, nous verrons de plus en plus de réfugiés qui le seront pour toute leur vie. Ils ont besoin d'un soutien permanent de la communauté internationale et posent un danger permanent pour la stabilité. »
Vendredi, l'Emissaire du HCR a rendu visite à des réfugiés pris dans l'une des plus anciennes situations de réfugiés au monde à la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar. Selon les estimations, 120 000 réfugiés du Myanmar vivent aujourd'hui dans neuf camps en Thaïlande à la frontière avec le Myanmar, certains depuis 30 ans.
Depuis 2005, un programme de réinstallation à grande échelle a permis à 90 000 réfugiés du Myanmar dans ces camps de recommencer leur vie dans des pays comme les Etats-Unis, l'Australie et la Suède. Ceux qui restent se demandent si les réformes au Myanmar pourraient ouvrir la voie à un retour.
Lors de ses rencontres avec les réfugiés au camp de Ban Mai Nai Soi - le camp qui est situé le plus au sud sur le total des neuf camps - Angelina Jolie a déclaré qu'ils ont besoin d'en savoir plus sur la situation au Myanmar avant de pouvoir prendre des décisions en toute connaissance de cause sur les prochaines étapes de leur vie.
« Après avoir aidé les réfugiés à survivre en exil pendant trois décennies, la communauté internationale ne peut pas les laisser tomber à ce moment critique », a déclaré l'Emissaire du HCR. Elle a souligné la nécessité de donner des compétences professionnelles aux réfugiés et de leur assurer une éducation pour un meilleur avenir. Il faut également aider le Myanmar à se préparer pour leur retour sûr et durable quand les conditions seront propices.
« Après 30 ans d'exil, la meilleure solution que nous pouvons donner à ces réfugiés, c'est le droit et le pouvoir de choisir leur propre voie », a déclaré Angelina Jolie. « C'est notre chance de bien faire les choses, de briser une fois pour toutes le cercle vicieux des conflits et des déplacements de populations. »
A la fin 2013, les Afghans, les Syriens et les Somaliens étaient les populations réfugiées les plus importantes qui recevaient une assistance du HCR. Parmi les trois plus importants pays d'origine des réfugiés, l'Afghanistan et la Somalie sont aux prises avec des conflits datant respectivement de 35 ans et 23 ans, tandis que la Syrie est entrée dans sa quatrième année de conflit.