En Égypte, des réfugiés partagent leurs « terribles récits » du conflit au Soudan avec le chef du HCR
En Égypte, des réfugiés partagent leurs « terribles récits » du conflit au Soudan avec le chef du HCR
Avec peu d'effets personnels et aucun moyen de subvenir à leurs besoins, Huwaida dépendait de la générosité des personnes rencontrées en chemin pour nourrir sa famille pendant les dix jours de voyage jusqu'à la frontière égyptienne. Mais elle et ses enfants ont souvent eu faim. Malgré ces difficultés et l'incertitude du voyage, Huwaida s'est dit que cette situation était malgré tout préférable aux risques qu'ils encouraient en restant au Soudan.
« La situation est très grave là-bas. Les combats se poursuivent », raconte-t-elle. « J'ai vu des filles se faire violer dans mon pays. J'ai moi-même quatre filles et je veux qu'elles soient en sécurité. »
Près de 380 000 personnes ont fui le pays au cours des six semaines qui ont suivi le début des combats qui ont éclaté entre deux factions militaires à Khartoum, la capitale du Soudan, et qui se sont rapidement étendus à d'autres régions du pays. Environ 170 000 d'entre elles ont trouvé refuge en Égypte, ce qui en fait le principal pays d'accueil parmi les pays voisins du Soudan.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, était en visite dans le pays la semaine dernière. Il s'est rendu à la frontière avec le Soudan, au sud du pays, pour s'entretenir avec les réfugiés nouvellement arrivés. Il a également rencontré le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi et d'autres hauts fonctionnaires au Caire, ainsi que Huwaida et d'autres réfugiés actuellement installés dans la capitale.
Au principal poste frontière de Qustul, Filippo Grandi a rencontré Razaz Ezzeldine El Tayeb, une réfugiée soudanaise qui venait d'arriver avec ses trois demi-sœurs et sa grand-mère âgée de 90 ans après avoir fui la ville d'Omdurman, près de Khartoum. Après deux semaines d'attente, Razaz et ses proches étaient soulagées d'avoir enfin franchi la frontière, même si elles n'avaient plus d'argent et ne savaient pas où elles allaient passer la nuit.
« Je suis venue en Égypte à cause des combats », a expliqué Razaz. « Chez moi, la situation était vraiment terrifiante, au-delà de ce que l'on peut imaginer. Viols, pillages, vols, toutes ces horreurs. Difficile dans ce contexte de savoir qui est qui - de distinguer les voleurs des soldats par exemple. »
Financement insuffisant
« J'ai passé du temps aujourd'hui à parler à certains de ces réfugiés et, à chaque fois, ils ont partagé avec moi leurs terribles récits de peur, de violence et d'insécurité », a indiqué Filippo Grandi.
Le Haut Commissaire a félicité le gouvernement et le peuple égyptiens pour avoir permis aux personnes fuyant les combats de se mettre en sécurité. Il a exhorté les autorités égyptiennes à laisser leurs frontières ouvertes aux réfugiés et a appelé les membres de la communauté internationale à soutenir davantage les efforts déployés par l'Égypte pour faire face à la crise.
« L'Égypte ne peut pas être laissée seule et la communauté internationale doit appuyer cette réponse. Nous avons lancé un plan de soutien aux pays voisins, mais les fonds reçus jusqu'à présent sont extrêmement limités. Il faut davantage de ressources, plus rapidement, pour l'Égypte, pour le Croissant-Rouge et pour les organisations des Nations Unies, y compris le HCR, dans le cadre de cet effort humanitaire. »
« Une fois de plus, les Égyptiens ont montré l'exemple en faisant preuve d'hospitalité, de générosité et de solidarité en accueillant des milliers de Soudanais et d'autres personnes en fuite. Nous vous demandons de poursuivre dans cette voie et de laisser la frontière ouverte à celles et ceux en quête de protection. »
Réponse d'urgence
Dans le cadre de son action en Égypte, le HCR enregistre les réfugiés qui s'adressent à lui, ce qui leur permet d'accéder à une série de services gouvernementaux, notamment en matière de santé et d'éducation. Le HCR fournit également des articles d'urgence par l'intermédiaire du Croissant rouge égyptien à ceux qui franchissent la frontière, propose des conseils et un soutien psychosocial, et a lancé un programme d'aide financière d'urgence pour venir en aide aux familles les plus vulnérables.
Arrivés au Caire, après s'être enregistrées auprès du HCR, Huwaida et ses proches vivent désormais dans un petit appartement chichement meublé dans la banlieue ouest de la ville, qu'ils partagent avec une autre famille. De nombreuses familles sont accueillies par des membres de l'importante diaspora soudanaise dans le pays, qui partagent leurs maisons et le peu de ressources dont ils disposent.
« J'ai sept enfants. Tout ce que je souhaite pour eux, c'est qu'ils soient en sécurité et que l'on m'aide à les nourrir », a confié Huwaida.
« La vie était déjà très difficile au Soudan, mais nous l'acceptions. Ce qui se passe maintenant est insupportable. Le Soudan a été anéanti en un clin d'œil. »