Les familles déplacées au Liban aspirent à la paix et à un retour chez elles
Les familles déplacées au Liban aspirent à la paix et à un retour chez elles
L'une de ces salles de classe abrite désormais Oum Hassan Baisi, une Libanaise originaire de la ville de Nabatieh, dans le sud du pays, qui a fui avec sa fille et ses petits-enfants après que leur maison a été gravement endommagée. Après un pénible voyage de deux jours en voiture pour atteindre la capitale, elle et sa fille ont passé plusieurs nuits dans la rue, tandis que les enfants dormaient dans le véhicule.
« Je suis partie avec ma fille sous les bombardements. Nous avons échappé de justesse à la mort », confie Oum Hassan. « Nous avons dormi dehors pendant deux ou trois jours jusqu'à ce qu'ils nous trouvent une place dans cette école... Tout le monde est épuisé psychologiquement, pas seulement nous à l'intérieur de l'école, mais tout le monde ».
Ils partagent la salle de classe avec une autre famille déplacée. Des matelas sont disposés à même le sol et leurs affaires sont entassées dans des sacs en plastique suspendus aux portemanteaux des élèves.
Bien qu'Oum Hassan décrive les conditions de vie à l'intérieur de l'école comme étant inconfortables, elle précise cependant qu'elles sont « un million de fois meilleures » que dans la rue. Ce qu'elle et les 1200 autres personnes résidant actuellement dans l'école espèrent plus que tout, c'est la fin des attaques et une solution durable à la crise qui leur permettrait de rentrer chez eux.
« La moitié de ma maison a été détruite », explique-t-elle. « Nous espérons que nous pourrons rentrer chez nous et que cette situation pourra être résolue, pour que toutes les personnes déplacées puissent rentrer chez elles. Nous espérons pouvoir reconstruire et retrouver notre vie d'avant ».
Lors d'une visite au Liban dimanche pour exprimer sa solidarité et mobiliser un soutien en faveur des personnes affectées, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s'est entretenu avec Oum Hassan et d'autres familles présentes dans l'école. Il a ensuite appelé à un cessez-le-feu urgent et à une plus grande mobilisation de la communauté internationale pour faire face à la catastrophe humanitaire en cours.
« Cela devrait être un endroit où les enfants vont pour apprendre, pour jouer, pour passer du temps ensemble. Au cours des dernières semaines, cet endroit est devenu un abri de fortune pour 1200 personnes déplacées depuis d'autres régions du Liban actuellement touchées par le conflit », a déclaré Filippo Grandi.
« Nous devons bien sûr fournir aux personnes arrivées dans des endroits comme cette école des biens de première nécessité : de la nourriture, de l'argent, de l'eau et des installations sanitaires, ainsi que les articles nécessaires à la survie quotidienne », a-t-il ajouté. « Mais surtout, il faut que cette situation cesse. Ce qu'il faut avant tout, c'est un cessez-le-feu ... pour que toutes les personnes déplacées et toutes celles qui sont touchées puissent reprendre une vie normale. »
Réponse d'urgence
Depuis le début des frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, des équipes du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, apportent leur soutien aux efforts de réponse du gouvernement. Le personnel distribue des articles de première nécessité, notamment des couvertures, des matelas et des trousses médicales, et équipe un grand nombre des 900 abris temporaires ouverts par les autorités au sein d'écoles et d'autres bâtiments publics afin d'y loger les familles déplacées.
Outre les 1,2 million de personnes qui, selon les estimations du gouvernement, ont fui leur domicile, entre 200 000 et 300 000 personnes ont franchi la frontière entre le Liban et la Syrie pour échapper aux frappes aériennes, notamment des Syriens, des Libanais et des réfugiés palestiniens.
De l'autre côté de la ville, dans le quartier de Barbir, Shaza Faris est une réfugiée syrienne de 59 ans qui vit au Liban depuis qu'elle a fui Damas en 2013. Elle et les membres de sa famille élargie sont maintenant entassés dans le petit appartement de trois pièces de son frère, qui y vit avec sa femme et ses quatre enfants. Ils ont dû fuir leur maison située dans la banlieue sud de Beyrouth au milieu de lourdes frappes aériennes il y a deux semaines.
« Nous n'avons pas eu le temps de réfléchir. Dès que les frappes ont commencé, nous avons fui », explique Shaza. « Mes petites-filles ont 9, 7 et 3 ans. Elles ont commencé à pleurer et à crier. L'aînée a dit : ''Faites-nous échapper à la guerre''. Il y a la guerre ici et nous ne voulons pas rester ».
Shaza travaille comme bénévole pour l'ONG Caritas et continue d'aider ceux qu'elle peut malgré le déracinement de sa propre famille.
« Nous prenons des nouvelles des Libanais et des collègues qui ont été déplacés. Nous essayons de les aider autant que possible en leur trouvant un logement et en répondant à d'autres besoins comme la nourriture », explique-t-elle. « Nous venons en aide à toutes les personnes ici, qu'elles soient libanaises, syriennes ou palestiniennes. Nous sommes tous des êtres humains. »
Comme toutes les personnes affectées par la crise actuelle, son principal souhait est de voir la situation revenir à la normale le plus rapidement possible.
« Nous espérons que la situation s'améliorera et que nous pourrons rentrer chez nous, retrouver une vie sûre », conclut Shaza. « Que Dieu soigne les blessés et ramène la sécurité au Liban ».