HCR : Le nombre de réfugiés augmente pour la première fois en cinq ans
HCR : Le nombre de réfugiés augmente pour la première fois en cinq ans
Le 19 juin 2007
GENEVE - Le nombre de réfugiés dans le monde a augmenté pour la première fois depuis 2002, en grande partie à cause de la crise en Iraq, a déclaré aujourd'hui l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Dans son rapport « Tendances mondiales en 2006 », publié aujourd'hui, l'UNHCR indique que le nombre de réfugiés qui relèvent de son mandat a augmenté de 14 pour cent l'année dernière, pour atteindre presque dix millions, son niveau le plus élevé depuis 2002. Parallèlement, la part des autres catégories de personnes relevant des différents mandats de l'agence s'est aussi fortement accrue, principalement grâce à des systèmes d'enregistrement plus performants et à des statistiques plus précises.
« Alors que le nombre de personnes déracinées par la persécution, l'intolérance et la violence à travers le monde augmente, nous devons faire face aux défis et aux demandes d'un monde en transformation, tout en restant fidèles à notre mandat de défense des droits des réfugiés et des autres personnes dont nous nous occupons », a déclaré le Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres.
Selon le rapport de l'UNHCR, l'augmentation du nombre de réfugiés est due en grande partie à la situation en Iraq, qui avait forcé à la fin de l'année 2006 jusqu'à 1,5 million d'Iraquiens à chercher refuge dans d'autres pays, notamment en Syrie et en Jordanie.
En 2006, le groupe le plus important de réfugiés relevant du mandat de l'UNHCR était toujours celui des Afghans (2,1 millions), suivi des Iraquiens (1,5 million), des Soudanais (686 000), des Somaliens (460 000) et des réfugiés originaires de la République démocratique du Congo et du Burundi (environ 400 000 chacun).
Les chiffres publiés par l'UNHCR ne comprennent pas les 4,3 millions de réfugiés palestiniens se trouvant en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans les territoires palestiniens occupés, qui relèvent du mandat d'une autre agence, l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). En les ajoutant, le nombre total de réfugiés relevant du mandat des deux agences dépasse les 14 millions.
En plus des réfugiés, l'UNHCR assiste aussi depuis plusieurs années des populations spécifiques de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Ce sont des personnes qui ont également fui leur foyer du fait des menaces pesant contre leur sécurité, mais qui n'ont pas traversé de frontières internationalement reconnues. A la fin de 2006, le nombre total des personnes déplacées internes à cause de conflits à travers le monde était estimé à 24,5 millions par le Centre de surveillance des déplacements internes du Conseil norvégien pour les réfugiés.
Dans le cadre d'un effort de coopération renforcé pour répondre aux besoins des déplacés internes, les Nations Unies ont assigné des fonctions sectorielles spécifiques à diverses agences onusiennes l'an passé. Dans ce contexte, l'UNHCR a pris la responsabilité principale dans les domaines de la protection, de l'hébergement d'urgence, de la gestion et de la coordination des camps dans les situations de déplacement interne de plusieurs pays, parmi lesquels l'Ouganda, la République démocratique du Congo, le Libéria et la Somalie.
Au même moment, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées au sein de leur propre pays par les conflits en Iraq, au Liban, au Sri Lanka, au Timor-Leste et au Soudan. Fin 2006, le nombre de déplacés internes protégés ou assistés par l'UNHCR dans le cadre de l'effort de coopération des Nations Unies a atteint le chiffre record de presque 13 millions (plus de la moitié de la population estimée être déplacée interne du monde). Cela représente presque le double du chiffre de l'an passé et constitue la raison principale de la forte augmentation du nombre total des personnes relevant du mandat de l'UNHCR - passant de 21 millions en 2005 à près de 33 millions in 2006.
« Nous prenons part à la réponse collective apportée par le système des Nations Unies et la communauté humanitaire en général au sort des déplacés internes », a indiqué António Guterres. « Dans le même temps, dans une situation comme celle du Darfour, le rôle d'organisations comme la nôtre est sévèrement limité. Cela peut sembler intolérable, mais notre désespoir n'est rien à côté de celui des millions de personnes victimes de déplacements forcés. »
Les personnes apatrides - qui n'ont aucune nationalité et n'ont donc, dans certains cas extrêmes, pas d'existence officielle - forment un autre groupe qui a bénéficié d'une approche plus ciblée de la part de l'UNHCR, de concert avec les Etats et les donateurs.
Grâce à une ambitieuse enquête lancée en 2003 auprès des Etats, une vue plus globale de l'ampleur et de la complexité du problème est apparue. En 2006, le nombre total d'apatrides identifiés a plus que doublé, atteignant 5,8 millions. Cette hausse n'est pas le reflet de situations nouvelles d'apatridie mais plutôt le résultat d'une meilleure couverture des données.
« Paradoxalement, dans leur cas, les fortes augmentations du nombre de personnes apatrides peuvent représenter un signe d'amélioration - plutôt que de dégradation », a déclaré le Haut Commissaire António Guterres. « Reconnaître que les apatrides existent est le premier pas, d'une importance vitale, pour trouver une solution à leur difficile situation. Et, en effet, après des années de progrès lents, un nombre croissant d'Etats a mis en place, ou considère sérieusement la possibilité de mettre en place, des solutions durables pour certains des apatrides oubliés du monde. »