Tchad : des bombardements au Soudan contraignent le HCR à évacuer son personnel
Tchad : des bombardements au Soudan contraignent le HCR à évacuer son personnel
Des bombardements aériens cette nuit et ce matin, survenus dans l'ouest du Darfour au Soudan, près de la frontière avec le Tchad, ont contraint l'UNHCR à évacuer ses employés depuis la zone frontalière en proie à l'instabilité. Ces équipes sont chargées d'assister les réfugiés nouvellement arrivés dans la région de Birak. Dès que la situation sera revenue au calme, les équipes retourneront immédiatement sur le terrain.
La nuit dernière, sept réfugiés originaires de l'ouest du Darfour ont traversé la frontière pour entrer au Tchad. Ils transportaient une femme âgée de 55 ans qui, ont-ils expliqué, avait perdu ses deux jambes pendant un bombardement nocturne, qui aurait eu lieu sur le camp d'Aro Sharow accueillant des personnes déplacées internes, au nord de Djebel Moun dans l'ouest du Darfour. La femme est morte peu après son arrivée au centre de soins de Birak. En temps normal, on compte entre 4 000 et 5 000 déplacés dans ce camp mais des informations non vérifiées font état de la fuite de la plupart de ces personnes, après des bombardements survenus dans les zones d'Abu Suruj, Siliea et Sirba, dans l'ouest du Darfour au début du mois. Les réfugiés, qui transportaient la femme blessée vers Birak, ont dit que d'autres personnes fuiraient actuellement vers le Tchad. Nous n'avons encore ni confirmation ni détails au sujet de ce raid aérien présumé, mais des bombardements ont été entendus depuis Birak. Ces derniers développements rappellent la situation extrêmement vulnérable des réfugiés et des travailleurs humanitaires qui les aident.
Pour leur protection et leur sécurité, les réfugiés doivent être transférés d'urgence loin de la frontière. Nous sommes toujours en discussion avec les autorités tchadiennes pour le transfert de ces réfugiés vers des camps existants près de Guéréda.
Au cours du week-end, le long de la frontière, nous avons mené une mission d'évaluation dans les régions de Birak et Korok, pour localiser de nouveaux réfugiés venus de l'ouest du Darfour. Nous estimons actuellement qu'il y a au moins 10 000 nouveaux arrivants depuis le 8 février. La plupart des réfugiés se trouvent à Figuera, et de petits groupes sont à Birak, Djange et Korok. Mais de nouvelles arrivées devraient avoir lieu et avec le dernier bombardement en date, nous nous attendons à de nouveaux déplacements dans l'ouest du Darfour. Nous n'avons pas plus de détails pour l'instant.
En attendant que les réfugiés soient transférés vers des camps plus à l'intérieur du Tchad, d'autres organisations humanitaires ont mené une distribution de biens de secours pour les réfugiés notamment des couvertures, des bâches en plastique, des jerricans, des matelas et du savon. Les enfants malnutris ont reçu des aliments thérapeutiques solides. La distribution d'eau est difficile à la frontière. Certains réfugiés doivent marcher plusieurs heures par jour pour aller chercher de l'eau.
L'UNHCR enregistre des cas vulnérables comme des enfants non accompagnés et séparés, des femmes enceintes ou des réfugiés âgés et malades. Certains cas ont été transférés à l'hôpital de Guéréda. Nous menons également des entretiens avec des femmes qui ont subi des abus sexuels.
Certains réfugiés ont emporté des biens depuis le Soudan, d'autres sont complètement démunis. La majorité des nouveaux arrivants étaient déjà des déplacés internes à l'ouest du Darfour. Un groupe de femmes interviewées par l'équipe de l'UNHCR lundi a dit qu'elles avaient essayé de retourner à Silea dans l'ouest du Darfour, pour emporter des biens domestiques, mais qu'elles en avaient été empêchées par l'armée soudanaise ou les milices janjawids.
Cameroun - Au cours du week-end, nous avons commencé à transférer des réfugiés tchadiens, qui ont fui le conflit dans la capitale N'Djamena, depuis le centre de transit de Madana, à Kousseri au Cameroun, vers le camp de Maltam 1 situé à 35 kilomètres. Jusqu'à présent, 1 400 réfugiés ont été transportés vers le nouveau camp, d'autres devraient être transférés jeudi. Un pré-enregistrement, mené par les équipes de l'UNHCR et la Croix-Rouge camerounaise, a eu lieu samedi et a montré que 20 000 personnes souhaitent être transférées au camp de Maltam 1.
Les réfugiés ont dit à nos équipes qu'ils ne considèrent toujours pas qu'un retour en sécurité à N'Djamena soit possible. Le Tchad a déclaré l'état d'urgence la semaine dernière, après les troubles survenus au début du mois.
A leur arrivée à Maltam 1, les réfugiés ont reçu des biens de secours de l'UNHCR notamment des couvertures, des matelas, des jerricans, des ustensiles de cuisine, du savon et du bois de chauffage. Le Programme alimentaire mondial a distribué des rations comprenant du riz, du sorgho, des haricots et de l'huile de cuisine.
Environ 30 000 réfugiés ont fui N'Djamena au début de ce mois. Ils ont trouvé refuge à Kousseri sur la rive camerounaise du fleuve Chari.