De l’espoir loin de chez soi : Une nouvelle vie pour les réfugiés maliens en Mauritanie
De l’espoir loin de chez soi : Une nouvelle vie pour les réfugiés maliens en Mauritanie
Cette année-là, la recrudescence des violences entre les différentes parties prenantes du conflit au Mali, surtout après le retrait de la MINUSMA, a poussé des milliers de familles à tout abandonner pour fuir vers la Mauritanie, précisément dans la région du Hodh Chargui, au sud-est de la Mauritanie. Emportant avec elles le strict minimum, elles ont dû faire face à d’immenses défis à leur arrivée début 2023, où les besoins essentiels faisaient cruellement défaut.
« Sous un soleil brûlant, chaque voyage était un défi épuisant », se souvient Fatima, une adolescente de 15 ans contrainte de quitter son village natal au Mali pour trouver refuge à Beretouma, une communauté proche de la frontière mauritanienne.
Face à cette crise humanitaire et à l’afflux massif de réfugiés, les Nations Unies, appuyées par le gouvernement mauritanien, ont mis en place un plan de réponse pour les réfugiés, coordonné par le HCR et mis en œuvre par le gouvernement mauritanien, neuf agences des Nations Unies, notamment le PAM et UNICEF, et neuf ONG internationales.
Le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) des Nations Unies s'est imposé comme un acteur clé, permettant aux agences humanitaires de répondre rapidement à cette crise. Grâce à cet appui, les Nations Unies, via le Forum de Coordination pour les Réfugiés, ont pu fournir une aide essentielle, comprenant des interventions dans les domaines de la sécurité alimentaire, la nutrition, l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH), des transferts monétaires pour répondre aux besoins alimentaires, hygiéniques et d'abris, ainsi que des services de protection tels que le soutien psychosocial, l’assistance juridique, et les orientations vers des services appropriés.
Fadi Walet Litni, une jeune mère de 24 ans, a fui l’insécurité au Mali pour trouver refuge à Fassala, à la frontière mauritanienne avec le Mali, dans le sud-est de la Mauritanie. Elle a bénéficié du soutien du PAM grâce au financement du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF), un appui crucial qui lui a permis de surmonter une situation désespérée. Elle a dû quitter le Mali dans des conditions extrêmement difficiles, parcourant des kilomètres sur une charrette, dans un climat éprouvant et un environnement sécuritaire à risque.
Dans une logique de complémentarité, avec cette contribution CERF, les interventions du PAM se sont focalisées sur l’assistance alimentaire, par le biais des transferts monétaires, dans 26 villages dans la Moughataa de Bassikounou, affectant de façon positive la sécurité alimentaire des ménages ciblés.
Pour Mohamed Ibrahim, éleveur et berger originaire du Mali, père de famille avec quatre enfants — deux garçons et deux filles, dont une âgée d’un an — trouver refuge en Mauritanie, au camp de Mbera, a été une véritable bouée de sauvetage. « C'est la guerre, le bruit des armes, ce sont les tueries qui m'ont poussé à fuir, » confie-t-il.
Contraint de fuir avec le strict nécessaire, a son arrivée au camp en janvier 2024, l’une des premières aides reçues pour sa famille a été une assistance en espèces pour un kit hygiénique destiné à sa femme, ainsi qu’une aide pour un abri. Cette aide lui a permis de répondre aux besoins essentiels de sa famille. « L’assistance du HCR nous a permis d’avoir un toit sous lequel nous vivons en famille. Mes deux enfants sont à l’école, et chaque mois, nous recevons diverses aides. Cet appui nous permet de subvenir à nos besoins essentiels. »
Au-delà de l’aide matérielle, la protection offerte par le HCR a été cruciale pour des milliers de réfugiés comme Mohamed Ibrahim. L’enregistrement de sa famille lui a permis d’obtenir un document officiel, garantissant leur protection et leur accès à l’assistance en espèces, ainsi qu’aux services essentiels comme le soutien psychosocial et l’éducation pour ses enfants.
Grâce aux interventions de l’UNICEF, du PAM et du HCR, l’espoir ne s’est jamais éteint. « L'accès à l'eau n'est pas seulement une commodité ; c'est un tremplin vers un avenir meilleur », affirme Fatima, une jeune réfugiée et bénéficiaire de l’assistance d’UNICEF. Grâce à cette intervention, 16 villages de la Moughataa de Bassiknou, dans les communes de Fassala et Méghvé, bénéficient désormais d’un accès à une eau potable et sécurisée. "L'inauguration de la borne fontaine a été un véritable tournant pour ma famille et moi", confie Fatima, émue. « L'eau est désormais à quelques pas de chez nous. Je n'ai plus besoin de parcourir de longues distances chaque jour, ce qui me permet de me concentrer sur mon éducation. »
En plus de cette aide, une des filles de Mohamed Ibrahim ont également bénéficié des services du Centre de Récupération Nutritionnelle Ambulatoire pour la Malnutrition Aiguë Modérée (CRENAM), géré par le PAM, qui offre une prise en charge nutritionnelle adaptée aux enfants souffrant de malnutrition modérée. Malgré les épreuves, Mohamed aspire à reconstruire sa vie au camp de réfugiés de Mbera.
« C’est vrai qu’il y a encore des choses qui nous manquent par rapport à la vie que nous avions avant. Ma femme travaillait, et j’avais du bétail, mais je suis tout de même en sécurité maintenant. Je ne sais pas comment nous aurions pu nous en sortir, » confie Mohamed Ibrahim, reconnaissant pour le soutien qui a permis à sa famille de survivre et de retrouver un semblant d’espoir.
Grâce aux contributions des différents donateurs, en complément de l’appui rapide du CERF, le plan de réponse est financé à 62% aujourd’hui. Le soutien catalyseur du CERF a démontré l'importance d'une réponse rapide face aux crises humanitaires. En Mauritanie, il a permis non seulement de sauver des vies mais aussi de construire des ponts entre les communautés, ouvrant la voie à un avenir plus stable.
Bien que ces contributions aient été essentielles pour répondre à l’urgence cette année, le nombre de nouveaux arrivants a dépassé toutes les projections initiales du HCR. Un soutien supplémentaire de la communauté internationale est donc nécessaire. En réponse à cette situation, un plan de résilience et de réponse pour 2025 est en cours d’élaboration par le HCR, le PAM, l’UNICEF, en collaboration avec les autres agences sœurs des Nations Unies et les partenaires du FCR, afin de renforcer la protection et l’accès aux services essentiels pour tous : réfugiés, retournés et communautés hôtes, unis dans un élan de solidarité.
Avec la contribution de Zahra Cheikh Malainine, Moulay Samba, Filippo Barbagli et Kadidiata Ngaide.