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Yémen : La traversée du Golfe d'Aden a un prix, la mort

Points de presse

Yémen : La traversée du Golfe d'Aden a un prix, la mort

28 Février 2006 Egalement disponible ici :

La mort affreuse de demandeurs d'asile et de migrants, qui tentent de traverser le Golfe d'Aden depuis la Somalie au Yémen pour trouver un refuge ou une meilleure vie, a encore frappé ce week-end avec un autre incident dramatique. Samedi, notre bureau à Aden au Yémen, a reçu des informations sur un bateau de passeurs, parti de Somalie qui a contraint ses 137 passagers à se jeter à l'eau au large des côtes du Yémen, avant de leur tourner autour puis de repartir vers la Somalie. A bord, il y avait 134 Somaliens et 3 Ethiopiens, des hommes, des femmes et des enfants.

Lundi soir, 84 personnes avaient réussi à rejoindre les plages, alors que 33 autres étaient retrouvées noyées, sur la plage d'Al Hodeiya, à 10 kilomètres à l'est de Bir Ali sur la côte sud. Les autres passagers, notamment des enfants, sont toujours portés disparus et nous craignons que leurs chances de survie soient maintenant extrêmement faibles. Notre équipe à Aden a pris en charge les survivants, leur donnant des soins médicaux, de la nourriture et des articles de secours non alimentaires.

Ce dernier événement tragique met une fois de plus en évidence le besoin urgent d'efforts tant internationaux que locaux afin de résoudre ce problème et de minimiser le flux de personnes désespérées qui tombent aux mains des passeurs impitoyables. Des milliers de Somaliens, dont beaucoup fuient la violence dans leur pays natal, arrivent au Yémen chaque année. Durant la période du mois de septembre jusqu'au mois de mars, quand les conditions de navigation sont favorables, il y a en moyenne 100 nouveaux arrivants par jour, après une traversée périlleuse. A leur arrivée, ils se voient automatiquement accorder le statut de réfugié prima facie. Les réseaux de passeurs, qui visent les migrants aussi bien que les demandeurs d'asile, sont bien organisés. Certaines personnes quittent même leur foyer aussi loin que le Sri Lanka, en Erythrée et en Ethiopie. Toutefois, les risques du voyage sont extrêmement élevés et nombre de passagers en payent souvent le prix ultime.

Les passeurs battent fréquemment leurs passagers ou les contraignent à se jeter à l'eau, loin des côtes, parfois les mains attachées dans le dos, à la merci de la mer.

Rien qu'entre le 12 et le 17 janvier, 22 bateaux transportant un nombre inconnu de Somaliens et d'Ethiopiens sont arrivés au Yémen. L'UNHCR a enregistré 1 217 Somaliens et 39 Ethiopiens. Le 16 janvier, un bateau avec 65 personnes et 6 corps sans vie est arrivé au Yémen. 14 autres personnes seraient mortes durant le voyage.

L'UNHCR continue de travailler avec les autorités de Puntland dans le nord-est de la Somalie, renseignant la population sur le danger de recourir aux passeurs pour la traversée du Golfe d'Aden. En janvier, nous avons produit une vidéo, pour sensibiliser les Somaliens et les Ethiopiens aux risques de ces traversées. Nous travaillons actuellement sur un programme radio dans les langues locales, qui nous l'espérons atteindra davantage de personnes encore.

Nous en appelons aussi aux donateurs pour soutenir la communauté internationale dans ses efforts pour améliorer la protection et l'assistance aux déplacés internes au Puntland, qui vivent dans des conditions très difficiles. Sans éradiquer les causes profondes de l'exode, les progrès dans la lutte contre la traite d'êtres humains resteront limités.

Par ailleurs, le bureau de l'UNHCR au Yémen finira mercredi la première phase d'une procédure d'enregistrement à grande échelle dans la capitale Sana'a. Le gouvernement du Yémen et l'UNHCR sont convenus au mois de novembre de commencer l'enregistrement des milliers de réfugiés, dont la plupart d'entre eux sont somaliens. Jusqu'à maintenant, quelque 16 000 Somaliens ont été enregistrés à Sana'a, où vivent la majorité d'entre eux. La procédure d'enregistrement continue dans cinq autres centres d'enregistrement dans le pays. Le dernier enregistrement avait eu lieu en 2003.

Le Yémen, l'un des quelques pays dans la région à avoir signé la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, accueille généreusement les réfugiés. Actuellement, il y a plus de 80 000 réfugiés enregistrés au Yémen, dont 75 000 Somaliens.