Le rapport annuel du HCR sur la protection des réfugiés met en lumière des préoccupations sécuritaires
Le rapport annuel du HCR sur la protection des réfugiés met en lumière des préoccupations sécuritaires
Mercredi le 3 octobre 2007
GENEVE - Les préoccupations sécuritaires occupent une place prépondérante dans les régimes de l'asile dans un nombre croissant de pays, avec une tendance inquiétante à reléguer les droits des personnes au second plan, a indiqué mercredi une haute responsable de la protection de l'UNHCR.
S'exprimant à l'occasion de la réunion annuelle du Comité exécutif de l'UNHCR, composé de 72 nations, la Haut Commissaire assistante de l'UNHCR pour la protection, Erika Feller, a présenté certaines des conclusions principales du rapport annuel de l'agence sur la protection internationale.
« Le monde des frontières est particulièrement sombre ; des interceptions, des demi-tours et des refoulements s'y déroulent en dehors de tout examen approprié. La sécurité est la préoccupation majeure dans les systèmes relatifs à l'asile dans un nombre croissant de pays, contribuant à la naissance d'une culture où les droits deviennent secondaires », a déclaré Erika Feller aux délégués.
La détention arbitraire, y compris d'enfants, et la privatisation de la détention qui, dans certains pays, est devenue une industrie, est particulièrement inquiétante, a-t-elle ajouté.
« La création d'un groupe de pression économique favorable à la détention a déstabilisé les efforts considérables déployés pour établir des alternatives à la détention, et a contribué à estomper encore davantage la distinction entre les détenus qui sont réfugiés et ceux qui ne le sont pas », a-t-elle dit.
Erika Feller a indiqué que, dans certaines régions, l'asile était une « loterie » et que les Etats appliquaient les standards de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés de manière inégale.
« Le taux très variable de reconnaissance des réfugiés entre les Etats est un indicateur significatif. Des recherches montrent, par exemple, que des personnes originaires d'Iraq, de Sri Lanka ou de Somalie ont des chances très différentes de trouver une protection selon l'endroit où sera déposée leur demande », a déclaré Erika Feller aux délégués.
« Les préoccupations sécuritaires et la détention arbitraire, qui ne sont pas soumises à l'habeas corpus ou à un examen légal, laissent les demandeurs d'asile dans une situation de vide juridique dans bon nombre de pays... », a-t-elle ajouté.
La protection des réfugiés dans le contexte des mouvements migratoires mixtes se déroulant dans la Méditerranée, dans le golfe d'Aden, dans les Caraïbes et dans d'autres régions est aussi l'un des défis actuels majeurs de la protection et l'une des principales priorités de l'UNHCR.
« Nous n'avons pas encore trouvé de compromis avec les Etats au sujet des frontières maritimes. Les Etats refusent toujours le débarquement. Les navires peuvent refuser le sauvetage. L'absence de systèmes harmonisant correctement la gestion des migrations et la protection des réfugiés est inquiétante », a-t-elle déclaré.
Alors que le rapport fait apparaître quelques lueurs d'espoir à l'horizon avec plus de 700 000 réfugiés ayant pu rentrer chez eux en 2006, des tendances globalement positives concernant la réinstallation et une augmentation du nombre des pays de réinstallation, Erika Feller a indiqué que l'UNHCR était préoccupé par l'accroissement d'une catégorie de personnes qui sont en train de devenir des « intouchables » pour les pays de réinstallation.
« De plus en plus, certains groupes de réfugiés deviennent tout simplement indésirables pour les pays de réinstallation. Ni leur statut de réfugié, ni leurs besoins de protection ne sont remis en question, mais ils ne sont pas acceptés. Parmi ces « intouchables » se trouvent des groupes ethniques politiquement sensibles, des personnes âgées, car elles deviendront une charge pour les institutions publiques, des familles nombreuses qui sont considérées comme trop chères à entretenir, des hommes célibataires perçus comme une menace potentielle pour l'ordre public ou des réfugiés ayant un niveau d'études peu élevé, dont l'intégration pourrait prendre du temps », a indiqué Erika Feller aux délégués.
Bien que moins d'un pour cent des réfugiés dans le monde soit réinstallé chaque année, la réinstallation est une solution durable importante pour les réfugiés et la démonstration d'un partage des responsabilités.
Erika Feller a aussi dit que le partage équitable des responsabilités entre les Etats restait quasiment inexistant.
« Ceci est particulièrement bien illustré, par exemple, par le taux d'arrivée ahurissant des Iraquiens dans les pays voisins, la reconnaissance timide de la charge imposée de ce fait aux pays comme la Syrie, et l'approche de la communauté internationale bien trop hésitante pour aider ces pays à supporter pareil fardeau. C'est de loin la crise de déplacement qui augmente le plus rapidement parmi celles que nous devons gérer actuellement. Sans soutien durable de la part des pays d'accueil, la protection dans cette région pourrait ne plus devenir qu'une notion abstraite », a-t-elle dit. Lundi, la Syrie, qui accueille plus d'1,5 million de réfugiés iraquiens, semblait avoir pratiquement fermé ses frontières aux réfugiés.