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Déclaration du Haut Commissaire Ruud Lubbers

Communiqués de presse

Déclaration du Haut Commissaire Ruud Lubbers

1 Mars 2002

Déclaration du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, qui se trouve à Kigali, au Rwanda, au terme d'une mission d'une semaine en Afrique centrale.

« Le HCR et Save the Children UK ont donné cette semaine des détails alarmants concernant de nombreux cas d'abus et d'exploitation de jeunes réfugiés en Afrique de l'Ouest, qui auraient été perpétrés par certains membres de la communauté humanitaire.

« Ces troublantes allégations, en grande partie basées sur les témoignages des enfants eux-mêmes, ont fait prendre conscience de l'existence d'un problème d'une extrême gravité. Même si la véracité de ces affirmations n'a pas été prouvée, vu le nombre et la similitude des témoignages, la nécessité d'une action immédiate et coordonnée et d'une enquête rigoureuse ne fait pas l'ombre d'un doute.

« J'ai demandé une approche en deux volets :

« Premièrement, la nécessité d'une enquête que nous avions en fait commencé à organiser en décembre, dès les premiers signes indiquant l'ampleur du problème. Une équipe d'investigateurs se trouve actuellement dans la région afin de réunir toutes les informations nécessaires.

« Des mesures disciplinaires seront prises sans attendre à l'encontre de toute personne dont la culpabilité aura été prouvée. Comme l'a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, nous avons une politique de tolérance zéro vis-à-vis d'individus ayant commis de tels actes. Il n'y a pas de place dans le monde humanitaire pour ceux qui s'attaquent aux plus vulnérables et aux plus innocents parmi les réfugiés : les enfants. Les travailleurs humanitaires se doivent de suivre des normes de conduite des plus strictes.

« Deuxièmement, nous travaillons en étroite collaboration au sein du système des Nations Unies et avec nos partenaires humanitaires en vue de mettre en place des mesures destinées à endiguer ce problème, notamment en augmentant la présence de hauts responsables du personnel international et la surveillance dans les camps pour identifier les enfants les plus exposés à l'exploitation et leur fournir la protection qui leur est due.

« Certains enfants ont raconté que ni eux ni leurs familles ne recevaient une aide adéquate. Ceci est symptomatique d'un problème plus vaste auquel font face les agences humanitaires : la pauvreté et le manque d'assistance font que les réfugiés sont plus sujets à l'exploitation.

« Il y a un an de cela, je me suis rendu en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria dans le cadre de ma première mission sur le terrain en tant que Haut Commissaire. La région était en pleine crise. Depuis, bien des progrès ont été accomplis grâce au personnel humanitaire, local et international, dévoué, de plusieurs agences et organisations. Il est affligeant de voir aujourd'hui le travail et le bien accomplis par nos collègues sierra-léonais, guinéens et libériens, ternis par les agissements d'une minorité.

« Les témoignages des enfants sont bouleversants. Beaucoup d'entre eux étaient déjà traumatisés par le fait d'avoir grandi dans une région déchirée par des années de conflit, de convoitise et de violence. Aucun enfant n'a sa place dans un camp de réfugiés, si bien géré soit-il. Mais ces enfants qui fuient les horreurs de la guerre pour se réfugier dans nos camps méritent au moins d'avoir accès à la sécurité d'un sanctuaire dans lequel ils pourront recevoir de quoi vivre décemment.

« Au cours des 14 premiers mois en qualité de Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, il m'a fallu prendre certaines décisions difficiles, le HCR n'ayant pas reçu, ces dernières années, les ressources nécessaires à la mise en place de certains programmes en faveur des réfugiés dans le monde. D'autres organisations ont été acculées à la même politique d'austérité : quoi couper et où ? Toutefois, les agences humanitaires ont toutes fait leur possible pour assurer le minimum afin que les réfugiés à travers le monde puissent vivre dans un environnement sûr.

« Les témoignages tragiques de ces jeunes réfugiés nous ont fait prendre conscience du fait que nous n'avons pas réussi à assurer ce minimum en Afrique de l'Ouest. Nous devons faire plus et tout de suite. »