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Le sport source d'inspiration au Kenya, berceau de l'équipe olympique des réfugiés

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Le sport source d'inspiration au Kenya, berceau de l'équipe olympique des réfugiés

Des jeunes réfugiés du camp de Kakuma au Kenya s'inspirent et trouvent espoir dans le sport.
16 janvier 2025 Egalement disponible ici :
Le sport source d'inspiration au Kenya, berceau de l'équipe olympique des réfugiés

Saido Omar (à gauche) sur le terrain de basket du camp de Kakuma avec Doris (au milieu) et Nyagwa (à droite).

Au cours d'un récent après-midi dans le complexe sportif en plein air du camp de réfugiés de Kakuma au nord-ouest du Kenya, Saido Omar dominait le terrain de basket-ball.

Sous un soleil de plomb, cette réfugiée somalienne de 25 ans dribblait avec agilité, faisait des passes précises et smashait avec autorité, chaque ballon marqué soulignant son enthousiasme et sa joie de vivre. « En tant que fille, le sport me procure un sentiment d'appartenance », affirme Saido. « Faire du sport, c'est affirmer mon droit à jouer et c'est aussi m'offrir des perspectives plus larges. »

Créé en 1992, le camp de Kakuma accueille plus de 295 000 réfugiés, en majorité des jeunes, pour qui le sport est l'occasion de développer des qualités athlétiques, de regagner une certaine confiance en soi et un sentiment d'appartenance, et de mieux s'intégrer au sein des communautés d'accueil kenyanes.

Des athlètes précurseurs

Saido n'avait que 9 ans lorsque sa famille est arrivée dans le camp en provenance de Somalie. Elle n'a pas toujours été aussi à l'aise sur le terrain qu'elle ne l'est aujourd'hui. Saido se souvient de la première fois qu'elle est allée jouer en 2019 : « Mon entraîneur n'avait rien de convenable à me mettre, alors il m'a proposé une tenue de taekwondo », raconte-t-elle en riant.

À l'époque, aucune autre réfugiée somalienne ne jouait au basket-ball. Aujourd'hui Saido est désireuse d'inspirer d'autres jeunes filles à la rejoindre sur le terrain. « J'aime les défis ! Le fait d'être la seule fille de ma communauté à jouer au basket est un moyen pour moi de m'adresser à d'autres filles », explique-t-elle.

« Je dois permettre aux autres filles passionnées de basket de se dire que ‘si Saido l'a fait, je peux le faire aussi’. Je veux être leur porte-parole pour qu'elles puissent accomplir tout ce dont elles ont envie. »

Saido a également pu constater de ses propres yeux que le sport peut être synonyme d'opportunités encore plus grandes pour certains jeunes athlètes. Lorsque le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, la Fondation olympique pour les réfugiés et le Comité international olympique ont constitué la première équipe olympique de réfugiés pour participer aux Jeux de Rio en 2016, cinq de ses dix membres venaient du camp de Kakuma.

« Le camp de réfugiés de Kakuma est le berceau de l'équipe olympique des réfugiés », soulignait Thomas Bach, Président du CIO, lors d'une récente visite au camp de Kakuma en compagnie de Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.

« La moitié des membres de la toute première équipe olympique de réfugiés venait d'ici en 2016. C'est aussi ici que sont nées les idées qui nous ont amenés à créer la Fondation olympique pour les réfugiés, mettant le sport à la disposition des communautés d'accueil et de réfugiés », a indiqué Thomas Bach.

« Le concept du sport en tant qu'instrument d'inclusion, comme on le voit ici à Kakuma, est désormais universellement reconnu. Il s'agit d'un élément essentiel pour rapprocher les réfugiés et les communautés qui les ont accueillis pendant des décennies. En fin de compte, c'est l'ensemble de la société qui en bénéficie », ajoutait Filippo Grandi.

Améliorer la vie des gens

Des arts martiaux au football, en passant par l'athlétisme et le basket-ball, le sport ne permet pas seulement aux réfugiés de rester actifs, mais aussi de rassembler les gens, de leur donner un sentiment d'appartenance et un but, et d'oublier les problèmes quotidiens et les traumatismes liés au déplacement.

« Le sport est tout pour nous », affirme Saido, qui rêve de participer un jour aux Jeux olympiques. « J'aime le basket parce que c'est un moyen de rester en forme, mais aussi de rencontrer des gens d'horizons différents. »

« C'est un moyen de s'exprimer et d'avoir accès à des opportunités en dehors du camp. »

Le sport a le potentiel de transformer l'avenir des réfugiés, en offrant à certains d'entre eux des opportunités telles que des bourses d'études ou une réinstallation dans d'autres pays, ou même la possibilité de participer à des compétitions internationales. Pour les filles et les jeunes femmes, le sport peut également être un moyen d'échapper à des situations dangereuses telles que le mariage précoce ou l'abandon scolaire. « L'accès au sport est très important, en particulier pour les filles réfugiées », ajoute Saido.

Saido échange avec des filles à l'école secondaire de réfugiés de Kakuma.

Saido échange avec des filles à l'école secondaire de réfugiés de Kakuma.

En organisant des séances d'entraînement de basket pour les filles le week-end, Saido espère former et inspirer d'autres joueuses, et mettre en place une équipe forte qui pourra participer à des compétitions internationales. « Je souhaite voir naître une académie de basket composée de filles somaliennes et d'autres filles issues de différentes communautés ici à Kakuma », confie-t-elle.

Se référant aux performances affichées lors des compétitions de la Women's National Basketball Association (WNBA) aux États-Unis, Saido déclare : « Je veux voir des filles somaliennes jouer au basket-ball au niveau de la WNBA ».

« Nous avons beaucoup de jeunes qui ont divers talents, nous avons le potentiel de répondre présent en tant que réfugiés et nous devons bénéficier des mêmes chances que n'importe quel autre athlète », conclut-elle.

« Le sport est tout pour nous. »

Saido Omar