Golfe d'Aden : la tragédie continue
Golfe d'Aden : la tragédie continue
Les tragédies, impliquant des bateaux de passeurs dans le Golfe d'Aden, se poursuivent avec la confirmation d'au moins 89 morts et 154 personnes toujours portées disparues pour ce mois-ci. En même temps, l'UNHCR élargit ses opérations de façon à faire face à cette crise permanente.
Entre le 1er et le 28 septembre, un total de 50 bateaux de trafiquants - près de deux par jour - sont arrivés sur les côtes du Yémen depuis la Somalie transportant 4 741 personnes - pour la plupart des Somaliens et des Ethiopiens. Il s'agit d'une augmentation de 70 pour cent par rapport à l'année dernière, lorsque 30 bateaux étaient arrivés transportant 2 961 personnes pendant tout le mois de septembre 2006.
Les cinq derniers bateaux sont arrivés mercredi (26 septembre) transportant 600 Somaliens et Ethiopiens. Une personne est morte et 22 autres sont toujours portées disparues. Quatre Ethiopiens sont morts asphyxiés à fond de cale de l'un des bateaux et 18 autres ont été jetés par-dessus bord alors qu'ils étaient toujours en mer, selon les récits des passagers. Les survivants nous ont dit qu'ils avaient été traités violemment par les trafiquants, qui les ont battus avec des barres de fer, des ceintures et des tubes en plastique et qui les ont poignardés. Deux des bateaux arrivés dimanche (23 septembre) transportaient 98 Somaliens et 135 Ethiopiens. Deux Somaliens sont morts asphyxiés à fond de cale pendant le voyage sur l'un des bateaux. Deux se sont noyés en tentant d'atteindre la côte depuis les eaux profondes.
Plusieurs nouveaux arrivants ont rapporté que les forces armées yéménites à Al Neshima avaient ouvert le feu quand ils ont repéré les bateaux. Ils ont dit qu'un homme somalien âgé de 70 ans a été tué d'un coup de feu en plein coeur. Il a été enterré par les militaires. Les nouveaux arrivants ont également raconté que les trafiquants ont riposté aux coups de feu lorsqu'ils ont été mitraillés.
Les garde-côtes yéménites auraient séparé les Somaliens et les Ethiopiens et fouillé tous leurs biens avant que l'UNHCR et les équipes partenaires n'arrivent. Tous les Ethiopiens ont été gardés par les militaires et remis entre les mains des autorités d'immigration avant d'être envoyés aux autorités d'immigration et de naturalisation à Sana'a.
L'UNHCR au Yémen a évoqué ces échanges de tirs avec les autorités yéménites, qui ont exprimé leur inquiétude sur le fait que certains trafiquants arrivent avec des armes et de la drogue. L'UNHCR a fait part de ses inquiétudes pour la sécurité de civils innocents à bord de ces bateaux. D'ici la fin du mois, l'UNHCR assurera la formation des garde-côtes yéménites et des officiels d'immigration sur le droit des réfugiés, le droit humanitaire et le sauvetage en mer. Nous avons également demandé à avoir accès aux Ethiopiens emprisonnés, plusieurs d'entre eux ayant exprimé leur désir de demander l'asile.
Alors que la situation se détériore, l'UNHCR prévoit de mettre en place un second centre de réception et d'enregistrement à Ahwar le long de la côte yéménite. Il pourrait comprendre également un centre de santé géré par Médecins Sans Frontières (MSF). Nous explorons aussi la possibilité de développer une présence de surveillance le long de la côte, avec davantage de personnel et de véhicules de l'UNHCR et de ses partenaires. Cela permettrait d'accélérer la réception, le soutien immédiat et le transfert des nouveaux arrivants vers les centres d'enregistrement. MSF a également mis en place trois des quatre postes de santé prévus le long de la côte. L'UNHCR a également l'intention d'avoir deux centres d'enregistrement à Sana'a et Aden. Nous avons actuellement 61 employés au Yémen et nous prévoyons des renforts supplémentaires dans les mois à venir.
Jusqu'à présent cette année, 13 897 personnes sont arrivées au Yémen après une traversée périlleuse dans le golfe, alors qu'au moins 356 sont mortes et 272 sont toujours portées disparues.