Le chef de l'ONU appelle à une mobilisation accrue contre les déplacements de populations
Le chef de l'ONU appelle à une mobilisation accrue contre les déplacements de populations
GENEVE, 1er octobre (HCR) - Mercredi, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a exhorté les pays du monde entier à faire davantage pour prévenir le déplacement forcé de populations, s'attaquer à ses causes profondes et soutenir des solutions pour les personnes touchées à une époque où les crises sont multiples.
« Cela nécessite des ressources plus importantes et davantage de leadership politique. Cela nécessite également une coopération sans précédent de la part de la communauté internationale », a ajouté Ban Ki-moon, dans son allocution lors de la réunion annuelle du Comité exécutif (ExCom) du HCR à Genève.
Il a affirmé que la communauté internationale devait plus que jamais se mobiliser alors que le monde est aujourd'hui confronté à de nombreux défis, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique.
« Dans l'histoire des Nations Unies, on n'avait encore jamais connu autant de réfugiés, de personnes déplacées et de demandeurs d'asile. Les Nations Unies n'avaient encore jamais été sollicitées pour offrir une aide alimentaire d'urgence et d'autres soutiens vitaux à autant de personnes », a-t-il fait remarquer.
« Certains défis font la une des journaux. D'autres sont loin derrière… En Iraq et en Syrie, nous constatons chaque jour à quel point la barbarie peut régner et ses effets d'entrainement dévastateurs dans toute la région », a affirmé Ban Ki-moon, en ajoutant qu'en Afrique plus de 2 millions de personnes avaient été forcées de quitter leur foyer cette année. Ce chiffre comprend les personnes fuyant la guerre et les conflits civils « de la République centrafricaine au nord du Nigéria… depuis la Corne de l'Afrique au Sahel ».
Ban Ki-moon, le premier Secrétaire général de l'ONU à intervenir devant l'ExCom depuis dix ans, a également affirmé qu'il était nécessaire de se concentrer plus tôt et plus fortement sur les droits humains. « L'initiative 'Les droits avant tout' que j'ai lancée l'année dernière vise à mettre les droits humains au coeur de notre réflexion et de notre action sur le terrain » a-t-il déclaré, tout en faisant remarquer que le HCR soutenait cette initiative depuis le début.
Le Secrétaire général a lancé le plan d'action 'Les Droits avant tout' en décembre dernier afin d'améliorer l'action des Nations Unies en matière de protection des droits humains dans le monde entier. « Avec son leadership dans le domaine de la protection, le HCR apporte une expertise importante dans le contexte des opérations humanitaires et des situations de conflit en cours. Avec sa culture de la protection, le HCR sert de modèle pour le système des Nations Unies dans son ensemble », a-t-il déclaré.
Il a mentionné la protection de près de 100 000 bases des Nations Unies à travers le Soudan du Sud cette année comme « un élément déterminant de cette nouvelle approche ». Le chef des Nations Unies, faisant allusion à l'action des Nations Unies au Rwanda, a déclaré que « sans cette politique de porte ouverte, je crains que des milliers de personnes seraient décédées ».
Il a également évoqué la nécessité de coopérer dès le début afin de trouver des solutions durables pour les personnes déracinées et il a affirmé que les besoins et le potentiel des populations déplacées « devaient se refléter dans les projets nationaux de développement et se fonder sur une analyse commune ».
Ban Ki-moon a accueilli favorablement les projets du HCR visant à lancer en fin d'année une campagne mondiale destinée à mettre un terme à l'apatridie d'ici 2024 et il a appelé tous les Etats membres d'ExCom à la soutenir. « Les années à venir doivent être le temps de l'action concrète - pour changer les lois sur la nationalité, résoudre la situation dramatique des apatrides et veiller à ce qu'aucun enfant ne naisse sans citoyenneté », a-t-il insisté.
« L'apatridie, comme beaucoup d'autres violations des droits humains, est souvent ancrée dans des croyances et des pratiques discriminatoires. Mobilisons-nous tous ensemble contre toutes les formes de racisme, de xénophobie et de manipulation qui engendrent la haine, l'exclusion et la discrimination. Et n'ayons pas peur de nous exprimer quand des personnes sont privées de leur nationalité », a-t-il ajouté.
L'apatridie est un vaste problème qui affecte au moins 10 millions de personnes à travers le monde. Les personnes privées de nationalité sont souvent confrontées à des difficultés pour participer à la société et exercer de nombreux droits fondamentaux, dont celui à l'éducation, aux soins de santé, au voyage et à l'emploi. Certaines peuvent être détenues parce qu'elles sont apatrides.
Faisant une remarque plus personnelle, Ban Ki-moon a rappelé sa propre expérience en tant que déplacé pendant la Guerre de Corée qui a duré de 1950 à 1953 et il a affirmé que cela expliquait son engagement pour le HCR et son action.
« La fuite vers les collines entourant mon village avec ma famille est l'un de mes souvenirs les plus anciens. Tout en grimpant sous la pluie et dans le froid, je regardais le seul monde que je connaissais. L'endroit où je jouais, l'endroit où j'allais à l'école, l'endroit où je vivais avec ma famille, tout cela était en flammes. Nos vies se sont envolées en fumée », a-t-il dit à l'ExCom.
Puis les Nations Unies et la communauté internationale sont intervenues rapidement pour aider. « Ils nous ont nourris. Ils nous ont fourni des livres et des crayons. Ils nous ont aidés à reconstruire et ils nous ont donné la force de retrouver l'espoir ».
Le Secrétaire général a ajouté que, fort de sa propre expérience, quand il rend visite à des réfugiés, il « leur transmet un message simple : 'le monde est avec vous - et je suis avec vous. Je connais au moins certaines des épreuves que vous traversez - je les ai vécues moi aussi. Et malgré les difficultés, malgré l'obscurité, je m'en suis sorti. Vous vous en sortirez vous aussi' » avec l'aide du HCR et d'autres organisations d'aide humanitaire.
Cette année, le président de l'ExCom est un compatriote de Ban Ki-moon, le diplomate sud coréen Choi Seokyoung.
Par Leo Dobbs à Genève