Retours vers l'Iraq depuis la Syrie
Retours vers l'Iraq depuis la Syrie
Le nombre d'Iraquiens de retour dans leur pays est difficile à déterminer précisément.
Entre août et fin novembre, notre personnel en Syrie a reçu des informations de la part des autorités frontalières iraquiennes, faisant état de 97 000 Iraquiens arrivés en Syrie depuis l'Iraq, alors que 128 000 Iraquiens ont quitté la Syrie vers l'Iraq via le point frontière principal à Al Waleed. Ce chiffre inclut toutes les catégories de ressortissants iraquiens, y compris les chauffeurs de bus et de taxi en plus des réfugiés de retour dans leur pays.
L'UNHCR ne dispose pas d'une présence 24 heures sur 24 à ce point de passage frontière et a croisé différentes sources pour arriver à ces estimations.
Selon la Société du Croissant-Rouge iraquien, environ 25 000 à 28 000 Iraquiens rentrés chez eux, entre mi-septembre et fin novembre, avec une majorité d'entre eux, environ 20 000, rentrant à Bagdad. De plus, le ministère des Déplacements fait état de quelque 10 000 familles iraquiennes déplacées internes qui seraient rentrées chez elles, principalement à Bagdad. Le personnel de l'UNHCR s'est entretenu avec un grand nombre de réfugiés avant qu'ils ne quittent la Syrie et certains ont dit qu'ils rentraient car la sécurité s'était améliorée. D'autres ont dit qu'ils rentraient car ils avaient épuisé leurs ressources et qu'ils craignaient la période hivernale car le coût de la vie a beaucoup augmenté. D'autres sont rentrés car leurs visas avaient expiré. Certains voulaient également rentrer avant la fin de l'année pour permettre à leurs enfants d'aller à l'école. Cependant, il y a une réelle inquiétude parmi ces rapatriés quant à la sécurité à plus long terme et beaucoup d'entre eux disent qu'ils rentrent seulement dans les régions dont ils avaient le sentiment qu'elles étaient plus sûres car la sécurité locale était assurée.
Selon une étude réalisée la semaine dernière à Bagdad par l'un des partenaires de l'UNHCR en Iraq, parmi 30 familles qui sont rentrées avec le convoi de bus organisé par le Gouvernement iraquien, seulement 37 pour cent sont rentrées dans leur propre maison alors que 66 pour cent sont hébergées dans un autre lieu, dans le cadre d'un déplacement secondaire. Certains rapatriés ont trouvé leur propriété pillée, occupée ou détruite. En début de semaine, les Nations Unies et le Gouvernement iraquien ont mis en oeuvre un Plan de Réponse Rapide visant à fournir une assistance immédiate - notamment des biens de secours comme des articles domestiques, des réchauds, des couvertures et des matelas - aux Iraquiens qui sont rentrés et qui ont des besoins spécifiques. L'UNHCR contribue à hauteur de 9,5 millions de dollars sur les 11 millions de budget prévu pour cette aide immédiate à environ 5 000 familles.
Actuellement, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés n'encourage pas les retours vers l'Iraq. De nombreuses régions sont toujours considérées comme dangereuses et les conditions ne sont pas réunies pour un retour dans la sécurité et la dignité. Pour le moment, les conditions ne sont propices ni pour une aide matérielle et juridique ni pour la sécurité physique des personnes. Il y a une carence générale en matière de services comme l'eau potable, les sanitaires, la nourriture, l'hébergement, les services de santé, l'éducation, l'accès à la terre, le recouvrement des biens et les opportunités d'emploi. Compte tenu des circonstances actuelles en Iraq, les contrôles et le recueil d'informations fiables sont extrêmement difficiles. Nous travaillerons cependant en étroite collaboration avec le Gouvernement d'Iraq, de façon à faire tout notre possible pour évaluer la situation, conseiller et apporter un soutien là où cela sera possible.
Pendant ce temps en Syrie, où 1,4 million de réfugiés iraquiens résident, l'UNHCR et le Programme alimentaire mondial ont élargi les critères d'assistance alimentaire après qu'il soit devenu clair que des dizaines de milliers d'Iraquiens sont à court de ressources et auront besoin d'un soutien alimentaire dans les mois à venir. Quelque 144 000 réfugiés bénéficieront de cette assistance alimentaire en janvier, une augmentation dramatique par rapport au nombre de 51 000 bénéficiaires en novembre et décembre. Ces chiffres devraient régulièrement augmenter et atteindre 262 800 d'ici la fin décembre 2008.
Des volontaires iraquiens de l'UNHCR, qui travaillent auprès de la communauté réfugiée, ont souligné l'accroissement des problèmes auxquels doivent faire face les femmes et les adolescentes réfugiées iraquiennes en Syrie. Ils ont noté que les mariages précoces, les mariages temporaires (mutaa) et d'autres formes d'exploitation sexuelle par nécessité économique deviennent un problème important dans des communautés qui n'avaient jamais eu à faire face à de tels problèmes auparavant. Ces problèmes arrivent à un moment où il est clair que de nombreuses familles manquent des ressources financières nécessaires pour survivre.
Pour les réfugiés ayant des besoins particuliers, l'UNHCR en Syrie a lancé un programme d'allocation d'argent en espèces, avec le soutien d'une banque privée qui émettra des cartes ATM pour plus de 7 000 familles. Ce nombre devrait augmenter rapidement car l'UNHCR identifie actuellement plus de 100 nouveaux cas très nécessiteux chaque semaine.
Il y a plus de 2,4 millions d'Iraquiens déplacés dans leur propre pays, alors que plus de 2,2 millions sont devenus des réfugiés vivant dans d'autres pays.