Le HCR lance un appel de 6,2 millions de dollars en faveur des déplacés internes tchadiens
Le HCR lance un appel de 6,2 millions de dollars en faveur des déplacés internes tchadiens
Mardi 27 février 2007
GENEVE - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé aujourd'hui un appel supplémentaire de 6,2 millions de dollars pour financer les programmes de protection et d'assistance destinés aux dizaines de milliers de personnes déplacées internes (PDI) dans l'est du Tchad.
Cet appel vient s'ajouter au budget annuel de l'UNHCR pour l'année 2007 de 69,3 millions de dollars en faveur des quelque 220 000 réfugiés originaires de la région voisine du Darfour, au Soudan, accueillis dans douze camps à l'est du Tchad, et des 46 000 autres réfugiés de République centrafricaine qui se trouvent dans le sud du pays.
Le Tchad, qui a déjà des difficultés à gérer l'afflux de réfugiés provenant du Darfour et de République centrafricaine, doit maintenant faire face aux déplacements internes de près de 120 000 de ses ressortissants dans un climat d'insécurité régionale diffuse. Les déplacements ont commencé vers fin 2005 et se sont aggravés en 2006, avec une série de violentes attaques interethniques, exacerbées par la compétition pour les maigres ressources en eau, pâturages et autres ressources - la plupart dans le sud-est du pays. Le nouvel appel inclut les chiffres prévisionnels de 150 000 déplacés internes d'ici la fin de 2007.
Ce nouvel appel en faveur des déplacés tchadiens va couvrir différents besoins de protection et d'assistance, dont le transfert d'environ 20 000 d'entre eux d'installations de fortune établies spontanément vers des campements plus organisés. L'appel financera aussi des missions régulières dans les sites de déplacés, l'assistance aux victimes de violence sexiste, la recherche des membres d'une même famille, l'étude du profil des populations de déplacés, la surveillance des retours dans quelque 150 villages, la distribution d'abris d'urgence et d'autres articles de secours non alimentaires et la construction d'infrastructures dans les sites.
L'appel reconnaît les difficultés de mettre en oeuvre une assistance humanitaire dans un climat d'insécurité grandissant qui concerne une grande partie de l'est du Tchad.
« A cause de la situation sécuritaire, les agences humanitaires travaillent dans des conditions très difficiles et n'ont qu'un accès limité aux personnes déplacées », peut-on lire dans l'appel, qui indique également que beaucoup d'organisations ont dû transférer leur personnel plusieurs fois. « De plus, la saison des pluies (de mai à octobre) rend difficiles les transports dans la région, car de nombreuses routes sont impraticables. »
Dans un rapport du 23 février présenté au Conseil de sécurité des Nations Unies, le Secrétaire général Ban Ki-moon a proposé l'envoi d'une mission de l'ONU pour le maintien de la paix au Tchad afin de protéger les civils et décourager les attaques transfrontalières. La mission aura un mandat multidisciplinaire qui assurera la sécurité des civils, maintiendra l'ordre et assurera le respect de la loi dans les camps de réfugiés et dans les villes accueillant des bureaux d'agences humanitaires, déploiera du personnel aux frontières, facilitera l'acheminement des secours, fera progresser les relations entre le Tchad, le Soudan et la République centrafricaine, en favorisant le dialogue.
Peu d'agences humanitaires ont leur personnel ou leurs bureaux dans les zones de déplacement. De plus, la plupart des déplacés sont dispersés dans des villages, plutôt que dans des installations organisées. Les autorités locales n'ont que des ressources et des capacités limitées pour gérer les énormes besoins des populations déplacées.
L'appel note que les attaques qui ont eu lieu à l'est du Tchad ressemblent à celles ayant éclaté au Darfour (Soudan) : des hommes armés, principalement arabes, se déplaçant à cheval ou à dos de chameau attaquent et incendient des villages africains ; ils détruisent les cultures, volent le bétail, terrorisent les habitants des villages et en tuent un grand nombre. Des groupes, pour la plupart d'origine tchadienne arabe, seraient impliqués dans ces attaques, et bénéficieraient d'une certaine coopération de la part des milices soudanaises janjaweed. Des villageois mal armés s'organisent de plus en plus pour former des groupes d'autodéfense pour contrer ces attaques répétées, mais ils ne font toujours pas le poids face aux attaquants.
Selon le rapport, les luttes inter-communautaires se sont intensifiées en 2006. Nombre de villages tchadiens près de la frontière soudanaise ont été attaqués lors d'une première vague de violence, de février à avril 2006. Les habitants de ces villages se sont déplacés vers des zones qu'ils croyaient plus sûres, mais ils ont été attaqués à nouveau et se sont encore déplacés. Malgré les efforts des autorités tchadiennes, les attaques continuent. En novembre, une série de violentes agressions à l'encontre d'une cinquantaine de villages a provoqué plus de 250 morts, des centaines de blessés, la destruction d'au moins 30 villages et 25 000 nouveaux déplacés.
En décembre, une autre vague d'attaques contre des villages de la zone de Koukou-Angarana a tué 30 personnes, dont dix réfugiés soudanais du camp de Goz Amer, qui ramassaient leurs récoltes dans des champs voisins.
Actuellement, il y a au moins 25 installations de personnes déplacées dans les départements de Assoungha, Bahr Azoum, Dar Sila, Dar Tama et Ouara, dans le sud-est du Tchad. Selon l'appel, l'étendue réelle des déplacements dans le sud-est du Tchad demeure difficile à évaluer, car beaucoup de familles déplacées vivent dans des villages.
A ce jour, l'UNHCR a reçu 14 millions de dollars pour ses programmes annuels au Tchad pour 2007, dont 8 millions versés par les Etats-Unis.