Au nord de l'Equateur, des équipes mobiles font connaître leurs droits aux réfugiés colombiens
Au nord de l'Equateur, des équipes mobiles font connaître leurs droits aux réfugiés colombiens
NUEVO LOJA, Equateur, 18 février (HCR) - Quatre ans après son arrivée en Equateur après avoir fui sa maison en Colombie voisine, Mariela a retrouvé foi en l'avenir grâce à une opération pionnière mise en oeuvre par les autorités. Ce programme a simplifié de façon spectaculaire la procédure de reconnaissance du statut de réfugié.
Le programme d'enregistrement amélioré est géré par le Gouvernement équatorien et il est appuyé financièrement et techniquement par le HCR. Unique en Amérique latine, ce programme envoie des brigades mobiles dans des régions reculées du pays, où elles interviewent des demandeurs d'asile colombiens. Elles prennent souvent une décision sur le statut des réfugiés en une journée et délivrent immédiatement les visas de réfugié.
Pour Mariela, qui est âgée de 47 ans, le visa de réfugié lui apporte un statut juridique - et les droits qui l'accompagnent -, ce dont elle manquait précédemment. Mariée depuis 18 ans à un mari violent, elle se sent désormais capable d'en référer aux autorités locales pour bénéficier d'une protection.
« Je travaille de 4h du matin à 21h. Et je n'ai rien », a-t-elle expliqué. « Mon mari gère l'argent du ménage et il me gère moi aussi. Toutefois j'aimerais bien avoir quelque chose qui m'appartienne. Je souhaite également apprendre, c'est mon souhait le plus cher. Avant quand je n'avais pas de visa, j'avais peur. »
Ces quatre derniers mois, les membres de ces brigades d'enregistrement amélioré ont délivré plus de 11 000 visas de réfugié à des Colombiens vivant dans une région reculée du nord de l'Equateur et bordant la Colombie. Dans la même journée, ces équipes mènent des interviews, procèdent aux enregistrements et déterminent l'éligibilité en tant que réfugié en évaluant leur situation. Précédemment, le traitement habituel de cette procédure de requérants d'asile pouvait durer des années.
Cette opération est menée depuis juillet 2009 et elle a permis d'enregistrer des milliers de personnes ayant besoin d'une protection internationale. Avant ce contact avec les brigades d'enregistrement, la plupart des demandeurs d'asile vivaient en marge de la société, car ils manquaient d'un statut de réfugié reconnu officiellement et ils n'avaient pas accès aux services publics. Dans la province de Sucumbios, dans le nord du pays, quelque 5 000 demandeurs d'asile seulement avaient reçu des visas de réfugié entre 2000 et 2008, un chiffre que les brigades d'enregistrement ont dépassé en quelques mois.
Le succès des brigades est dû à leur capacité à se rendre auprès des communautés isolées dans une région manquant souvent d'infrastructures de base, comme des routes goudronnées ou l'eau courante, ainsi qu'à leur rapidité à déterminer le statut de réfugiés et à délivrer ces visas essentiels.
Dans le cas de Mariela, les demandes d'asile pouvaient précédemment durer durant des mois, voire des années, à cause d'un manque de ressources et de l'éloignement de ces régions où vivent les requérants d'asile.
Avec son mari et ses deux fils, Mariela a fui sa maison située à Huila, un département de Colombie, lorsqu'un groupe armé a tué leur propriétaire puis menacé leur famille. Après avoir voyagé en bus durant une semaine, la famille est entrée en Equateur où a commencé la reconnaissance de leur statut de réfugié, une procédure longue et lente.
Malgré l'obtention de visas de réfugié et un cadre juridique plus sensible aux besoins des réfugiés, les obstacles subsistent. De nombreux réfugiés continuent à être confrontés à des difficultés pour accéder aux services publics à cause de la bureaucratie et de préjugés persistants. Deborah Elizondo, la déléguée du HCR en Equateur, a indiqué que le défi consiste désormais à prolonger le succès de l'opération d'enregistrement mobile en assurant que les demandeurs d'asile et les réfugiés aient effectivement accès à leurs droits et à la protection accordés par l'Etat.
« Grâce à la volonté politique de l'Etat équatorien, la protection a été étendue aux personnes qui restaient invisibles dans la région frontalière au nord du pays. Sans aucun doute, cette opération constitue un puissant système de protection », a indiqué Deborah Elizondo. « En 2010, le défi sera d'encourager les personnes à exercer leurs droits dans les faits. Il n'y aura pas de solutions immédiates, mais nous appuirons les efforts du Gouvernement équatorien pour identifier des solutions durables. »
Par Sonia Aguilar à Nueva Loja