Le HCR lance un nouvel appel de fonds pour plus de 1,7 million de déplacés pakistanais
Le HCR lance un nouvel appel de fonds pour plus de 1,7 million de déplacés pakistanais
CAMP DE JALOZAI, Nord-Ouest du Pakistan, 22 mai (UNHCR) - Lorsque l'armée pakistanaise a lancé une offensive contre les militants talibans près du petit village montagneux de Saïd, cet employé d'usine âgé de 20 ans était persuadé que les tirs de roquettes et les combats survenant près de sa maison ne dureraient pas longtemps.
« Nous pensions que la situation s'améliorerait en deux ou trois jours », a-t-il dit. « Mais il n'en est rien. » Alors, le week-end dernier, Saïd et sa famille ont abandonné leur espoir et ils ont fui à travers les montagnes vers le camp de Jalozaï où ils attendent maintenant le retour de la paix.
Jalozaï est l'un des 26 camps situés dans le nord-ouest du Pakistan, dont 15 ont été établis le mois dernier et certains avec l'aide du HCR, afin de fournir un hébergement aux centaines de milliers de personnes laissées sans abri par le conflit. Vendredi, les autorités locales ont enregistré plus de 1,7 million de personnes déplacées par les combats dans et autour de Swat depuis le 2 mai. Environ 200 000 personnes parmi ces déplacés vivent dans des camps comme Jalozaï. Les autres déplacés sont hébergés chez des amis ou chez des proches ou dans des bâtiments publics comme des écoles.
En majorité, ils ont perdu leurs maisons et la plupart de leurs possessions. Ils ont fui avec seulement les vêtements qu'ils portaient sur eux ce jour-là. Avec l'arrivée de l'été, des hommes, des femmes et tout spécialement des enfants souffrent d'infections dermatologiques dues à la chaleur ainsi que de maladies d'origine hydrique.
De nombreux déplacés souffrent par ailleurs de stress traumatique. Une femme a expliqué qu'elle avait mis du coton dans les oreilles de ses enfants durant le bombardement pour essayer de les calmer. Une autre était si perturbée durant les combats qu'elle a laissé derrière elle l'un de ses enfants quand elle a fui, elle est revenue peu après lorsqu'elle a réalisé sa terrible erreur.
Le principal rôle du HCR, dans le cadre de la réponse conjointe des Nations Unies et dans la phase d'urgence de cette crise, consiste à fournir des abris et d'autres articles de secours, à assurer une aide technique pour établir et coordonner des camps ainsi qu'à assister les autorités locales pour enregistrer les personnes déplacées.
Dans le cadre de ce nouveau déplacement, les Nations Unies à Islamabad ont lancé vendredi un appel de fonds conjoint pour porter assistance aux personnes déplacées s'élevant au total à 543 172 583 dollars, dont moins de 88 524 302 dollars ont été promis à ce jour. Les Nations Unies ont appelé à des contributions urgentes pour le montant restant de 454 648 281 dollars « afin d'aider les personnes les plus vulnérables et les plus affectées pour le reste de l'année 2009 ». Les besoins prévus du HCR pour ses opérations jusqu'à fin 2009 s'élèvent au total à 84 millions de dollars.
Dans les camps, le HCR recherche actuellement à fournir davantage d'auvents pour aider à protéger les personnes contre la chaleur intense qui atteint souvent 45°C. Les personnes déplacées proviennent de la vallée de Swat, où le climat est plus tempéré et, de ce fait, elles souffrent tout particulièrement de la chaleur. Le HCR va établir des abris - servant d'espace commun climatisé - pour les hommes et pour les femmes, avec de l'électricité et des ventilateurs pour permettre aux personnes de se reposer de la chaleur étouffante. Le HCR installe aussi des cloisons autour les tentes pour aménager davantage d'espace privé pour les femmes.
Le HCR construit aussi des cuisines individuelles ou communes dans les camps et fournit le fuel et des rations alimentaires pour que les personnes déplacées puissent cuire leurs propres repas, plutôt que de dépendre des plats cuisinés distribués par le gouvernement.
Cette semaine, le HCR a commencé à distribuer des articles humanitaires essentiels comme des bâches en plastique et des batteries de cuisine à la grande majorité des déplacés vivant hors des camps.
Pour la plupart, les personnes déplacées qui vivent toutefois dans des écoles dépendent de la générosité de la communauté locale pakistanaise. De nombreuses familles vivant à proximité leur apportent de la nourriture et des vêtements.
Parallèlement, de nombreuses installations spontanées continuent à voir le jour, tout spécialement dans les districts de Mardan et de Swabi. Le centre de collecte humanitaire (Relief Bank) établi par le HCR à Nowshera dans la Province frontière du Nord-Ouest reçoit actuellement des articles - donnés par des particuliers - dont des ventilateurs et des habits légers. Le HCR a toujours besoin d'oreillers, de savon, de distributeurs d'eau réfrigérée et de draps.
Pour les personnes déplacées comme Saïd, l'aide locale et celle provenant de la communauté internationale est bienvenue, bien qu'il préfèrerait de toute façon rentrer dans son village.
« Avant de fuir », a indiqué Saïd, « je travaillais dans une usine de 8 heures à 20 heures. Ici je ne fais rien. Nous voulons être dans nos villages. Mais nous ne voulons pas rentrer si la paix n'est pas revenue. »
Par Ariane Rummery et Hélène Caux au Pakistan