À Markounda, en République centrafricaine, l’appel à l’aide des Tchadiens qui ont fui les violences
À Markounda, en République centrafricaine, l’appel à l’aide des Tchadiens qui ont fui les violences
« Mon fils aîné a été tué alors qu’il allait travailler dans les champs », témoigne Brigitte, d’une voix étouffée, visiblement encore sous le choc. « Face à ces atrocités, nous avons décidé de partir, en pleine nuit », renchérit la cinquantenaire, mère de six enfants.
Au cours des derniers mois, plusieurs milliers de personnes ont trouvé refuge à Markounda pour échapper aux conflits intercommunautaires qui ont embrasé la région du Logone Occidental, au Tchad.
« Nous récoltions du mil avec mon mari lorsque des hommes armés ont fait irruption et l’ont égorgé devant moi », relate pour sa part Rosine, la trentaine. Traumatisée, la jeune femme désormais veuve et mère de sept enfants, s’est résolue à fuir pour se mettre à l’abri de l’autre côté de la frontière. Ce périple dangereux et harassant d’environ 300 kilomètres a duré deux jours.
« Les mouvements transfrontaliers habituels ont fait place à des déplacements durables, de grande ampleur », explique Fafa Olivier Attidzah, Représentant du HCR en République centrafricaine. « Plus de 31 000 demandeurs d’asiles ont été préenregistrés par le Gouvernement avec l’appui du HCR dans 53 villages à proximité de la frontière, côté centrafricain », précise-t-il.
Les communautés qui accueillent ces familles à leur arrivée à Markounda font preuve d’une grande générosité malgré leurs propres vulnérabilités, parmi les plus sévères du pays. Les ressources pour faire face aux besoins supplémentaires manquent cruellement. « Nous dormons à même le sol, et quand il pleut, notre tente est inondée », explique Brigitte. « Mes enfants et moi sommes malades, mais nous n’avons pas de quoi payer des soins ou acheter des médicaments », renchérit-elle.
L’accès à des abris convenables compte parmi les besoins prioritaires des personnes nouvellement arrivées. Pour celles-ci comme pour les communautés qui les accueillent, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, à des services de santé et à l’éducation pour les enfants comptent parmi les autres besoins pressants. Au-delà de l’urgence, des solutions devraient également être envisagées pour renforcer les moyens de subsistance pour une autonomisation socio-économique, afin de s’assurer d’une coexistence pacifique entre les demandeurs d’asile et les communautés d’accueil.
En attendant que les conditions soient réunies pour envisager un retour sûr et digne de ces familles dans leurs contrées d’origine, comme le souhaitent nombre d’entre elles, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a aménagé avec ses partenaires une extension du village de Betoko pour accueillir les personnes les plus vulnérables. Cette extension est située à environ 120 kilomètres de là. Elle a commencé à accueillir les demandeurs d’asile tchadiens relocalisés de Markounda, comptant parmi les plus vulnérable, parmi lesquels Rosine et ses enfants. Près de 2 000 ménages, soit environ 10 000 personnes pourraient être relocalisées sur place, en sécurité.
Les ressources manquent pour répondre efficacement aux besoins vitaux des plus vulnérables. La République centrafricaine, qui accueille généreusement ceux qui fuient les violences au Tchad, fait déjà face à une situation humanitaire critique. Plus de la moitié de la population du pays a en effet besoin d'assistance et de protection.