République démocratique du Congo : Davantage de déplacés internes fuient les tensions et l'insécurité accrues
République démocratique du Congo : Davantage de déplacés internes fuient les tensions et l'insécurité accrues
Des milliers de nouveaux déplacés internes fuient les tensions et l'insécurité accrues dans les districts de Masisi et de Rutshuru au Nord-Kivu dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). La population de l'un des camps de fortune à Mugunga, situé à 15 kilomètres à l'ouest de Goma, a doublé ces deux dernières semaines, selon ceux qui y vivent. Il y a tout juste quatre semaines, Mugunga hébergeait quelque 9 000 personnes déplacées internes. Aujourd'hui, on compte environ 18 000 personnes.
Depuis décembre 2006, plus de 20 sites comme celui de Mugunga ont apparu dans la province du Nord-Kivu, alors que les familles d'accueil n'ont plus les capacités pour héberger les nouveaux arrivants.
Nous sommes de plus en plus inquiets quant à l'augmentation du déplacement et des atrocités dans l'est de la RDC. Avec l'accroissement des tensions et le déploiement de forces militaires, la situation risque de dériver vers une catastrophe humanitaire et un désastre en matière de droits de l'homme.
Selon nos équipes, davantage de déplacés ont continué à arriver dans divers sites ces derniers jours, alors que les Congolais vivant dans de nombreux villages situés dans les districts de Masisi et Rutshuru craignent des affrontements entre les forces gouvernementales régulières de la RDC, les troupes hors-la-loi résistant à l'intégration dans l'armée régulière et divers groupes rebelles.
Les personnes déplacées internes présentes à Mugunga ont indiqué avoir fui par crainte des combats et de l'escalade de la violence, et non à cause d'attaques directes. Depuis lundi, quelque 600 personnes déplacées ont trouvé refuge, dans des conditions de surpeuplement, dans un bâtiment scolaire près de Mugunga. Les déplacés présents dans le site de Mugunga vivent dans des conditions précaires sur de la roche volcanique. En 1994, Mugunga avait été le théâtre d'une tragédie humanitaire, lorsque des centaines de milliers de réfugiés rwandais y étaient arrivés après avoir fui leur pays suite au génocide rwandais, formant l'un des plus grands camps de réfugiés à cette époque.
L'accès aux déplacés est un problème pour les agences humanitaires à cause de la dégradation de la situation sécuritaire. Lorsque c'est possible, nos équipes de surveillance sur le terrain visitent régulièrement les zones de déplacement pour évaluer les besoins.
Pour améliorer les conditions de vie sur le site de Mugunga, l'UNHCR a organisé une formation hier pour les représentants des déplacés et les autorités locales à Mugunga, mettant l'accent sur la gestion du camp. Nos équipes ont fourni des instructions pour la distribution de l'eau, la maintenance des abris et des latrines. D'autres ONG et agences des Nations Unies fournissent d'urgence des articles domestiques et des rations alimentaires aux déplacés dans ce site ainsi que d'autres au Nord-Kivu.
Nous préparons actuellement davantage de projets pour améliorer les conditions de vie dans les sites accueillant des déplacés au Nord-Kivu. Depuis décembre 2006, environ 180 000 Congolais ont été nouvellement déplacés au Nord-Kivu, incluant des mouvements de réfugiés vers l'Ouganda. Les dernières informations datant de la semaine dernière font état de quelque 10 000 Congolais ayant fui vers le district de Kisoro au sud-ouest de l'Ouganda. Au total, on compte maintenant plus de 650 000 déplacés internes dans la province du Nord-Kivu.